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Critique de fabienne2909


Gyôzas, omu-rice (omelette au riz fourrée), nabe (pot-au-feu) de fugu, de gazouillis de baleine (je vous laisse découvrir ce que c'est !) ou d'ours, brochettes d'anguille… Yôko Hiramatsu nous invite à partager avec elle ses divagations culinaires principalement centrées sur la cuisine japonaise des izakayas du quartier de Ginza ou d'Osaka (mais pas que…) dans ce joli recueil rassemblant les articles qu'elle a rédigés pour un journal tokyoïte et illustrés par le regretté Jirô Taniguchi.

L'ouvrage est organisé en thématiques qui sont autant de balades saisonnières dans la cuisine des petits restaurants bon marché de Ginza. Car ce qui intéresse particulièrement Yôko Hiramatsu, ce sont les saveurs authentiques « centenaires, voire deux fois centenaires […] perpétuées fidèlement, de génération en génération » par des restaurants soucieux de la qualité de leurs produits et du respect de la tradition, et qui constituent « des goûts à ne surtout pas laisser échapper, car, dans l'instant, ils vous fileraient entre les doigts comme du sable, pour disparaître à jamais ». Ainsi, l'ouvrage commence par la célébration des végétaux de printemps, au premier rang desquels pétasite du Japon, fleurs de colza, crosses de fougères, têtes-de-violon, jeunes pousses de lis plantain ou encore prêle des champs (c'est là qu'on prend vite conscience de ses lacunes en botanique)… pour s'attarder sur les plats de l'enfance comme l'omelette au riz fourrée et arrosée de ketchup ou les sandwichs aux croquettes de purée (d'où l'ouvrage tire son titre) ou aux fruits…

Mais l'autrice fait quelques infidélités à la cuisine japonaise en se dirigeant vers Ikebukuro, quartier qui accueille la diaspora chinoise provenant du Dongbei (et sa spécialité de cocons de vers à soie sautés, entre autres spécialités moins exotiques pour les Occidentaux) ou en faisant un éloge de la bière… belge ! L'autrice donne ainsi le secret d'une brasserie tokyoïte mythique pour verser la bière dans le bon verre et ainsi exalter ses saveurs pour la rendre irrésistible (j'ai essayé et franchement le résultat était là !). Bref, autant d'évocations sensuelles et poétiques de la gastronomie. On a souvent l'eau à la bouche, et très vite on est transporté dans ces petites auberges, on voit les plats, on les sent… c'est assez incroyable.

Mais « Un sandwich à Ginza » ne se résume pas à un simple ouvrage de cuisine : Yôko Hiramatsu, diplômée en sociologie et journaliste littéraire en sus de son bagage culinaire, dessine, par le biais de ses chroniques gastronomiques, une image des Japonais épris de saveurs jusque dans leurs cantines d'entreprises (jolie analyse de l'autrice qui en a testé plusieurs), par la manière de manger (incontournables salles à la japonaise, le must selon l'autrice, pour manger comme en famille) ou par des fêtes dédiées uniquement à un mets ou un ingrédient (ah la fête de l'anguille l'été à Osaka !). de jolies pages sont également dédiées à la littérature japonaise, notamment le roman « Un couple parfait » d'Oda Sakunosuke et son couple qui fait la tournée des izakayas pour célébrer la cuisine d'Osaka, notamment dans des restaurants désormais centenaires.

Je regrette juste que l'éditeur n'ait pas traduit les sommes données en yens (difficile de s'enthousiasmer sur le côté bon marché d'un menu quand on ne sait pas à quoi son prix correspond) ou de certains plats (un petit glossaire aurait été le bienvenu).

Autrement, je vous recommande cet ouvrage sensuel et évocateur, qui fait voyager à bon compte. Itadakimasu !
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