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Critique de LoupAlunettes


La bouche de Tante Patty fait un rond. Bien plus grand que lorsqu'elle se raconte ses déboires amoureux dans la chambre de Sophie, bien différent des pics échangés avec le Père de Sophie avec qui ça ne colle pas toujours. L'opération bouche serrée "bisou pour Victor et Marine" est oubliée, sa bouche est ouverte, les mains posée sur le ventre de Sophie, juste un son qui s'échappe à l'intérieur de la cabine d'essayage.




Encore peu de temps avant, Sophie transpirait la joie, elle quiitait son corps par la pensée, elle sentait encore la sève de l'arbre des échanges amoureux encore collée à ses cheveux, comme la promesse d'un long voyage encore dans la tête, à flotter, à sentir les baisers échangers, les caresses. Comme une grande, pour voir.




Comment ne s'en était-elle pas aperçue plus tôt?




L'arrivée de Tante Patty dans sa maison, dans sa chambre, dans son espace avait fait éclater la bulle et Sophie se retrouvait les fesses à terre. Les choses ne seront plus jamais les mêmes.




Sophie quitte de nouveau son corps, autrement, sa vie banale et ordinaire de lycéenne lui échappe, lui devient étrangère, comme les gens.




Encore peu de temps avant, entre le pain et la salade, Véronique, la mère de Sophie, s'entretenait de quelques banalités de son crue: " "Oh, je vous ai pas raconté. La fille du quatrième, vous voyez? Les Genay. Elle s'appelle comment déja? Adelaïde, non? Sophie, sers-toi un peu de salade. C'est ça, Sophie, non? Elle était avec toi en CM2, tu te souviens? Oui, Adelaïde. Et bien elle tourne mal, on dirait... Elle aurait raté des cours pour rettrouver des garçons, vous voyez le truc."




Le jour de son anniversaire, les seize ans de Sophie, les bouches des parents de Sophie n'ont émis aucun son, au début, puis le père et la mère ont tout sorti, quand ils ont réalisé que, nouvellement parents d'une enfant en bas âge, ils allaient être grands-parents.




Ils viennent de comprendre pourquoi Sophie n'avait pas invité Chloé et Sabrina, ses meilleures amies, la vérité venait enfin d'éclater avec le soutien de Tante Patty.




Et la foudre venait de s'abattre. Afin de garder prise à la réalité, une réalité qui lui fait boire la tasse, Sophie s'offre une petite caméra et filme la fin de son enfance, le début à l'âge adulte avec les autres, l'arrivée d'un petit bébé à seize ans.






: Celles et ceux qui avait lu et apprécié le poignant roman ado "Le jour où je suis né" seront finalement ravis de découvrir l'itinéraire de cette mère invisible et tant cherché par le héros adopté sous X. En effet, voici l'histoire de Sophie, en préquel en quelque sorte.




On retrouve de nouveau un vrai soin de la part de l'auteure à soutenir son intensité dramatique dans un réalisme des situations, pourtant d'une grande simplicité. Cette simplicité écrite avec talent sert une banalité toute chamboulée qui pourrait concerner tout le monde.




Florence Hinckel joue sur la justesse des sentiments, les personnalités à tous les âges sont d'une précision presque cinématographique, un plaisir de s'y plonger et d'imaginer. L'auteure offre à son fidèle public ado et les autres aussi, une histoire qui ne nécessite pas de connaitre le sort de l'enfant au préalable, les deux peuvent se lire dans les deux sens ou indépendement. Nous recommandons de lire évidement les deux, pour le plaisir de suivre ses deux suites.

L'heure est grâve et l'auteure ne se dérobe pas devant la tâche d'abordée l'itinéraire difficile d'une enfant qui va elle-même avoir un enfant. La couverture du roman est évocatrice. Les lecteurs seront en immersion dans la tête de la jeune Sophie, suivant ses étapes de l'enfance à l'âge adulte forcée, le ventre s'arrondissant progressivement.

Delà, s'en suivront toutes les réactions auxquelles toutes jeunes filles "dans la disgrâce" elles aussi ont du sans doute passer, le rejet des parents, l'exclusion, le pardon pour le cas, la recherche de solution pour gérer une maternité célibataire possible à seize ans avec les moyens des parents, les quolibets des jeunes du Lycée...Demeure en tout cas dans ces bouleversements et cette honte exprimée de manières diverses, l'amour des parents de Sophie ce n'est pas rien, on le lit et on le comprend, mais aussi l'amitié, la compréhension qui arrive finalement.




L'erreur est humaine, l'adolescence un peu folle parfois, le sexe une affaire belle mais sérieuse, Sophie en fait la grave expérience. Il y a un après, quoi qu'il en soit.

Déborah, Chloé et les autres ne laisseront pas tomber leur bonne copine Sophie, Adelaïde, enceinte également et jusqu'à présent "ennemie" à la langue bien pendue, sera d'un grand soutien dans le cheminement de cette grossesse non choisie.




Le roman parle également de déni de grossesse car Sophie avait une grossesse bien avancée sans rendre compte, de bonnes communications et informations entre parents et enfants soutenant le bon vieux cours d'éducation sexuel scolaire parfois pris à la légère, adolescence oblige, de préventions dans les rapports sexuelles indubitablement, sans quoi, les choses ne seraient pas. Cela parle aussi de vies d'ados. entre envie de grandir plus vite et l'envie de rester aussi insouciant que des jeunes enfants.

Intelligent, émouvant et juste. Un bon roman pour les grandes ados.
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