AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lolsse73


L'anachronisme graphique ! Longtemps je me suis demandé ce que « Les Cigares du Pharaon » venait faire entre « Tintin en Amérique » et « Le Lotus Bleu ». La réponse, est simple. Paru en 1934, il n'a été modernisé qu'en 1955, c'est à dire juste avant la parution de l' « Affaire Tournesol» . Ceci explique cela … .

Mais surtout, l'histoire ,elle, est désormais nettement plus complexe, même si elle présente parfois quelques coïncidences chanceuses ! le titre, aussi, est plus complexe. Finis les Soviets, le Congo, l'Amérique. Là, on se demande bien de quoi retournent ces cigares du Pharaon, distribués au compte goutte au fil de l'histoire et évoqués finalement … planche 61 !

Tout commence (encore) par une croisière, illustrée par la mauvaise carte ! Tintin ne fait pas le tour de la Méditerranée, mais file bel en bien vers Shanghai par le Canal de Suez. Rapidement, Hergé va poser des personnages que l'on retrouvera plus tard, au gré des albums : Rastapopoulos (entraperçu en Amérique) est déjà méchant (puis gentil, mais on n'est pas dupes !). Allan le capitaine de navire ne semble pas meilleur. Les Dupondt, également déjà aperçus, sont, cette fois, au coeur de l'histoire. Et leur rôle comique est clairement annoncé, lancé par la scène de la grenade planche 22. Il y en aura tant d'autres ! Enfin Oliveira de Figueira vient, comme il le fera plus tard, saupoudrer le monde de Tintin sans réellement disposer d'un rôle particulier. Mais c'est aussi ça, l'univers Tintin : des gens qui ne servent pas forcément à grand-chose, mais qui décorent si bien les histoires !

Et puis, Les Cigares du Pharaon, c'est d'abord un album d'aventure qui glisse sur les traces d'une société secrète, de son emblème mythique et du trafic international. On parcourt l'Egypte évidement, mais également l'Arabie, la Mer Rouge et, surtout, les Indes. Encore des contrées qui font rêver les lecteurs européens des années 30. Et au milieu de tout ça, cette colorisation tardive propose de très belles scènes. J'ai particulièrement aimé la ville arabe où Tintin se retrouve condamné à mort, la très champêtre jungle indienne où un orage nocturne éclate en pleine soirée coloniale, ou bien encore la mystérieuse réunion du « Ku Klux Klan » local sous le palais du Maharadja. Ca, c'est de l'aventure, indiana Jones n'est pas loin !

Les dialogues et les situations se sont franchement améliorés. Et Milou, ça va de soit, ne participe plus vraiment, en paroles, à l'histoire. du coup, l'album se lit moins rapidement, tant on prend le temps d'apprécier l'enquête et le détail des dessins. Les personnages sont mieux travaillés et certains styles commencent à apparaitre. On peut citer l'écrivain Zlotsky à qui d'autres intellectuels ressembleront par la suite. Ou bien encore le savant Philemon Siclonne, sorte de Tournesol avant l'heure, précurseur de scientifiques farfelus que Tintin croisera plus tard.

En clair, un bien bel album qui, comme d'autres, se prolonge par une suite directe en Chine, et qui pose déjà pas mal de jalons tintinesques.
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}