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Critique de PetiteBichette


Un livre qui fait polémique, l'autrice s'inspire de la célèbre photo de Robert Capa et de la vie de la Tondue de Chartres, Simone Touseau.
Julie Héraclès indique en préambule de son roman qu'il n'a pas vocation à être une reconstitution historique. Elle rebaptise son personnage, ainsi Simone Touseau devient Simone Grivise. Cela a le mérite d'être clair, mais alors pourquoi utiliser cette photo en couverture ? Voilà qui vient inutilement brouiller les pistes.

Julie Héraclès fait de Simone une petite idiote, qui ne comprend pas grand-chose de la politique ni de l'antisémitisme et ne s'y intéresse pas, amoureuse de l'amour, qui aime un Allemand et en tombe enceinte, une histoire qui n'a rien de banale quand elle survient sous l'occupation nazie.
De surcroit, Simone ne fait pas que s'enticher de son Allemand, elle travaille pour la Feldkommandantur en tant que traductrice, la famille invite régulièrement des Allemands à sa table, sa mère ou Simone elle-même dénonce des voisins français qui écoutent Radio Londres, cinq voisins qui seront déportés à Dachau, et dont deux ne reviendront pas.
La vie de Simone s'avère particulièrement romanesque dans la dernière partie de l'ouvrage, pourtant l'autrice n'a que très peu inventé dans le déroulement des faits.
J'ai été dérangée par le fait que Julie Héraclès cherche à nous la rendre sympathique en édulcorant en partie sa véritable vénération pour le Reich, son enrôlement dans des organisations pronazies en cherchant à nous les faire passer pour de la naïveté, de l'ignorance, un peu de hasard, un soupçon d'opportunisme mais pas trop, le hasard fait bien les choses.
La véritable Simone est très tôt attirée par le discours du Führer, rêve d'un chef semblable à Hitler qui remettrait la France dans le « droit chemin », dessine des swastikas sur ses cahiers d'écolière, et adhère au parti PPF de Doriot.
Je n'ai pas bien compris cette volonté de l'autrice de brouiller les pistes ; de nous parler de Simone Touseau en nous narrant la vie de Simone Grivise, probablement pour se protéger d'attaques en justice de descendants de personnes qui se reconnaitraient dans l'ouvrage.
D'ailleurs les précautions de l'autrice n'auront pas suffi puisque Julie Héraclès se voit reprocher par un des descendants des cinq voisins déportés de vouloir réhabiliter Simone Touseau avec son livre, ce qu'elle nie catégoriquement.
Pourquoi ne pas avoir écrit un roman en s'inspirant simplement des faits et en nous racontant la vie d'une autre femme complètement imaginaire ? J'aurais alors beaucoup plus apprécié ce livre.
Un autre point, assez mineur par rapport à ce que je mentionne plus haut, est que le langage, des mots ou des expressions utilisés par l'autrice sont extrêmement actuels, et me sortaient de la possibilité de croire que je lisais une histoire racontée à la première personne censée se dérouler entre le début des années 30 et 1944.
Julie Héraclès m'a semblé hésiter constamment entre deux positions ; soit partir dans une fiction totale (ce qu'elle fait dans la première partie imaginant l'enfance et l'adolescence de Simone), soit dépeindre Simone Touseau telle qu'elle était réellement. Dans cette dernière option il y avait matière à faire un roman formidable avec tous les éléments rassemblés par les historiens, et le double visage de Simone, d'un côté victime dans sa posture de madone à l'enfant sur la photo de Capa, de l'autre ses actes de collaboration. Un livre qui retrace assez bien l'ambiance de l'époque, mais j'ai été gênée par l'ambivalence du récit qui mêle réalité et fiction sans que le lecteur puisse faire la part des choses.
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