AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pecosa


Pecosa
09 septembre 2019
Le 10 mars 1920, à dix heures du matin, dans la mine mexicaine d'El Bordo, le travailleur Delfino Rendón lance l'alerte. Un violent incendie s'est déclaré. On tente d'évacuer les hommes qui travaillent sur dix niveaux. Les administrateurs nord-américains décident que la seule mesure à prendre pour éteindre l'incendie est d'en fermer les accès, et ce malgré la présence de travailleurs coincés à l'intérieur, pensant que de toute façon, ils devaient déjà être morts.
Une semaine plus tard, voyant qu'il n'y a plus de fumée, on ouvre la mine pour évaluer les dégâts. On n'y trouve pas 10 victimes, comme on le pensait, mais 87 cadavres, et 7 survivants qui avaient lutté pour leur survie quasiment sans oxygène, sans eau, sans nourriture. Une enquête est menée par les autorités du district sur les causes de l'incendie et les dispositions prises par les administrateurs du site. L'affaire est classée, les morts oubliés. Fin de l'incident.

Le romancier Yuri Herrera ( Les travaux du Royaume), met de côté la fiction romanesque et se fait journaliste pour lutter contre l'oubli, l'indifférence face à ce qu'il considère comme un crime. Presque cent ans plus tard il se livre à un travail de détective, parcourt les articles de journaux, les rapports officiels, les archives, analyse scrupuleusement le déroulement des faits d'après les sources dont il dispose. « El silencio ne es la ausencia de historia, es la historia occulta bajo una forma que es necesario descifrar ».
El incendio de la mina El Bordo est une enquête minutieuse à la recherche de la vérité, un livre percutant et concis (133 pages factuelles) sur une affaire classée, sans coupable désigné, avec des familles de victimes oubliées, à peine indemnisées. Au Mexique, dans les années 20, l'impunité et la justice à deux vitesses étaient déjà une réalité, et la vie de 87 travailleurs pauvres ne valait rien, et surtout pas la condamnation de riches propriétaires et de d'administrateurs "respectables" .
Commenter  J’apprécie          655



Ont apprécié cette critique (59)voir plus




{* *}