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Critique de Bougnadour


Pendant tout le XIXème siècle Russes et Britanniques se sont regardés en chiens de faïence de part et d'autre de la frontière afghane.
L'empire russe, comme aujourd'hui semble-t-il, considérait ne pas avoir de frontières, tel une tache d'huile, il avait vocation à s'étendre aux quatre points cardinaux. Les anglais tenant à l'Inde comme à la prunelle de leurs yeux ne pouvaient que craindre une attaque venant du Nord. de crise en crise, les deux empires n'auront eu de cesse de s'espionner pour savoir quand et où aurait lieu l'inévitable attaque.

Seulement la zone à surveiller était tout simplement immense et des plus inhospitalières. Constituée de l'Ouzbékistan, du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan, du Turkménistan ainsi que certaines parties de l'ouest et du nord de la Chine continentale, il aurait fallu des moyens gigantesques pour la contrôler.
Cet ample territoire était, par ailleurs, peu connu, mal cartographié et politiquement instable, gouverné par des khans en guerre permanente entre eux et avec des clans incontrôlables. Ajoutons à cela des déserts arides et des montagnes immenses uniquement traversés par les caravanes des routes de la soie.

Les deux empires s'en remirent à des aventuriers pour découvrir ces nouvelles contrées, les cartographier, tisser des liens avec les souverains et surtout surveiller les agissements de l'ennemi. Souvent pris dans les rangs de l'armée ces explorateurs intrépides, partaient déguisés en marchands pour des centaines de kilomètres, souvent sur la base d'informations peu fiables et à la merci des pillards voire de leurs propres compagnons de route.
Ce sont leurs voyages que raconte Peter Hopkirk et c'est cette lutte à distance entre russes et britanniques que la presse appellera le Grand Jeu.

Et ce fut un jeu à bien des égards, les explorateurs jouant leur vie à pile ou face en choisissant une route plutôt qu'une autre, en faisant confiance à des alliés douteux tout cela sans avoir un soutien ferme de leur pays prêt à les lâcher en cas de pépin.

On pense beaucoup à Kipling en lisant le Grand Jeu, même si l'Inde n'est pas l'objet du livre elle en est l'enjeu. le pays clé étant l'Afghanistan que les anglais voyaient comme une indispensable barrière contre les russes. Au passage on apprend que les ombrageux afghans furent plus perfides que courageux.

Il faut reconnaitre de belles qualité à l'écriture de P.Hopkirk qui sait mettre du rythme et de l'enthousiasme dans ces récits d'aventure. le souci vient de la répétition, il y a une forte redondance dans les aventures de ces explorateurs qui finit par rendre la lecture fastidieuse. Si les territoires changent les parcours se ressemblent beaucoup mais il reste un recueil d'aventures vraies dans un contexte historique parfaitement décrit.

Finalement comme la guerre pour l'Inde n'eût jamais lieu, cela confirme la maxime « si tu veux la paix prépare la guerre » et que le Grand Jeu n'aura pas été inutile.
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