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Critique de Aela


Evelyne Heyer est spécialiste en anthropologie génétique.
Dans ce livre elle montre comment on peut utiliser les données génétiques pour retracer l'histoire des populations.
Grâce à l'ADN nous savons que notre origine à tous est africaine, que nous sommes identiques génétiquement à 99,9% et qu'il existe peu de différences génétiques liées à notre origine géographique.

L'étude de l'ADN va permettre de mettre en lumière différentes phases de migrations dans l'histoire humaine et la manière dont les différents continents se sont peuplés.
La plus vieille séquence ADN étudiée à ce jour date de 400 000 ans. Elle a été extraite des restes humains retrouvés à la Sima de los Huesos, au nord de l'Espagne.
Grâce à la précision donnée par les derniers outils en génétique (étude de l 'ADN des populations par des prélèvements de salive ou de sang ou étude des ADN dégradés dans les vestiges archéologiques) la génétique des populations devient une science de plus en plus précise.

Les chercheurs ont ainsi pu estimer à 5 à 6 millions d'années le nombre d'années écoulées depuis la divergence entre l'homme et le chimpanzé.

Nous savons maintenant que Homo Sapiens a quitté l'Afrique il y a environ 70 000 ans et qu'il a migré vers l'Eurasie. Au cours de cette grande odyssée il y a eu des rencontres avec d'autres espèces humaines disparues depuis, comme Nénadertal au Proche-Orient et l'Homme de Denisova en Asie centrale.

Les rencontres ont permis un apport génétique nouveau: ainsi il a été établi que les populations d'Eurasie présentent 2% d'ADN de Neandertal... Ce "croisement" des espèces a été limité mais a eu un effet durable et a permis par exemple une meilleure adaptation au climat.

Les dernières découvertes sont parfois surprenantes et peuvent aller à l'encontre des idées reçues: ainsi on arrive à montrer que les Européens (exemple observé avec d'anciens habitants des îles britanniques) ont gardé longtemps une peau foncée, vestige de l'origine africaine, certes, mais aussi due à l'absorbtion d'aliments riches en vitamine D, ce qui colore la peau...

De même au fur et à mesure que se développe l'élevage d'animaux, une mutation dans les gènes va apparaître et qui va permettre une meilleure digestion du lactose.
La peau claire, adaptation au froid et qui permet une meilleure fixation de la vitamine d'va être due également à une mutation de gènes, tout comme les yeux bleus, le gène donnant cette caractéristique apparaissant il y a environ 40 000 ans.

L'auteure va prendre plusieurs exemples de peuplements et retracer l'évolution génétique qui va de pair souvent avec une évolution culturelle parfois due à différentes vagues migratoires.
L'exemple de l'Amérique est à mon sens l'exemple le plus frappant dans ce livre: ainsi on peut observer d'un point de vue génétique l'effet des "taux de métissage" très contrastés en fonction des lieux.
Ainsi dans les parties d'Amérique colonisées par les Espagnols, les colonisateurs, essentiellement des hommes ont eu des descendants avec des femmes autochtones. Ce qui se retrouve au niveau génétique: dans de nombreuses populations amérindiennes le chromosome Y est d'origine européenne alors que l'ADN mitochondrial (légué par la mère) est amérindien.

Les phénomènes de migrations sont analysés d'une manière intéressante et il apparaît que ces migrations ont contribué à la diversité génétique de nombreuses populations, diversité importante pour la survie des espèces.

Le livre est un très bon ouvrage de vilgarisation, c'est à la fois un livre d'Histoire et de science qui nous permet de revisiter les grandes phases de l'histoire de l'humanité.
Les exemples sont nombreux et très bien expliqués.

Un dernier chiffre pour mesurer la puissance de l'outil génétique actuel: on estime maintenant que le premier ancêtre commun généalogique commun à toute l'humanité daterait de seulement 3 000 ans.
Finalement c'est assez peu...


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