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Critique de GeorgesSmiley


Tintin en Amérique est, selon les formules américaines consacrées, la superstar de la collection, le bestseller des Tintin.
Il nous emmène à Chicago, celui des années 30, pour réussir un de ses plus grands exploits : capturer Al Capone et le livrer à la police.
Hélas, à Chicago, à cette époque, la police est corrompue et se retourne contre lui. On le jette dans le lac Michigan, un tueur à gages lui tire dessus depuis un gratte-ciel (comment ne pas penser à l'assassinat de JFK de nombreuses années plus tard à Dallas).
Il ne faut jamais oublier que Tintin est un reporter (aujourd'hui on dirait un journaliste de terrain) et c'est l'Amérique des années trente, tellement différente de la vieille Europe qui défile dans l'album.
La prohibition, le pétrole (la découverte d'une nappe de pétrole avec la ruée concomitante des businessmen et l'expulsion des Indiens), les chemins de fer, le bowling, les gratte-ciels, la publicité naissante (on aperçoit un monument Coca-Cola au milieu d'un cimetière de voitures) et la malbouffe (« la direction a baissé les prix auxquels on nous rachetait les chiens, les chats et les rats qui servaient à fabriquer le pâté de lièvre ») surgissent au fil des planches sans oublier l'industrie de l'enlèvement (on pense à celui du fils Lindbergh).
Tintin ne peut échapper à la découverte du Far West, aux Indiens emplumés (magnifique couverture) et dressés contre lui par le gangster qui a juré sa perte. Il endosse le costume de cow-boy et enfourche son premier cheval, une jument nommée Béatrice, qu'on lui dit très douce, et qui l'envoie valdinguer sans ménagement (« n'auriez-vous pas un cheval qui ait meilleur caractère ? »)
On poursuit notre périple américain (notons que le sol est uniformément vert et concluons-en que le périple évite les déserts ocres pour se cantonner à la Grande plaine) avec tout ce qu'il faut d'explosifs et d'attaques de train. Notons, toujours à décharge de l'auteur, aujourd'hui vilipendé par certains, qu'il ne passe pas à côté des injustices raciales de l'époque (la spoliation des Indiens évoquée plus haut) et les lynchages (« on a immédiatement pendu sept nègres mais le coupable s'est enfui »).
Au passage, Hergé se moque gentiment d'un des grands mythes de l'Amérique d'Hollywood : son détective privé (« hello, voilà votre chien »), à l'efficacité douteuse (« Misérable !... c'est donc vous qui m'aviez volé Mirza !... »), parodie un mauvais Sherlock Holmes aux déductions fantaisistes.
On aperçoit un notable qui ressemble comme deux gouttes de bourbon au futur Rastapopoulos et, déjà, Tintin triomphe comme un héros américain en défilant sous une pluie de confettis. L'heure du retour a sonné ; à bord du transatlantique qui les ramènent en Europe, Tintin et Milou contemplent une dernière fois Manhattan. Notre voyage est terminé, vivement le prochain. On me dit que nous irons en Orient, préparons-nous à de nouvelles aventures.
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