AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LaBiblidOnee


Hey !! « Quelle taupe êtes-vous et d'où venez-vous ? » C'est la guerre sur la surface de la Terre, et vous avez envie de vous réfugier sous terre avec des peluches, comme celles des garennes de Watership Down ? Alors bienvenue... Mais méfiez-vous ! Si vous choisissez de pénétrer dans les galeries du Bois de Duncton, vous ne côtoierez plus de gentils herbivores caractériels, mais bien une poignée de taupes plus sanguinaires… Et ça dépote !


Pif PAf POUM ! Comme un dictateur arriverait dans un pays cultivé et mettrait fin aux libertés par la violence en faisant table rase du passé, Mandrake débarque à Duncton et impose sa loi… à grands coups de griffes. C'est une véritable tuerie de ses opposants politiques, un contrôle stricte des frontières que l'on ferme, une interdiction d'idolâtrer n'importe quelle divinité pouvant supplanter la figure du nouveau chef ; Et puis une soumission de ses femelles par l'apposition de grand coup de lattes dans la gueule. Bienvenue dans le bois de Duncton ! Heureusement, certains résistants s'allient en mission commando pour remettre un peu d'ordre dans tout ça. D'autres, en secret, invoquent les pouvoirs divins d'une mystérieuse Pierre aux voies impénétrables.


Si vous pensiez lire un conte pour enfant ou une gentille fable animalière sous prétexte que l'auteur fait parler des animaux, vous êtes servis… Mais l'auteur est malin : Il nous enrobe le tout d'une jolie plume bucolique et de surnoms trop mignons comme Bois de Houx, ou encore Brin de Fougère. Et le tour est joué : le lecteur est ensorcelé par sa plume, envoûté par le chant de la forêt qui l'appelle, par le murmure des ruisseaux bordant les territoires, l'odeur des buissons de ronces et d'aubépine… Sans oublier le bruit des petites pattes de taupes qui s'agitent dans ces labyrinthes souterrains ancestraux : Les fameux « réseaux » !


Ajoutez à cela une romance taupière entre la fille du vilain chef et un jeune héros naïf et là, vous êtes mordus, vous ne pouvez plus quitter les galeries du Bois Duncton malgré sa violence, car vous avez l'espoir de jours bien meilleurs. Alors vous vous attachez aux personnages susceptibles de devenir de gentils héros, vous fondez devant ces peluches qui tombent amoureuses à la mode de chez les taupes, vous pleurez quand, hélas, vous perdez l'une des leurs.


Cette fois encore, en prêtant aux animaux des pensées et attitudes humaines, l'auteur nous fait établir des parallèles avec notre Histoire. Leur quête mystique est une sorte de graal, les galeries taupières abandonnées ressemblent aux catacombes de chrétiens persécutés… Lorsqu'une épidémie décime une partie de la population taupe, elle se demande comment croire que des pouvoirs divins existent s'ils laissent se produire pareilles horreurs. Est-on punis d'avoir cessé de croire ? Peut-on marchander avec l'esprit supérieur qui nous gouverne ? Puis, comme dans Watership Down, on se concentre très vite uniquement sur l'histoire de ces animaux qui, tout en ayant chacun leur caractère, conservent leurs attributs naturels : la quasi-cessité qui les noie dans un flou poétique, leurs moeurs d'accouplement, leur manière de se fier aux odeurs plus qu'à leur vue, de toujours marcher à couvert pour ne pas se faire dévorer. L'intensité va crescendo jusqu'au moment où les fléaux s'abattent sur la communauté partie en vrille, pour un final apocalyptique. C'est une lecture dense et à la fin, ces 700 pages peuvent paraître longues lorsqu'on avance à pas de taupe, alors que tant de livres nous attendent. Mais quelle histoire nous aurons vécue !


Comme dans Watership Down, et comme dans toute histoire humaine, l'importance des vieilles légendes fondatrices de la communauté taupe amène la touche d'onirique et de merveilleux. C'est peut-être la partie la plus humaine finalement, cette manière de tout ramener à une mystique supérieure à soi-même et à notre espèce. La magie imprègne ce récit en partie réaliste, avec sa galerie des murmures, ses racines qui dansent ou encore des taupes-guérisseuses ; Et puis la plus grande magie de toutes : celle des mots et de la littérature, qui vous fait vivre des vies que vous n'auriez jamais pu imaginer. Merci Eric (Casusbelli) pour le conseil de lecture.


Envie de visiter des galeries hantées ? Taupe-là, suis le guide HORWOOD !
Commenter  J’apprécie          6679



Ont apprécié cette critique (63)voir plus




{* *}