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Critique de Cannetille


En 1785 à Londres, le capitaine de l'un des navires du marchand Hancock rentre avec une sirène pêchée en mer de Chine. La créature fait sensation et, du même coup la fortune du négociant. Pris dans un tourbillon mondain, Hancock fait la connaissance d'Angelica Neal, belle et riche courtisane néanmoins sur la brèche depuis la mort de son protecteur. Leurs deux situations pourraient bien trouver avantage à se rapprocher, si l'influence de la sirène ne menaçait de folie un entourage dévoré par l'ambition et la convoitise.


Si ce n'est pour sa créature chimérique, cet ouvrage pourrait aisément passer pour un roman historique, tant son évocation du Londres du 18e siècle prend corps pour nous transplanter dans une sorte d'entre-deux de la société georgienne. On y côtoie marchands enrichis et demi-mondaines ambitieuses, occupés à se hisser sur l'étroite arrête glissante qui sépare les deux versants d'une société clivée entre fange populaire et luxe aristocratique. Leur aspiration à s'élever les entraîne dans une vertigineuse course au paraître, où les chutes sont fatales et retentissantes. Quand l'ostentation et le faste font tourner les têtes dans un tel vent de folie, quoi de plus merveilleux que de s'afficher l'exclusif propriétaire d'une curiosité légendaire ? Cette mystérieuse sirène, que l'on comprend vite le symbole de la prétention et de l'avidité humaines, risquera pourtant de perdre ceux qui l'approchent. En attendant, comme l'illustre parfaitement son titre français un rien « lafontainien », le récit se transforme grâce à elle en une jolie fable symbolique, légèrement teintée de fantastique.


Les jolies écritures de l'auteur et de son traducteur contribuent largement au charme de ce texte. Peu importe si chaque rebondissement se laisse assez aisément pressentir et si certains protagonistes semblent peut-être parfois manquer un peu trop de clairvoyance. Ce roman original, qui prend le temps de camper ses personnages dans une ambiance soigneusement étudiée et indéniablement réussie, laisse sur son lecteur une impression durable d'enchantement et de poésie.


Pour finir, mention spéciale à l'étonnant et agréable toucher velouté de la luxueuse couverture, reproduction d'un des superbes textiles conservés au Victoria and Albert Museum de Londres.


Merci à Babelio et aux Editions Belfond pour cette belle découverte.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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