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Critique de ebardin


Silas, lycéen, vit une belle histoire d'amour avec Astrid, une jolie rousse. Jusqu'au jour où elle est percutée par un camion et passe pour morte. Afin de ne pas souffrir, Silas est oblitéré : il passe par la Cellule d'Éradication de la Douleur Émotionnelle qui efface tout sentiment de souffrance. Cette chirurgie très précise du cerveau laisse une trace bleue sur le poignet et est obligatoire pour les mineurs.
Silas, comme toute la jeunesse embrigadée par la propagande ambiante, pense que la CEDE constitue un progrès très appréciable jusqu'au moment où il se rend compte qu'il oublie Astrid alors même qu'elle est son grand amour. Il prend conscience que l'oblitération le prive d'une partie de lui-même, d'un passé heureux dont les souvenirs s'estompent parce qu'ils sont à présent détachés de toute véritable émotion.
Alors qu'il est de retour près du pont où Astrid et lui avaient l'habitude de flâner, il croit l'apercevoir. Elle n'est en effet pas morte mais Sacha, une femme-médecin du mouvement SOS qui milite contre l'oblitération obligatoire des mineurs, a fait croire à son décès pour qu'elle échappe à la CEDE. Attrapée par la police alors qu'elle s'était risquée dehors pour observer Silas, Astrid moisit quelque temps en prison avant d'être relâchée grâce à la pression internationale. de fait, Silas a posté le témoignage de son amoureuse sur le Réseau et le reportage de son père, journaliste de l'holotélé, y a aussi fait écho à une heure de grande écoute.
Beaucoup de gens ont donc été sensibilisés au message d'Astrid et demandent à ce que le libre-arbitre des mineurs soit respecté : l'oblitération doit être un choix, non une obligation.
Ce roman de science fiction ,très bien ficelé, met en avant les dangers d'un monde totalement aseptisé. le point de vue des deux adolescents dévoile une société dans laquelle plus rien n'a vraiment de prix parce qu'au lieu de privilégier les relations exclusives, on favorise l'accumulation d'amis virtuels ; au lieu d'améliorer les conditions de vie des pauvres, on rend la CEDE gratuite pour éviter toute rébellion ; au lieu de favoriser le devoir de mémoire, on plonge dans l'oubli et l'égoïsme.
C'est un ouvrage très réussi (et donc assez terrifiant) qui insiste aussi sur la potentielle dérive de l'usage des réseaux sociaux : être connecté en permanence c'est livrer ses moindres gestes à la surveillance de ses « amis », c'est passer son temps à surfer au lieu de réfléchir, c'est s'évader sur le web et ne plus s'investir dans la vie réelle.
Bref, un livre enrichissant et vecteur de réflexion. Seul bémol pour moi, la fin heureuse qui, même si elle est bien amenée, n'est pas assez réaliste à mon goût.
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