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Citations sur Un rêve, deux rives (37)

faut attendre les allées et venues de ma grand-mère pour attraper au vol quelques mots : ayefki (lait), aghroum (pain), luzagh (j’ai faim)… Je trouve cette langue douce contrairement à l’arabe. J’y suis plus habituée. La conversation en kabyle résonne à mes oreilles. Je ne suis pas bilingue, mais à force d’entendre la langue, les mots m’imprègnent. La langue de maman est la langue de mon cœur.
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Ce qui est bien en HLM, c’est la taille des logements. J’ai grandi dans un appartement avec cinq chambres. Je pouvais rêver grand. Il y a toujours eu assez de place pour dissimuler, sous le lit et dans les armoires, mes châteaux en Espagne.
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Je ne le sais pas encore, mais la guerre d’Algérie reste une béance dans l’inconscient français. Peut-être font-ils profil bas. Je ne sais que penser. Il semble qu’une chape de plomb bien commode permette à mes parents et aux Français de vivre ensemble. À condition que chacun reste à sa place. C’est une paix schizophrénique et muette. Moi, je veux faire du bruit. Ce n’est pas un réflexe chez moi. Alors, j’utilise les réseaux sociaux comme une catharsis. Je serai tout sauf une victime.
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« Papa, j’ai eu le bac.

— Ça y est ? Tu as les résultats ? Eh bien, je te félicite.
Sa voix est comme éteinte. Il m’a fallu des années pour comprendre que, chez un homme de sa trempe, l’intonation déclinante était le signe de l’émotion.
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Dans mes yeux d’enfant, la méchanceté est la frontière de la normalité, et Malika est gentille. En quelques jours, son statut de vedette du quartier s’impose par son attitude désinvolte et désinhibée. Elle défie les garçons à la bagarre, s’insinue dans les conversations d’adultes, interpelle à tout va. Malika n’a pas de filtre. Elle suit nos pérégrinations estivales ; comme nous, elle est peut-être à la recherche de cette intrépidité qui donne du relief à l’enfance. Malika est handicapée. Normale, mais handicapée.
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Mme Tahar est une femme chaleureuse qui parle mal le français. J’ai le souvenir de ses onomatopées kabyles et de son sourire perpétuel. J’imagine, à l’époque, qu’elle a dissimulé derrière son fichu rouge vif un grand élastique qui tire sur ses traits pour maintenir un sourire figé. Elle a des molaires en or et les montre très fièrement. Elle est curieuse de la vie des autres et je crois bien que c’est sa façon à elle de communier avec le monde, ce nouveau monde qu’est la France.
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Il se prend pour un Algérien, mais ce ne sont que des mots. Il a passé sa vie en France. Tout dans son attitude le rappelle. Regarde, il ne nous a même pas appris à parler la langue ! Toute la journée, il parle des gens civilisés et des autres. Papa se raconte des histoires. »
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Papa est, comme on dit, analphabète. Je n’aime pas ce mot. Il rime avec bête. Comme maman, il ne lit pas. Il écrit à peine, mais de ma hauteur d’enfant, je dois lever la tête pour le voir et l’écouter. Il mesure un mètre quatre-vingts et son charisme dépasse sa taille. Quelque chose chez lui me tétanise, m’impressionne et me défie. Et ce quelque chose, je le vois aussi dans les yeux des autres. À commencer par mes frères et sœurs. Dans les bras de papa, j’ai très tôt saisi ma place. J’étais une privilégiée. Pas l’enfant préféré, non. L’enfant tout court.
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Le racisme français n’existe pas. Ce qui existe, c’est un ensemble de rouages imbriqués les uns dans les autres. Et je suis comme Charlie Chaplin dans Les Temps modernes essayant, désespérément, de freiner un système bien plus puissant que moi. Dans la rue, au supermarché, à l’école, chez le voisin, à la télé, à la mairie, le racisme est partout. Depuis le haut de la pyramide, il ruisselle sur nos têtes et j’apprends à le reconnaître dans les allusions et les non-dits.
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Je n’ai qu’une famille. Je suis la fille de mon père, de son histoire, pas de cet environnement avec lequel je n’entretiens rien de viscéral. Comme les autres enfants de cette Cité, je suis un accident de l’Histoire. À mesure que nous grandissons, nous comprenons très bien pourquoi nous peuplons ces immeubles HLM. Cette forêt de béton nous abrite, nous préservant jalousement des regards curieux du monde extérieur. À moins que ce soit des regards menaçants.
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