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Critique de Presence


Une saveur différente dès le premier tome
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Ce tome est le premier d'une série indépendante de tout autre. Il regroupe les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2021, écrits par Kyle Higgins, avec la collaboration de Cherish Chen pour l'épisode 6, dessinés, encrés et mis en couleurs par Marcelo Costa pour les épisodes 1 à 4. Rod Fernandes a apporté son assistance à la colorisation pour l'épisode 4. L'épisode 5 a été dessiné et encré par Eduardo Ferigato, et mis en couleurs par Natália Marques. L'épisode 6 a été dessiné et encré par Darko Lafuente, et mis en couleurs par Miquel Muerto. Les couvertures ont été réalisées par Costa. le tome se termine avec la reproduction de 46 couvertures variantes, à raison de 4 par page.

Nathan Burnett est au volant de sa voiture, en pleine conversation, au téléphone, avec son banquier. Celui-ci répond à chacun de ses arguments qu'il ne peut pas lui accorder de crédit supplémentaire, que Nathan est déjà au maximum de ses cartes de crédit, et de son taux d'endettement. Il a beau argumenter qu'il est tout près d'obtenir une avance d'un beau montant sur le livre qu'il est en train d'écrire, son conseiller bancaire ne peut rien faire pour lui. Après avoir raccroché, Nathan se rend compte qu'il a épuisé toutes ses possibilités et se met à verser quelques larmes. Ses clients s'apprêtent à monter à l'arrière, mais lui demandent s'il est en mesure de réaliser la course pour laquelle ils ont payé sur l'appli Drivr. Il répond que tout va bien et qu'ils peuvent monter. Une semaine plus tard, Nathan est rentré habiter chez ses parents à Lockport dans l'Illinois. Il est accueilli à bras ouverts par ses parents. Son copain Marshall est également très content de voir revenir, et le salue alors que Nathan sort ses cartons du coffre de sa voiture pour les amener dans sa chambre.

Le soir, Marshall invite Nathan au bar du coin. Ce dernier raconte à son copain qu'il ne sait pas trop quoi faire. Ses dettes s'élèvent à trente-huit mille dollars. Il n'a jamais dépassé les premières lignes de l'écriture de son livre. Il ne peut pas avouer à son père, qu'il est parti à Los Angeles pour devenir le prochain Raymond Chandler, et qu'il a tout raté. Marshall lui fait remarquer que Chandler est mort ivre et sans le sou. Il est tard dans la soirée quand ils sortent du bar, et Marshall titube un peu. Il neige doucement. Alors qu'ils s'apprêtent à monter dans la voiture, Nathan remarque une petite sphère noire avec un anneau argenté, flottant dans les airs au-dessus de la voie ferrée. Il la touche et la sphère déploie des vrilles noires d'énergie, puis elle fusionne avec lui au niveau de son torse. Lorsque la noirceur se dissipe, il est habillé d'un costume juste-au-corps, noir et blanc, avec un casque recouvrant toutes la tête, sans ouverture pour la bouche. Marshall tapote du poing sur le casque qui est bien solide. Nathan sent qu'il va vomir, il se penche et une ouverture se forme au niveau de sa bouche lui permettant de cracher sa bile. Deux policiers arrivent pour s'enquérir de ce qui se passe, en leur demandant de s'écarter de la voie ferrée car un train arrive. Marshall refuse.

Pas sûr que l'enthousiasme du lecteur soit très élevé à l'idée de commencer une série de superhéros de plus. En fait, DC et Marvel sont les deux principaux éditeurs de superhéros aux États-Unis : leurs séries ne sont pas parfaites, mais quel est l'intérêt d'encore une autre série de superhéros qui reparte de zéro, sans le bénéfice de la richesse d'un univers partagé ? Il y a bien sûr eu quelques exceptions : la plus fameuse est la série Invincible de Robert, Kirkman, Cory Walker et Ryan Ottley, avec une riche saga de 144 épisodes. Sans surprise, le responsable éditorial y fait référence en quatrième de couverture pour mettre l'eau à la bouche du lecteur potentiel. Sans surprise, ils font également référence à la série comics des Mighty Morphin Power Rangers, également écrite par Higgins à l'époque. D'un autre côté, Kyle Higgins est un scénariste assez régulier et agréable à lire. Les dessins sont dans un registre descriptif, avec des formes légèrement simplifiées et agréables à l'oeil, un niveau de détails assez élevé et assez régulier, et une mise en couleurs séduisante, alors pourquoi pas ? le premier épisode présente le personnage principal, son meilleur ami. Il acquiert ses pouvoirs dans le même numéro, et Radiant Red sur la dernière page est certainement son ennemi. Rien de révolutionnaire, mais un personnage principal agréable, une situation de jeune adulte en situation d'échec professionnel, et un ennemi qui vole des banques (bon, pas très original, voire limite ringard pour ce dernier point).

C'est parti : la narration visuelle est agréable à l'oeil, avec une vague évocation manga pour les épis de la coupe de cheveux de Nathan, et l'utilisation de ligne de vitesse quand Radiant Black s'élance en avant. Nathan apparaît comme un homme plus dans sa vingtaine que dans sa trentaine, avec une énergie de jeune homme, mais aussi des expressions de visage attestant d'un mal-être compréhensible du fait de son échec de projet de devenir écrivain, et ses dettes qu'il ne se voit pas avouer à son père. Il s'habille de manière simple et décontractée, ce qui est en cohérence avec sa situation et son caractère. Marshall présente un caractère plus affirmé, en particulier parce qu'il est plus prompt à répondre du tac au tac, en particulier à toute personne représentant l'autorité, comme des policiers par exemple. Il s'habille lui aussi avec des vêtements décontractés. Les parents de Nathan portent les marques du temps sur leur visage, sans exagération. L'artiste a conçu un costume de superhéros très classique, en jouant sur le noir & blanc, avec un casque comme les Power Rangers. le lecteur comprend avec la dernière page du premier épisode que ce design présente l'avantage de pouvoir être décliné avec des couleurs comme les Power Rangers. Les décharges d'énergie sont prises en charge par le coloriste sous forme d'effets spéciaux très pétants.

Le lecteur remarque que l'artiste privilégie les traits de contour un peu fins pour détourer les formes, avec parfois une épaisseur plus appuyée pour ajouter un peu de relief. Il apprécie qu'il prenne le temps de représenter les décors en arrière-plan avec une bonne régularité, et qu'il sache les rappeler en toile de fond sous forme de camaïeu rappelant leurs axes principaux. Il note que le dessinateur doit utiliser un logiciel de modélisation 3D pour obtenir des formes très nettes et un peu géométriques. le lecteur peut ainsi se projeter devant un pavillon de banlieue résidentielle, dans un bar calme et spacieux, le long des rails de la voie ferrée traversant la ville de Lockport, sur le toit conique d'un silo à grain, en survol du centre-ville de Chicago avec ses gratte-ciels, dans la modeste cuisine des parents Burnett, dans une grande libraire aux rayonnages interminables, sur la voie d'arrêt d'urgence d'une autoroute, au milieu d'arbres faméliques (manquant de substance et de crédibilité) dans une zone boisée, etc. Les combats physiques sont spectaculaires, avec la mise en valeur du pouvoir de vol autonome, des décharges d'énergie et des coups de poing et de genou. le lecteur se dit que la différence esthétique n'est pas si notable que ça en passant à l'épisode 5 et à un autre dessinateur. Eduardo Ferigato parvient à conserver la saveur de la narration visuelle de Marcelo Costa. La différence est plus notable pour l'épisode 6 avec des dessins plus aérés et une mise en couleurs avec des teintes moins vives. D'un autre côté, c'est cohérent avec la nature de cet épisode, puisqu'il se focalise sur Radiant Red et son origine, laissant de côté Radiant Black.

Au bout de quelques pages du premier épisode, le lecteur se prend au jeu de suivre ce pauvre jeune homme à la vie peu engageante, contraint de revenir habiter chez ses parents et de faire le taxi par le biais d'une appli. L'acquisition de ses pouvoirs repose sur un coup de chance, sans besoin d'une démonstration de courage de sa part. Il ne cherche pas à se battre contre Radiant Red qui a pillé une banque, mais juste à le retrouver pour savoir s'il en sait plus sur leurs pouvoirs. Il essaye de faire un bon usage de ses pouvoirs, en réalisant des bonnes actions, pas toujours de manière habile. Puis à la fin de l'épisode 4, le scénariste change un élément fondamental de son intrigue de manière organique, laissant le lecteur étourdi. Ce dernier se dit que la suite promet d'être différente et c'est le cas. Puis vient le dernier épisode dans lequel Higgins présente l'identité civile de Radiant Red jusqu'à temps que cette personne acquiert son pouvoir, et là encore ce n'est pas ce que croyait le lecteur. Il laisse également planer la menace d'un autre individu disposant de pouvoirs similaires avec des intentions pour le coup vraiment destructrices, et Nathan est en contact à deux reprises avec l'entité qui lui a conféré ses pouvoirs. Autant de mystères qui accrochent le lecteur qui se dit qu'il reviendra pour le tome 2.

Encore une nouvelle série de superhéros indépendant. Scénariste et dessinateurs effectuent un solide travail de bons artisans, contentant le lecteur avec un premier tome agréable, sans être révolutionnaire. le dessinateur principal sait insuffler un réel dynamisme à a narration visuelle, et le scénariste prouve qu'il n'est pas là pour rentrer dans le train-train classique d'un superhéros affrontant ses ennemis mois après mois.
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