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Citations sur L'appel de la steppe (2)

DOJNAA LA CHAMANE

Tu as le visage cuivré de celles Qui gardent les troupeaux Et se battent avec les chiens Qui se prennent pour des loups

Tu parles aux bêtes à la lune au soleil Aux cailloux au fond de l’eau des lacs Au bois mort abandonné sur le chemin A la terre qui respire sous tes pas

La nature est ta sœur ton amie ton amante C’est elle que tu étreins quand tu te roules dans l’herbe C’est elle qui entre en toi quand tu ouvres tes jambes Au-dessus de la rivière où viennent boire les yacks

La rivière te murmure des choses que les autres hommes N’entendent pas attirés qu’ils sont par les mirages De la ville charriant tous les jours ses nuages de fumée âcre Ses travailleurs sans terre et ses paysans sans travail

La steppe est ta maison ton lit ton royaume des songes A la ville la nuit du bitume a remplacé la steppe verdoyante A la ville les télés en HD diffusent toutes le même songe Toi tu veilles pendant que toute le monde dort

Et même quand tu dors tu veilles sur tes rêves Qui ouvrent sur d’autres rêves sur d’autres portes Ton esprit est un mandala coloré et sans fin Où les esprits des morts deviennent des pivoines blanches

Tu voyages au son du tambour et au-delà des yeux Tu es le vent qui fait plier les herbes hautes L’haleine âcre du loup pistant sa proie esseulée Le souffle du cheval écumant dans sa course éperdue

Derrière ton rideau de perles noires dérobant tes yeux Révulsés la vie n’est plus qu’une vision mouvante Un flux d’ombres brûlantes et de lumières glacées Un océan sans bords où passé et futur s’interpénètrent

Parfois tu reviens de si loin qu’on te croit perdue Avalée qui sait par un esprit malveillant On te croit folle et tu souris de bon cœur En redécouvrant la yourte chaleureuse où ronfle le poêle


Et la théière fumante posée sur le poêle Et les beaux coffres en bois peints de couleurs vives Et la porte sacrée ouverte sur le sud Et les deux piliers qui soutiennent la terre et le ciel

Alors tu reprends tes occupations ordinaires Monter à cheval rassembler les troupeaux Dépecer la bête du prochain repas Un mouton bien gras à qui tu offres ta gratitude

Et la vie passe ainsi Entre magie et nomadisme Entre l’hiver si rude et l’été si chaud En compagnie des bêtes des hommes et du ciel océanique.
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VODKA METAPHYSIQUE

Alors voilà on se retrouve autour de la table / On met le café à chauffer et on sort les clopes / Avec leur affreux paquet neutre où s’exhibent / Des poumons encrassés qui sont peut-être les nôtres / Mais on ne s’est pas retrouvé pour ça / Pour un bulletin de santé une promenade au grand air / C’est moi qui tiens le cahier et c’est toi qui parles / Tu me racontes ta Mongolie / Le pays où tu ne pensais pas vivre si longtemps / Vu les températures sibériennes qui règnent là-bas / Que même les ours les plus aguerris regrettent parfois / De ne pas disposer d’une peau d’ours dans leur tanière / Ou tout le moins un petit poêle de fonte comme on en trouve / Dans toutes les yourtes de la steppe Et sur lequel chauffe toujours le thé noyé de beurre de yack / Oui tu me l’as déjà dit cent fois quelle idée de rester en Mongolie / Alors qu’il y a des contrées bien plus confortables / Où on peut se tailler un petit coin de paradis / Les îles caraïbes Hawaï et ses chemises et ses surfeurs / Qui ont toujours vingt ans et de belles dents bien blanches / Ou encore Hong-Kong Macao Taipeh paradis à fric et à putes / Ou bien vraiment / Si on aime les contes de fées / Le Lichtenstein la principauté de Monaco ses casinos / Qui tournent à plein régime comme les moteurs des Lamborghini / Mais tout ça mon ami ce n’est pas toi / Ce n’est pas le genre de pays que tu recherches / Toi qui a grandi à la campagne à la ferme dans l’odeur chaude / Des bêtes qui se serrent l’hiver comme des grosses dames songeuses / Sous le toit piqueté de joncs de l’étable / Et puis à la campagne quand on est gamin et fort en gueule / On fait ce qu’on veut / On soulève les jupes des filles pour voir ce que ça fait / Si c’est bon ou pas de toucher et de lécher / On fait le mariole à conduire des bagnoles sans permis / Et des fois même juste pour s’amuser parce qu’on s’ennuie le dimanche / On dévalise les belles maisons des parigots têtes de veaux / Ou on se débrouille pour voler la carabine du vieux / Et on fait des cartons dans la forêt sur des boites de bière / Qu’on a préalablement vidées de leur contenu / Sinon ce n’est pas drôle de tirer si on n’est pas bourré / Et quand on ne peut rien faire de tout ça / Seulement baguenauder dans les champs comme un cul-terreux / Eh bien mon gars il te reste quand même la nature à regarder/ Les étoiles la nuit à contempler /
Les rivières où tu te baignes quand tu veux / Les vaches les veaux les cochons les couvées / Rien que des belles choses qui sentent bon la paille et le crottin 100% bio comme on dit aujourd’hui dans les supermarchés / Où viennent se distraire le samedi les gens qui ne savent pas où aller / Parce qu’il faut bien aller quelque-part dans cette drôle de vie / Où les chemins ne mènent pas à Rome et encore moins au Paradis / Oui quand tu me parles de ta Mongolie / C’est souvent pour faire ce lien avec la cambrousse de ton enfance / Le pays vrai de ta liberté […]
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