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Critique de PatrickCasimir


On ne peut pas saisir, un code ISBN
De l'édition Pléiade, des épopées jumelles
L'Iliad et l'Odysée, de ce divin Aède
Pour vous les Babéliens ; et puis, s'en tenir là !

Mais alors, que devrais-je en dire sans craindre d'être banal et plat ? Quel angle de vue adopter pour tenter d'énoncer une critique qui se voudrait pertinente ? Les résumer ? Quel intérêt ? Les épopées sont quasi universellement connues. Quoique, une fois, lors d'un dîner, j'ai frimé devant une collègue en lui racontant l'infortune d'Ilion, depuis la pomme de la Discorde, la vanité de trois Olympiennes, la prudence de Zeus face aux trois Déesses, en passant par l'enlèvement d'Hélène, le sacrifice d'Iphigénie, la colère d'Achille qui débute l'épopée, la mort atroce des héros (Patrocle, Hector…), la douleur de Priam, etc., etc.

Ma collègue était captivée, car ce domaine lui était tout à fait étranger et moi je faisais le paon cultivé. Comme vous le voyez, la Vanité trouve souvent refuge dans le giron de la Culture.

Donc, point de résumé de l'Iliad ! L'Odyssée a fait l'objet d'une relecture récente, selon la traduction de Victor Bérard, traduction célèbre pour sa prose « alexandrine », rythmée, que j'ai beaucoup aimée, et à laquelle je rends fort modestement hommage au début de l'article.

Pourquoi cette relecture ? Parce que j'ai entrepris depuis un petit moment déjà le fameux Ulysse de James Joyce, énorme pavé qui conte les pérégrinations de personnages quelconques, notamment Bloom et Dedalus, dans les rues de Dublin, par une journée ordinaire avec force soliloques et autres conversations banales. Les chapitres ou sections du roman portent les noms : de lieu, de monstres et de personnages que l'on retrouve dans l'Ulysse original : Télémaque, Nestor, les Sirènes, Charybde et Scylla (pas forcément dans l'ordre), etc.

Bien entendu, le roman n'a absolument rien à voir avec les aventures du divin Ulysse, sauf, peut-être, de façon symbolique ou métaphorique. Mais il est considéré comme un des sommets de la littérature du XXème S. Je n'ai pas achevé la lecture, mais j'éprouve un profond ennui à cheminer dans les rues de Dublin en compagnie de Bloom et d'autres. Et pourtant, je tiens à poursuivre, on ne sait jamais…

Fermons la parenthèse et revenons à Homère ; point donc de résumé de l'Odyssée ! Or donc, ces oeuvres siamoises qui ont conféré l'immortalité au divin Aède, (deux fois millénaire plus une vie de patriarche biblique antédiluvien !) - gageons que cela continuera ainsi jusques à la fin des temps et ce, même si la gent scolaire, de nos jours, les connaît de moins en moins -, ont inspiré, enfanté, marqué, des philologues, des philosophes, des historiens, des poètes, des écrivains, des artistes, des archéologues défricheurs de cités mortes et de langues disparues, des oeuvres cinématographiques, des livres pour enfants, des «évhémérides», etc., et ce, disais-je, depuis nettement plus de 2000 mille ans !

Qu'est-ce à dire ? Sinon que le divin et immortel Aède a forgé et récité, tel Démodocos, avec son génie propre, 27000 vers, durant toute sa vie d'Aède professionnel, et il continue encore de nos jours à nous les réciter, ces vers qui ont constitué l'un des socles fondamentaux sur lesquels a été construit, siècles après siècles, l'édifice culturel profane de l'Occident. L'édifice culturel sacré de l'Occident reposant, par ailleurs, sur la Bible.

Le parallèle peut vous sembler outré, mais la civilisation occidentale (puisqu'il faut l'appeler par son nom) possède une double filiation : elle est d'ascendance gréco-romaine d'un côté et judéo-chrétienne de l'autre, sans méconnaître, évidemment les métissages ici ou là dont s'est enrichie cette civilisation.

J'ai énoncé Profane ! Plus haut, mais en définitive, est-ce le bon mot ? La filiation gréco-romaine est plutôt Païenne, ce qui ne veut pas dire sans religion, sans dieux. Nous savons tous que le paganisme possède un panthéon de déités extraordinairement riche, l' Antiquité déborde de religiosité, de lieux de culte, etc.

On devrait plutôt parler de double ascendance sacrée : la païenne et la chrétienne ! Mais, la seconde étant devenue dominante depuis que Constantin l'a, ainsi, décidé, au IVème siècle, a évincé la première de la sphère du sacré, l'a en quelque sorte « profanisée », pour bien marquer la différence.

Or, la flèche du temps est lumineuse, elle porte en elle une lumière qui s'étend toujours davantage sur les esprits, jusqu'au jour où, ces esprits éclairés, prenant la Bastille, sécularisent le Sacré et sacralisent la Raison.

Est-ce que je ne m'éloigne pas trop d'Homère ?

La Raison domine donc le Sacré, de nos jours. Cependant, notre cerveau gauche continue de s'émerveiller des vers d'Homère et de bien d'autres, tandis que notre cerveau droit poursuit son entreprise d'effacement du Sacré au nom de la Raison et de la Laïcité, nouvelle religion républicaine de plus en plus péremptoire, d'ailleurs, mais c'est un autre débat…

A ce propos, les neurologues vous diront que cette histoire de cerveau gauche et de cerveau droit est encore un mythe. Mais j'aime les mythes, et je les laisse imprégner l'entièreté de mon âme, doper mon imagination, et m'emporter loin, loin, très loin dans les rêves…

Voilà pourquoi Homère et ses suivants, nourriront, pour longtemps encore, mon imaginaire... et le vôtre, chers Babéliens.

Pat

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