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Critique de le_Bison


Après bien des années d'errance et de spiritualité douteuse, il fut un temps où mon âme et mon corps eut besoin de se recueillir dans un monastère. A l'ombre d'un grand châtaigner, les saisons défilent dans une quiétude toute particulière. Les moines prient, les enseignants enseignent et les moinillons font le mur pour se taper la gueuze au village d'à côté. C'était il y a bien longtemps, genre ère moyenâgeuse. Mais l'esprit n'ayant que faire de ces considérations temporelles ou mystiques, il tourne les pages de ce divin bouquin, d'un auteur qu'il a appris à aimer avec parcimonie. C'est donc en m'enfermant dans ce monastère, loin de toute tentation divine, pour la boisson on utilise les vieilles méthodes à savoir soigner le mal par le vin c'est divin, que je compte me ressourcer et entretenir une discussion intime et engagée avec mon esprit. Quel état d'âme que de vouloir ainsi se flageller pour essayer de s'élever spirituellement. La tentation spiritueuse est bien trop grande, les blondes allemandes bien trop tentantes. Alors mon esprit s'égarera volontiers avec Goldmund et Narcisse. L'un sera futur moine, futur abbé, futur pape peut-être, l'autre juste un étudiant abandonné aux portes de ce monastère pour lui permettre de rentrer dans les ordres.

Mais, le vouloir ne suffit pas. Il faut y être destiné. Et Goldmund a visiblement, avec ses boucles blondes aussi dorées qu'une pinte de Paulaner, d'autres desseins. Narcisse, son maître, petit scarabée un jour tu deviendras grand, le révèle à lui. Il n'est pas fait pour les ordres. S'ensuit alors une longue errance de pauvreté, de marche, et de baise. Oui, tu as bien lu, ton esprit ne s'égare pas dans de vils fantasmes. Goldmund a la passion, celle des femmes, des grosses, des belles, des laides et des paysannes, des vierges et des peu farouches. Il les aime toutes, à part égale, et ne s'égare pas dans les détails des mensurations. Il prend son pied, avant de reprendre la route. Les seins son dessein.

Quoi ? Ce ne serait pas ça la morale de l'histoire immorale. Désolé mais je ne philosophe qu'après la seconde pinte, et comme j'ai cassé ma bouteille dans le frigo de ma cellule de méditation, je me laisse plus guidé par le cheminement de Goldmund que par la compréhension de son patrimoine familiale, à savoir que la conduite de Goldmund est due à l'absence de figure maternelle dans ses souvenirs d'enfance. Comme tout Hemann Hesse, derrière l'histoire romancée, se cache de quoi méditer sur sa propre condition et sur ses errements et ceux de ses semblables.

Parce que lorsque Goldmund multiplie les frasques sexuelles dans les étables, les chambres de domestiques ou les suites de châtelaines pubères et encore vierges pas pour longtemps, il découvre l'art. La sculpture en particulier d'une statue d'un saint dont j'ai oublié son nom entre deux seins qui illuminera son chemin. Goldmund deviendra sculpteur pour reproduire ainsi l'aura et la lumière que Narcisse a su illuminer dans sa vie et sa voie. Les seins son dessin.

Sa tâche achevée, se pose l'éternelle question du recommencement. le chef d'oeuvre terminée doit-il le pousser à s'abaisser vers d'autres basses besognes ou reprendre la route. Une question que chaque être humain se pose. Se contenter de ce que l'on a ou partir découvrir de nouveaux horizons, de nouveaux culs ou de nouvelles raisons d'aimer. La longue errance reprend son chemin, et avec elle les horreurs de la peste, de la mort, des massacres, d'une vie de bison. Ainsi va la vie humaine et ses errements bestiaux. Mais si Goldmund peut compter sur la présence de Narcisse, sur qui moi puis-je compter pour trouver ma voie ?
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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