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Critique de Annette55


«  Dans ce pays, la solitude était une loi incontournable.
Mais la distance qui séparait les âmes , elle, demeurait incalculable. Les gens avaient beau être proches par le sang , un coeur n'irradie pas, par ses simples battements , le réconfort ou la joie.
Ce sont là des choses qu'il nous faut aller traquer chez les autres, et les autres, restaient très peu nombreux , éparpillés sur de grands espaces . »

« Extrait » de ce roman ample , près de 400 pages, à la langue puissante et incarnée , riche, dense, serrée, à la narration captivante , un hymne fondateur à la nature, au travail âpre des hommes au coeur de l'hiver 1918, où le Nord - Ouest américain connaît une espèce d'apocalypse: l'un des pires blizzards balaie tout sur son passage , les journaux rapporteront ,une semaine plus tard que la température avait chuté de vingt- quatre degrés en cinquante - sept minutes , où un mètre - vingt de neige aussi légère que du duvet s'était amassé au cours des trois heures suivantes ......

Perdus dans la neige, pétrifiés par le gel, des jumeaux de quatorze ans : Luke et Matt Lawson seront recueillis in- extrémis par une maîtresse d'école , Linda Jefferson, veuve , vingt - quatre ans .Elle tente de les ranimer à la chaleur de son corps ...


Seul, Matt survivra .

Dès le lendemain , le voilà devenu un homme , malgré lui, car son père Ed , parti à leur recherche restera introuvable.......le laissant à la tête du ranch familial...

Matt, face à un travail abrutissant , rude, ingrat, solitaire face à la beauté de la nature , enfouie sous les apparences, tentera de maintenir un équilibre ô combien fragile ...

Labeur, amour, violence , l'Ouest américain offre alors une dure leçon aux femmes et aux hommes de cette terre en les confrontant journellement aux forces brutales de la nature, pour Matt, celle- ci est un univers sacré, la musique du fleuve et de la rivière l'apaise ....
La nature est aussi un temple où l'on ensevelit ses morts sur ces terres brûlées et hostiles.

Le récit , de 1918 à 1960 décrit un monde de taiseux, durs à la tâche, violents et âpres, confrontés souvent au pire, des portraits riches, très travaillés , au fil des 40 chapitres.

L'auteur exploite avec finesse et profondeur maints personnages complexes, ceux de Wendy, Linda, Lucky, Horace, Roland, croqués sur le vif, et d'autres...qui luttent pied à pied avec une nature pas toujours bienveillante ....au coeur de régions rocheuses et désertiques....

Cette façon de raconter donne une incroyable force qui donne envie d'avancer dans le récit , en même temps que ses héros ...

Entre violence , cruauté, solitude, travail acharné mais aussi tragédie et drame absolu un roman superbement écrit .
On referme ce beau livre non sans émotion et les personnages, ces taiseux, vont nous hanter longtemps ....une espèce d'ode à l'espoir envers l'humanité.
Aux éditions Gallmeister . Traduit de l'américain par Francois Happe.

«  Derrière une charrue ou juchés sur un animal, tirant la poignée d'une scie ou penchés sur un poulet en train de cuire . »

«  La terre retourne à la terre , les cendres aux cendres, la poussière à la poussière .... »
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