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Critique de Papillon


A l'automne 1895, Isaac quitte sa Pologne rajani.jpgnatale et s'embarque avec sa jeune épouse Esther pour la Palestine. C'est l'Alya : l'exil vers la Terre promise. Mais l'arrivée en Palestine va se révéler très décevante. D'abord Esther est une femme froide et prétentieuse, distante et frigide. Ensuite, la Palestine est une terre aride, inhospitalière bien peu propre à la culture. Isaac cherche en vain une propriété à acquérir pour y exercer ses talents d'ingénieur agronome. Jusqu'au jour où il découvre le domaine Rajani, luxuriante propriété couverte d'orangers. En l'absence du maître, toujours en voyage pour ses affaires, c'est Madame Rajani qui gère le domaine et élève un fils que d'aucuns trouvent un peu demeuré. Salah est un enfant solitaire et rêveur, à la fois chétif et créatif. Isaac comprend vite que pour mettre un pied dans le domaine, il faut passer par la mère, et que pour amadouer la mère, il faut séduire le fils. Il s'y emploie et il y réussit à merveille : Salah adore son nouvel ami, baptisé Ange Bienfaisant qui le comprend, l'amuse et le sort de lui-même. Devenu un familier de la maison, Isaac ne tarde pas à devenir l'amant de la mère. Mais le retour du père remet tout en question…


Le récit se tisse à deux voix : d'un côté le journal intime d'Isaac, de l'autre les carnets de Salah, qui mêlent fantasmes, rêveries et réalité. Quand le père meurt, d'une maladie aussi soudaine que brutale, les deux récits commencent à diverger. Isaac se présente comme le protecteur de la veuve et de l'orphelin, offrant son aide pour la gestion du domaine et son embellissement. Mais pour Salah, il devient l'Ennemi, complice de la mort du père, voleur à la fois de la mère et de la terre. Salah est habité par des visions qui annoncent l'invasion de la Palestine par les Juifs et la fuite des Arabes.


Ce roman évoque un thème à la fois passionnant et sensible, puisqu'il remonte à l'origine des liens complexes que nouent depuis plus d'un siècle les Arabes et les Juifs sur la terre de Palestine, et ce, bien avant la création de l'état de l'Israël. A ce titre, le récit à deux voix est une idée de génie puisqu'il met en évidence les deux versions irréconciliables d'une même histoire. Malheureusement, je n'ai pas du tout adhéré au style, aux deux styles en fait, puisque chaque narrateur a sa propre voix : style un peu suranné de la part d'Isaac, et très onirique de la part de Salah. J'ai très vite trouvé Isaac très déplaisant, avec sa façon de ne jamais nommer la mère de Salah (qui est pourtant sa maîtresse) autrement que "la femme arabe", de considérer l'ensemble des travailleurs arabes du domaine comme des paresseux pétris de superstitions (il s'empresse d'ailleurs de les remplacer par des ouvriers juifs) et surtout de traiter le jeune Salah avec la plus grande hypocrisie. Et j'ai tout autant été agacée par le côté shakespearien du roman où Salah, tel Hamlet, est visité par le spectre de son père qui lui désigne ses assassins et réclame la vengeance ! Mais ce que j'ai trouvé particulièrement insupportable, c'est la traduction. Dans les carnets de Salah, Isaac (dont je rappelle qu'il est juif polonais) est rebaptisé Jacques, parle français et paie en francs ! Pour moi, c'est un contresens absolu, qui ôte toute crédibilité au roman.
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