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Critique de jamiK


jamiK
01 septembre 2021
Cet album ne vaut que comme témoignage d'une époque, il a certainement une grande valeur pour son aspect historique, et pour l'histoire de la bande dessinée. Il a été édité en 1930 en album mais paru en feuilleton dans le Petit Vingtième en Belgique dans les années 20. C'était un journal catholique, et autant dire la propagande communiste qu'ils dénonce n'a pas grand chose à envier à la propagande anti-communiste que déploie cette histoire, c'est grotesque, raciste et totalement primaire. On ne peut plus se permettre se genre de bande dessinée de nos jours, et heureusement. L'histoire est “merdique”, il faut bien le reconnaitre.

Pour ce qui est de l'action, et des gags, le rythme est soutenu, c'est sans doute une des raisons de son succès, mais ça a vraiment trop vieilli, je montre le gag de la peau de banane à mes enfants, ils lèvent les yeux au ciel.

Enfin, seul point positif que je retiendrai, et il n'est pas des moindres, c'est le talent d'Hergé pour représenter le mouvement. Il offre quelque chose de nouveau pour l'époque. Chaque représentation de la voiture filant à toute vitesse est une icône de modernité, de dynamisme, qui préfigure l'imagerie populaire du XXe siècle, celle du logo visible partout, l'image qui laisse une rémanence rétinienne, une simple confrontation entre le blanc et le noir qui devient un symbole, une icône moderne, qui se suffit à elle même. S'il faut retenir quelque chose de cette bande dessinée, c'est qu'elle préfigure un nouvel univers pour le rôle de l'image dans la société. Parmi tous les mouvements artistiques de l'époque, celui qu'Hergé a initié n'est pas négligeable, seul le Pop Art en a saisi l'importance, trente ans plus tard. Sans doute que l'idéologie primaire que véhiculaient ces histoires a desservi sa portée.

Hergé, tout au long de sa carrière nous aura proposé des images qui restent à jamais gravées dans les esprits, une simple vignette, souvent très petite, qui est entrée sans prévenir dans le patrimoine, dans notre culture universelle, pensez à la fusée d'On a marché sur la lune, à la matraque dans le hublot de L'oreille cassée, à son fétiche, au sous-marin requin du Trésor de Rackham le Rouge, aux étiquettes des boites de conserve dans le Crabe aux pinces d'or, au signe de Kih-Oskh dans Les Cigares du Pharaon… Je suis sûr que vous avez tous quelques vignettes d'un album de Tintin gravées dans la tête, regardez encore cette voiture de course et vous verrez que vous ne l'oublierez jamais. Hergé, c'est ça avant tout, il est entré dans la culture Pop parce qu'il en est la définition même, le truc que vous n'oublierez jamais, qui devient immédiatement un élément de votre culture.

Hergé est devenu incontournable en démarrant avec des histoires pourtant très douteuses, Tintin au Congo est aussi assez nauséabond, et paradoxalement, on ne semble pas lui en tenir rigueur, car son aura ne tient qu'à quelques petites vignettes innocentes.

Maintenant, contentez vous de lire cette bande dessinée sans lire les textes sans intérêt, juste en vous concentrant sur les contrastes de noir et blanc et sur la simplification du trait, et vous verrez l'essentiel.

Lu dans la version noir et blanc, la colorisation n'a aujourd'hui plus aucun sens, sinon à faire passer Moulinsart Edition pour des bouffons, ou plutôt à "confirmer"… Mais ça, c'est un autre débat…

Je mets une note moyenne, juste parce que je n'aime pas avoir le rappel intempestif “Notez vos lectures” sur ma page Babelio, mais elle ne veut absolument rien dire, vous comprendrez si vous avez lu toute ma critique.
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