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Critique de Matatoune


Julie Heraclès donne une autre voix à la jeune femme photographiée par Robert Capa, le 16 juin 1944, que l'on nomme la “Tondue de Chartres”. En alternant les chapitres qui enchevêtrent le présent de l'arrestation et son passé, une Simone Grivise se raconte et se dévoile, différente de la femme photographiée, dans ce premier roman.

Brins d'histoire

Dans la ville de Chartres, son enfance est assez choyée dans un foyer de commerçants. Sa mère est aigrie par les faillites successives et se réfugie facilement dans l'alcool. Son mari est toujours effacé et subit les invectives incessantes de sa femme. Néanmoins, assez rapidement, Simone découvre que cet homme n'est certainement pas son père. Madeleine, sa soeur, devenue institutrice, est considérée depuis toujours comme la bonne à tout faire de la maison.

Mais la petite Simone bénéficie d'un statut privilégié en intégrant des écoles privées tenues par des religieuses. Pourtant, elle se vit comme une victime, harcelée et dévalorisée. C'est en priant Sainte Bernadette qu'elle découvre la force de se battre. Simone garde une propension à se sentir victime, rejetée, incomprise et toujours mise à l'index.

D'ailleurs lorsque son amie Colette Klein est obligée de fuir les violences antisémites, Simone est incapable d'empathie et vit son départ comme un abandon et même une désertion !

Puis, vint l'adolescence où va s'accélérer toute son histoire!

Simone Grivise très différente de la vraie “Tondue”

Outre que la Simone de Julie Héraclès a une fâcheuse tendance à parler comme une jeune femme d'aujourd'hui, ce n'est pas ce qui m'a le plus dérangée dans ce roman. Néanmoins, dès le début, il est difficile d'adhérer à son propos tant le décalage est prégnant.

L'histoire de Simone Touseau, la vraie “Tondue” de Chartres, a été racontée par des historiens à partir de documents d'archives et de la rencontre des survivants.

Julie Heraclès transforme Simone Touseau, aux positions notoirement fascistes en une Simone Grivise, toujours déçue par les autres, son amour avec Otto, soldat allemand, l'apaisant d'un traumatisme.

Mais, dès 1935, la vraie “Tondue” de Chartres dessine sur des cahiers des svastika (croix gammées). Et, son adhésion au PPF (seul et unique parti nazi français) signifie sa véritable approbation aux valeurs fascistes nazies, et non un compagnonnage de proximité, comme le laisse sous-entendre Julie Héraclès.

Est-ce vraiment important ?

La photo de Robert Capa illustre dans notre inconscient collectif la période trouble de l'épuration à la Libération, ressentie pas l'Extrême droite de l'époque comme une véritable humiliation. Gommer les encagements connus, volontaires et assumés, de Simone Touseau pour servir une Simone Grivise, aigrie, ayant épousé les thèses nazies juste par opportunité et par attirance amoureuse me déplaît fortement !

Et, mettre en avant cette Simone Grivise, c'est à mon sens, estomper pour rendre plus acceptable le parcours de Simone Touseau pour tenter d'effacer les valeurs qu'elle a défendues, revendiquées et mises en pratique dans sa propre ville, selon les recherches des historiens.

C'est aussi mettre en avant, dans notre société du buzz permanent, la Collaboration qui a sévi à une certaine époque. D'ailleurs, en ce sens, le titre est très réussi ! Et comme, l'histoire de Simone Grivise épouse fortement les thèmes actuels (le traumatisme sexuel, le harcèlement, l'abandon, etc.), il est aisé de s'identifier et d'en comprendre son succès.

En résumé

Le roman, Vous ne connaissez rien de moi, est une fiction librement inspirée de la photographie de Robert Capa. Il n'a rien à voir avec la véritable histoire de Simone Touseau, la femme appelée depuis “La Tondue de Chartres”.

Julie Héraclès présente une forme édulcorée, certes bien écrite, même si la manière de raconter sa Simone semble peu crédible. Seulement, son parti pris, en donnant à l'héroïne une nouvelle vie romancée, banalise le vécu des collaborationnistes de la seconde guerre mondiale, c

https://vagabondageautourdesoi.com/2023/08/31/julie-heracles/
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