On ne peut pas changer ce que nous sommes, lance papa, la main posée sur la poignée de porte. Mais… peut-être qu’on peut changer la façon dont nous traitons les autres.
Dans cette affaire, rien n’a jamais été tout blanc ou tout noir. C’est moi qui avais envie de voir les choses sous cet angle. Or rien n’est jamais simple. Ni les mystères ni les gens.
Ma vie n’avait rien d’un film noir… jusqu’à aujourd’hui.
Car c’est toujours ainsi que ça commence : un détective dans son agence. Des coups frappés à la porte. Et une fille qui lui demande de l’aide.
Notre amitié a pris fin quand tu as commencé à avoir honte de moi.
Il y a un gouffre entre moi et les autres. Je suis incapable de le franchir pour les rejoindre, et je ne sais pas non plus comment les encourager à le faire.
Les murs qui m'entourent sont couverts d'affiches de mes films préférés. Papa me demande souvent comment je fais pour me détendre au milieu de tous ces type à chapeaux qui braquent leur pistolet sur moi en me regardant de travers. Je lui réponds que, de mon côté, je ne comprends pas comment il peut se détendre en faisant du jogging, mais je n'en fais pas toute une histoire pour autant.
Le fait que tu aies eu honte de moi ne faisait pas de moi une mauvaise personne. ça faisait de toi une fille superficielle.
La vie, c’est les deux à la fois, désormais j’en suis sûr. L’ombre et la lumière. Des triomphes et des drames… Le bien et le mal sont partout, tout le temps et chez tout le monde.
Jusqu’à présent, c’était un peu comme ça que j’imaginais ma propre vie. Comme si j’avais toujours vécu dans l’obscurité, invisible et indéchiffrable, avec quelques rares épisodes en pleine lumière. Et j’en étais satisfait, en tout cas, je le croyais. C’est plus facile de vivre dans l’ombre. On n’a aucun mal à s’y cacher.
Quand je suis dans cette pièce, je ne me laisse pas porter par le courant. Je n’attends pas simplement que le temps passe, en comptant les minutes et les heures qui me séparent du moment où je pourrai être ailleurs. Je ne suis pas une ombre tapie dans un coin, occupée à regarder les autres défiler devant moi.
Quand je suis ici, au Herald, j’ai l’impression d’être vraiment là.