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Critique de Luniver


Enig Marcheur vit dans un monde post-apocalyptique, on imagine après une catastrophe nucléaire mal définie. L'humanité semble avoir largement régressé jusqu'au début de l'humanité, vivant en bandes de chasseurs-cueilleurs ou de fermiers.

Impossible de parler de ce livre sans aborder son écriture : tout le récit est écrit en « parlénigme ». Très déstructurée grammaticalement, elle est essentiellement phonétique (« Erny tu cass tant lent biance qu'1 jour on pourras plus la rcoll »). À plusieurs reprises d'ailleurs, j'ai lu à voix haute, comme un enfant de six ans qui découvre la lecture en suivant le texte du doigt, buttant sur les sons les plus compliqués au beau milieu d'un mot.

Ce style ne rend pas la lecture facile, mais colle parfaitement à l'ambiance. Les habitants ne sont pas devenus anti-science. Au contraire, ils sont obsédés par les connaissances de l'ancien monde, avec le sentiment très fort de ne pas être au niveau. Effondrement total de la civilisation ou mutations génétiques dues aux accidents nucléaires qui limitent l'intellect, difficile de dire pourquoi. Néanmoins, le monde ancien et ses « Nergies » est décrit dans un mélange de conte, de religion et de spectacles de marionnettes. Les moindres bribes de connaissance sont vénérées à un point absurde, mon passage préféré restant l'exégèse de la sagesse ancienne en se servant d'un prospectus touristique. Mais du coup, ce déchiffrage difficile du texte nous met au diapason des habitants, qui déchiffrent tout aussi difficilement leur propre monde.

L'exercice de traduction en français a dû être particulièrement compliqué. le travail me semble réussi, même si de nombreux jeux de mots ont été perdus. Je me demandais ce qui était passé par la tête de l'auteur pour que les villes se nomment « Gars en Rut » ou « Jambon du Père » : il s'agit de déformations de noms de villes anglaises : « Herne Bay » → « Horny Boy » et « Faversham » → « Father's Ham », intraduisibles. Je n'ai cependant pas le niveau d'anglais suffisant pour lire ce roman dans la langue originale.

Enig Marcheur n'a pas été une partie de plaisir, sa langue le rendant fatiguant et fastidieux à lire. Certains lecteurs ont visiblement assimilé la langue au fur et à mesure, mais ça n'a pas été mon cas, et c'était toujours aussi compliqué à la dernière page qu'à la première. Paradoxalement, je pense qu'il n'aurait pas pu être mieux écrit, et qu'une langue « normale » aurait fait perdre tout son intérêt au roman. J'en conseillerai la lecture, avec un avertissement : il vaut mieux être en forme, et ne pas l'ouvrir pour se délasser après une journée fatigante !
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