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Critique de gouelan


Harry est mécontent de sa vie, il la trouve plate et vide. Il ne trouve pas sa place entre le bourgeois et le loup qui sont en lui ; entre esprit et instinct. Lucide et intelligent, il ne supporte plus l'homme et la société moderne, il a un regard cynique sur le monde qui l'entoure, il dénonce la vacuité de l'existence, les plaisirs puérils auxquels se vouent les hommes, l'abandon des valeurs.

Il s'isole pour gagner son indépendance, pour ne plus faire partie de cette meute. Mais, sa solitude devient sa condamnation. Comme un loup a besoin de la meute pour vivre, l'homme ne peut pas vivre seul. Il ne peut pas se passer du côté bourgeois qui est en lui, de son confort, de la chaleur humaine. Il ne renonce donc pas facilement à la compagnie des hommes.
Il se livre à une lutte quotidienne pour trouver son équilibre entre le loup et le bourgeois. Grâce à sa rencontre avec Hermine, il chemine sur la route des plaisirs et des joies oubliées. Lui qui dénonce la vacuité de l'existence, l'abandon des valeurs, va reprendre, pour un temps, goût aux plaisirs simples.

Pourtant son opinion ne change pas, il sait que ces occupations ne sont qu'illusions, leurres. Elles servent à tromper l'ennui, à s'éloigner du bord du gouffre, à ne pas se morfondre.

« Pour celui qui veut de la musique au lieu du bruit, de la joie au lieu du plaisir, de l'âme au lieu d'argent, du travail au lieu de fabrication, de la passion au lieu d'amusettes, ce joli petit monde-là n'est pas une patrie… »

Pour échapper à cette mélancolie, il a une issue de secours, la mort.

« L'idée que le chemin de la mort lui était accessible à n'importe quel moment, il en fit comme des milliers de ses semblables non seulement un jeu d'imagination d'adolescent mélancolique, mais un appel et une consolation. »

Nous mourrons tous, ce qui rend la vie plate et bête, alors pourquoi se battre pour un idéal, la lutte semble vaine et sans espoir. Et pourtant , c'est la crainte de la mort qui rend la vie plus belle et plus précieuse, et qui vaut la peine qu'on se batte pour la rendre plus acceptable, plus digne.

Harry doit s'habituer à ne pas systématiquement critiquer la vie, mais apprendre à écouter, prendre au sérieux ce qui en vaut la peine, et rire du reste. Il vénère de grands hommes, des poètes, des grands penseurs, des musiciens, qui comme lui, ont souffert de leur lucidité face à ce monde frivole et violent à la fois. Mais il peut aussi trouver du plaisir parmi les hommes et femmes de la masse populaire, les plus faibles, les moins instruits.

Certains hommes savent saisir les moments de bonheur quand ils passent, ne s'empoisonnent pas l'esprit de pensées mélancoliques, ne cherchent pas à faire de leur vie des moments héroïques. Ils privilégient leur côté Nature.

Nous sommes tous des poussières d'étoiles, rien d'étonnant à ce que notre moi soit « un petit ciel constellé d'astres », aucun de nous n'est noir ou blanc. Ce chaos intérieur est une richesse, il nous permet de chercher un équilibre, entre le bien et le mal.

Les années qui ont suivi l'écriture de ce roman nous ont démontré que la société a sombré dans le mal, les hommes n'ont pas su utiliser toutes les facettes de leur personnalité. le côté sauvage et barbare a fait surface. L'homme n'était même plus un loup, il s'est montré bien plus cruel.

Roman initiatique, philosophique qui nous entraine au plus profond de notre être. La société des hommes engendre beaucoup de Harry, de loups des steppes, en mal de vivre, au bord du gouffre.
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