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Critique de Soleney


Ce tome 2 était tout aussi satisfaisant que le premier.
De nouveaux personnages sont introduits : Reyn et Jani Khuprus, Grag Tenira, Ophélie et Sérille. Et les choses évoluent énormément pour ceux qu'on connaît déjà.

Malta, pour commencer, attire l'attention d'un jeune Marchand du Désert des Pluies qui est déterminé à l'épouser et à faire cadeau de la dette des Vestrit pour leur mariage. La jeune fille a bien l'intention de se jouer de lui, de profiter de sa richesse et de continuer à flirter avec Cervin Trell, le grand frère de sa meilleure amie. Mais plus le temps passe, plus elle se rend compte qu'on ne peut pas compter sur les hommes pour tenir leurs promesses et qu'il ne faut se fier qu'à soi-même. Et puis, une nouvelle dramatique arrive à Terrilville : on aurait vu la Vivacia à Jamaillia, capturée par le pirate Kennit. le navire ne reviendra pas. Son père et son frère sont probablement morts.
Kyle, enfin, est mis hors d'état de nuire.
Hiémain, justement, gagne en assurance mais continue d'être désillusionné par l'univers qui l'entoure. La violence, la cruauté et l'indifférence font rage autour de lui.
J'ai beaucoup aimé le développement d'Etta. Au début simple prostituée, puis invitée du capitaine Kennit sur la Marietta, elle devient un personnage de plus en plus proéminent au sein de l'équipage. Car elle participe aux batailles, tue sans hésitation tout homme qui se dresse entre Kennit et son objectif, possède une dévotion et une volonté sans limite. L'histoire d'amour qui la lie au capitaine émeut les pirates les plus endurcis, renforce encore l'aura de leur chef et attire un respect mérité pour Etta. Elle est aveugle aux défauts de son homme, et malheureusement, celui-ci en profite. Tout comme il profite de l'amour que lui porte l'équipage. Etta est un instrument entre ses mains et c'est révoltant de la voir baver devant lui.

Althéa, enfin de retour à Terrilville, est confrontée à Malta (bien grandie), sa sœur et sa mère. Son coup d'un soir avec Brashen continue de la hanter. Il n'y a qu'elle pour ne pas se rendre compte qu'elle est amoureuse de lui et que c'est la raison pour laquelle elle ne parvient pas à aimer Grag Tenira, un fils de Marchand bien sous tous rapports et qui lui fait la cour.
Minute.
Comment ils se sont rencontrés, ces deux-là ?

Mon point de vue sur Althéa a un peu évolué. J'étais très admirative de cette jeune fille un peu grande gueule et très garçon manqué qui n'hésite pas à se faire passer pour un mousse afin de récupérer son navire. Au fur et à mesure que l'histoire avance, on se rend compte qu'elle manque de confiance en elle : elle a souvent peur de ne pas susciter le respect que les hommes s'accordent les uns aux autres. Elle a des complexes, notamment dans les relations sexuelles. En revenant à Terrilville, elle retrouve Ambre, qui la met face à ses contradictions et qui ouvre ses yeux et les nôtres.
La vision que j'ai de cette dernière a bien changé. De mystérieuse et incompréhensible, elle est devenue sensible, en quête de justice, empathique. Le sort de Parangon, la vivenef maudite abandonnée sur la grève depuis trente ans, la tourmente. Elle est déterminée à le racheter pour lui offrir une vie meilleure – mais elle ? Une étrangère ? Racheter une vivenef ? Quelle horreur ! D'autant plus que Parangon n'est pas coopératif : il est bipolaire. Tantôt d'un cynisme glaçant, tantôt colérique et dangereux, tantôt hystériquement désespéré, la moindre question de travers peut le plonger dans une colère noire/une peur bleue/un silence boudeur. Impossible de savoir pourquoi il a tué son équipage et sa famille. C'est un personnage étrange qui me frustre beaucoup.

Ronica et Keffria sont de plus en plus proches. Aigries par les contraintes budgétaires et la situation désespérante de Terrilville, elles se plongent dans un esprit pratique fait de travaux manuels et de livres de compte. C'est alors qu'elles sont au plus bas qu'une proposition des plus alléchantes leur rend l'espoir : les Khuprus (la famille la plus riche et influente du Désert des Pluies), dont le fils cadet s'est inexplicablement épris de Malta, leur offre, en cadeau de noce, la dette de la Vivacia. Malta flirte effrontément avec le jeune homme sans aucune considération pour ses sentiments. Mais peut-on la vendre au plus offrant simplement parce que la famille croule sous les dettes et qu'elle est frivole ? « Bah, quand il fera plus ample connaissance avec elle, il se rendra bien compte qu'elle ne lui correspond pas », affirme Ronica, ce qui clôt la question. Malta est donc officiellement courtisée par Reyn, dont elle ne peut voir le visage.
Car Reyn est un Marchand du désert des Pluies. Il est donc en permanence recouvert d'un voile opaque qui cache la moindre parcelle de peau. Cette tradition étrange est due à l'apparence grotesque de ces Marchands. Le fleuve charrie une magie obscure qui a la particularité de déformer les êtres vivants et d'augmenter l'infertilité. On dit des Marchands du désert des Pluies que de petites écailles recouvrent leur peau, que des excroissances poussent un peu partout sur leur corps, et que leurs yeux possèdent un éclat bleu surnaturel.


De leur côté, Maulkin, Shriver, Sessuréa et les autres serpents géants poursuivent la quête de leur mémoire. Leur situation est désespérée : de plus en plus de leur congénères sombrent dans la bestialité, et eux-mêmes oublient de plus en plus leur passé. Leurs forces déclinent. Où est passée Celle-qui-se-Souvient ? Comment la retrouver ? J'ai beaucoup apprécié la lecture de leurs chapitres, bien qu'on sente un peu trop bien le désespoir et l'horreur de leur situation.

Et c'est dans ce beau bordel qu'apparaît une nouvelle narratrice : Sérille. Étant la Compagne de Cœur du Gouverneur Magnadon Cosgo, son rôle est de se spécialiser sur un élément de la politique jamaillienne et de guider son maître à la lueur de son intelligence. Or, depuis l'ascension au trône de Cosgo, les Compagnes ne sont plus que des prostituées vouées aux plaisirs de la chair. Car l'influence de Chalcède, où les femmes ne sont guère plus que des animaux, se fait de plus en plus sentir à la cour.
Et pour finir, un petit point sur Davad Restart : plus le temps passe et moins j'aime ce personnage. La morale, l'amitié et la bienséance ne sont que des notions étranges, pour lui. La seule chose qui ait de l'importance à ses yeux, c'est le profit. Ce n'est pas quelqu'un de méchant, bien au contraire ! Il a par ailleurs la sale habitude de mettre son nez dans les affaires des gens qu'il aime – pour les aider, évidemment ; mais il ne fait qu'empirer les choses. Dans sa naïveté, il est incapable de se rendre compte que 1) sa vision des choses est loin d'être universelle, 2) il vexe/blesse/irrite/met les gens mal à l'aise par son attitude, 3) se faire des ennemis parce qu'on ne sait pas tenir sa langue dessert les affaires. On dirait un grand enfant qui n'a pas appris à se conduire en société.

J'ai adoré ce deuxième volet, dont la qualité est au moins égale au premier. Je viens à peine de le finir que j'entame déjà le suivant, car la fin présage de nombreux changements dans les forces en lutte.
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