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Critique de thomassandorf


En pleine force de l'âge, Charles est victime d'un grave accident de voiture en plein reportage au Liban. Rapatrié à Paris, il essaye de survivre et de se reconstruire.

Charles est un jeune homme plein de contradictions : tenace, entier, rude mais aussi introspectif, romantique voire fleur bleue (il tombe pas mal amoureux des filles qui passent). Quoiqu'elles rendent difficile pour le lecteur de le cerner véritablement, les lignes de force de cette psychologie complexe en font aussi l'intérêt.

Son histoire commence un peu avant son accident, mais on comprend très vite, que tout part de cette voiture renversée, avec le cadavre de son ami sous les étoiles et l'odeur de l'essence qui l'environne. Après tout s'enchaine, l'hopital, avec ses sondes, ses tranquillisants, ses nuits d'angoisse.

Charles n'est pas qu'un accidenté de la route. Ses douleurs viennent de plus loin. Blessé par un père absent, affecté par une récente rupture amoureuse, ses nerfs sont à vifs (au propre comme au figuré).

Il se bat comme il peut contre les « sumos » qui écrasent sa chair dans la nuit. Rien ne nous est épargné de son combat. Il en parle avec honnêteté et une certaine ironie, peignant un pitoyable pantin rageant de perdre la face à cause de ses muscles qui le lâchent.

Ici le héros est triste. Pourtant quelques alliés sont à ses côtés, sa mère, ses amis, les soignants ou encore ce gamin tétraplégique et un peu trop bravache. Il doit être beau gosse malgré tout, Charles, car les filles tombent dans ses bras, elles qui cherchent obstinément à lui rendre sa virilité.

Si le corps petit à petit se reconstruit, il semble que quelque chose en lui restera brisé. Il a des désirs d'absolu que la réalité parvient toujours à tuer. Alors que faire pour ne pas se laisser « dissoudre dans son fauteuil » ? Une fois remis sur « pied », Charles rejoint une ONG et s'envole en Afghanistan pour un reportage, comme un ultime défi à la vie, à la mort aussi.

Une histoire qui se lit vite grâce à une écriture fluide. La première partie nous plonge au coeur de la douleur, presque comme un reportage, sans pathos et sans fards. Grâce à ce monologue intérieur, le lecteur éprouve l'amertume, l'enfermement, la panique, la colère aussi.

"S'il m'arrive un jour de retrouver toute ma force, j'irai mettre mon poing dans la gueule de son père. de sa mère, aussi, au nom de l'égalité des sexes."

Ouvrage peut-être le plus personnel de Franck Hériot, Champs de bataille a un énorme mérite : son authenticité. Des fulgurances hilarantes viennent parfois agiter les zygomatiques du lecteur. Peut-être le texte aurait-il gagné en densité et en efficacité avec des coupes. Mais Charles est comme un ami, on l'accepte tel qu'il est ou alors on referme le livre et on part.

Thomas Sandorf

Merci à #NetGalleyFrance et aux Editions du Rocher pour cet accès à #Champsdebataille.

Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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