Ton père, toujours, puissance sans prétexte car pas de bras où il puisse tomber. Et tout ce qui touche sa peau devient brûlure. [...]
L'homme, la femme, quand le désaxage est en eux qu'ils ne veulent pas corriger, ni faire sauter la trappe où l'on chute à deux. [...]
L'homme. Toujours soudain. Soudain très là, presque trop. [...]
L'artiste. Son odeur voyageuse même quand il quadrille obstinément le même périmètre. [...]
Les enfants du désert. Il y a dans leurs mots des lueurs radioactives, des idées de fronts qui se touchent, des odeurs humides d'iode, de mélèze et de pin, même si tout se passe parfaitement en banlieue citadine. [...]
Qu'est-ce qu'un homme s'il ne peut être une fenêtre profonde, coupée dans le mur, où l'on s'accoude ? S'il n'est le bruit argentin des eaux qui se mêlent au creux de la roche. S'il ne va pas avec l'arôme du café et son bruit, quand il passe et tombe, en nappes lourdes. S'il n'est pas celui qui gravit les hautes pentes, qui connaît les longues coulées de chemin à gravir, et les descend de son pas rapide. S'il n'est pas une démarche résolue dans laquelle s'inscrit le désir de prendre une femme, des femmes, et tout le pays avec, tout un pays herbu, pierreux et obscur en ses eaux cachées. S'il n'est pas celui auprès de qui on dépose ce poids de questions qui fait pencher, qui mange la tête. S'il n'est pas une odeur forte de cuir et de sapin chauffé de soleil, coulant de résine. S'il ne sait pas s'éblouir d'une entaille de lumière et d'un carré d'étoiles serrées comme des grains. Un homme, s'il ne sait pas écrire, dans l'air, sous l'eau, en silence, à Dieu. Un homme s'il ne sait pas offrir son sommeil, cette fugue étrange faite de souffles saccadés, de rejets minuscules, de soupirs étouffés. Un homme qui soit neptunienne plutôt que saturnienne créature.