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Pierre Goubert (Traducteur)
EAN : 9782841723836
747 pages
L’Atalante (27/09/2007)
4.36/5   35 notes
Résumé :
Brin-de-Fougère naquit par une nuit d’avril dans un terrier plein d’ombre et de chaleur qui s’enfonçait au plus profond du réseau de galeries du Bois Duncton, six années-taupe après la naissance de Rébecca.Ainsi commence l’histoire de Brin-de-Fougère et de Rébecca, ainsi que du tyran Mandrake venu des lointains glacés du Siabod et qui règne sur la communauté de Duncton. Sans le bienheureux Boswell, la taupe-scribe d’Uffington, que nous resterait-il de leur histoire ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Hey !! « Quelle taupe êtes-vous et d'où venez-vous ? » C'est la guerre sur la surface de la Terre, et vous avez envie de vous réfugier sous terre avec des peluches, comme celles des garennes de Watership Down ? Alors bienvenue... Mais méfiez-vous ! Si vous choisissez de pénétrer dans les galeries du Bois de Duncton, vous ne côtoierez plus de gentils herbivores caractériels, mais bien une poignée de taupes plus sanguinaires… Et ça dépote !


Pif PAf POUM ! Comme un dictateur arriverait dans un pays cultivé et mettrait fin aux libertés par la violence en faisant table rase du passé, Mandrake débarque à Duncton et impose sa loi… à grands coups de griffes. C'est une véritable tuerie de ses opposants politiques, un contrôle stricte des frontières que l'on ferme, une interdiction d'idolâtrer n'importe quelle divinité pouvant supplanter la figure du nouveau chef ; Et puis une soumission de ses femelles par l'apposition de grand coup de lattes dans la gueule. Bienvenue dans le bois de Duncton ! Heureusement, certains résistants s'allient en mission commando pour remettre un peu d'ordre dans tout ça. D'autres, en secret, invoquent les pouvoirs divins d'une mystérieuse Pierre aux voies impénétrables.


Si vous pensiez lire un conte pour enfant ou une gentille fable animalière sous prétexte que l'auteur fait parler des animaux, vous êtes servis… Mais l'auteur est malin : Il nous enrobe le tout d'une jolie plume bucolique et de surnoms trop mignons comme Bois de Houx, ou encore Brin de Fougère. Et le tour est joué : le lecteur est ensorcelé par sa plume, envoûté par le chant de la forêt qui l'appelle, par le murmure des ruisseaux bordant les territoires, l'odeur des buissons de ronces et d'aubépine… Sans oublier le bruit des petites pattes de taupes qui s'agitent dans ces labyrinthes souterrains ancestraux : Les fameux « réseaux » !


Ajoutez à cela une romance taupière entre la fille du vilain chef et un jeune héros naïf et là, vous êtes mordus, vous ne pouvez plus quitter les galeries du Bois Duncton malgré sa violence, car vous avez l'espoir de jours bien meilleurs. Alors vous vous attachez aux personnages susceptibles de devenir de gentils héros, vous fondez devant ces peluches qui tombent amoureuses à la mode de chez les taupes, vous pleurez quand, hélas, vous perdez l'une des leurs.


Cette fois encore, en prêtant aux animaux des pensées et attitudes humaines, l'auteur nous fait établir des parallèles avec notre Histoire. Leur quête mystique est une sorte de graal, les galeries taupières abandonnées ressemblent aux catacombes de chrétiens persécutés… Lorsqu'une épidémie décime une partie de la population taupe, elle se demande comment croire que des pouvoirs divins existent s'ils laissent se produire pareilles horreurs. Est-on punis d'avoir cessé de croire ? Peut-on marchander avec l'esprit supérieur qui nous gouverne ? Puis, comme dans Watership Down, on se concentre très vite uniquement sur l'histoire de ces animaux qui, tout en ayant chacun leur caractère, conservent leurs attributs naturels : la quasi-cessité qui les noie dans un flou poétique, leurs moeurs d'accouplement, leur manière de se fier aux odeurs plus qu'à leur vue, de toujours marcher à couvert pour ne pas se faire dévorer. L'intensité va crescendo jusqu'au moment où les fléaux s'abattent sur la communauté partie en vrille, pour un final apocalyptique. C'est une lecture dense et à la fin, ces 700 pages peuvent paraître longues lorsqu'on avance à pas de taupe, alors que tant de livres nous attendent. Mais quelle histoire nous aurons vécue !


Comme dans Watership Down, et comme dans toute histoire humaine, l'importance des vieilles légendes fondatrices de la communauté taupe amène la touche d'onirique et de merveilleux. C'est peut-être la partie la plus humaine finalement, cette manière de tout ramener à une mystique supérieure à soi-même et à notre espèce. La magie imprègne ce récit en partie réaliste, avec sa galerie des murmures, ses racines qui dansent ou encore des taupes-guérisseuses ; Et puis la plus grande magie de toutes : celle des mots et de la littérature, qui vous fait vivre des vies que vous n'auriez jamais pu imaginer. Merci Eric (Casusbelli) pour le conseil de lecture.


Envie de visiter des galeries hantées ? Taupe-là, suis le guide HORWOOD !
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Voilà un livre que je gardais "sous le coude" depuis 5 ou 6 ans, un livre qui a priori a laissé de bonnes impressions à ceux qui l'ont lu et doté d'une note pharaonique de 4.46 (certes, avec une trentaine de notes seulement), il est à signaler qu'il s'agit d'un beau pavé de 800 pages.
Un thème assez original puisqu'il s'agit de "fantasy animalière", et plus encore si l'on se dit que les héros et acteurs de cette histoire sont des taupes, oui vous savez, ces petites bestioles qui creusent des galeries, font bombance de vers de terre et qui sont le cauchemar des golfeurs ;)
On pourrait penser qu'il s'agit d'un conte pour enfants, et pourtant non, loin s'en faut car les taupes se révèlent être des créatures assez agressives et individualistes, méfiantes et plutôt mesquines voire cruelles.
C'est une saga épique et arthurienne qu'il va nous être donné de vivre à travers le destin de quelques taupes d'exceptions, du bruit, de la fureur, des combats dantesques (on ne croirait pas non ?), des sentiments, des drames, un brin de fantastique, le tout sur un immense territoire de quelques kilomètres carrés.
Bien sûr ces taupes expriment des sentiments plutôt humains, c'est indéniable, mais là où je trouve que l'auteur s'est révélé subtil, c'est que les taupes ont tout de même un instinct animal propre à leur nature qui les rend assez imprévisibles, et du coup la lecture restera prenante et incertaine jusqu'au bout.
De façon étonnante il s'agit aussi d'un conte philosophique car il est question d'une quête, ainsi que d'une belle histoire d'amour, digne des plus célèbres.
Une lecture dépaysante à souhait, une lecture assez exigeante tout de même car il ne s'agit pas d'un "page turner", chaque page se mérite et se déguste.
Pour ma part une belle expérience de lecture !
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Après avoir adoré « Watership Down » de Richard Adams, c'est avec confiance que j'ai entamé cette histoire de taupes de plus de 700 pages. Cette chronique allie un anthropomorphisme captivant et une épopée pleine de suspense, de rebondissements. C'est également une belle histoire d'amour, d'amitié, de haine, de sauvagerie, de souffrance, de courage, de résilience et de pardon.

Tout doucement, le conte a déployé sa beauté littéraire tout autant que l'intelligence des idées qu'il sous-tend. Dans ces conditions, comment ne pas tomber sous le charme de cette joyeuse bande de petites taupes ?

*
Alors, c'est vrai que lire un récit animalier peut sembler étonnant, enfantin, mais il ne faut pas s'y tromper : ce conte est violent, brutal, ces petites bêtes s'avèrent d'une grande agressivité. J'imaginais ces petits mammifères à la vue basse, fragiles, sans défense, paisibles. Mais au contraire, elles se révèlent être belliqueuses, guerrières, sanglantes, pouvant se battre férocement jusqu'à la mort.
De plus, cette histoire est plus profonde qu'il n'y paraît à première vue, car c'est bien une dénonciation des régimes totalitaires et une caricature de notre société que l'auteur développe ici.

Pour savourer pleinement ma lecture, je me suis mise à hauteur de taupes. Pour cela, comme Alice au pays des Merveilles, je me suis mise à rétrécir jusqu'à devenir aussi petite qu'elles.
Et là, un monde nouveau s'est déployé devant mes yeux ébahis : un monde où les parfums de la forêt aux fragrances fleuries, boisées ou humiques, m'ont enivrée ; un monde souterrain mystérieux dans lequel j'ai pu pénétrer en catimini pour lever le voile sur la vie secrète de ces petits animaux, mal aimés de nos jardins.

*
Dans ce monde qui mêle imaginaire et réalité, le lecteur ne s'étonne donc pas de voir les taupes parler, avoir des coutumes et des rites. Vous apprendrez qu'il existe des taupes scribes qui se déplacent d'une communauté à une autre pour transmettre les récits et légendes d'un autre temps ; des Anciens, gardiens des anciens rituels ; des guérisseurs.

La religion joue un rôle central dans le livre : au sommet de la colline de Duncton, au coeur d'un ancien réseau de galeries de taupes, se dresse une pierre mystérieuse, majestueuse. C'est une pierre remplie de force et de magie, capable de soutenir la petite communauté, d'aider comme de punir.

*
J'ai retrouvé quelques similitudes avec le merveilleux conte animalier de « Watership Down » écrit par Richard Adams.

Chaque taupe a un petit nom : Rune, Bois-de-Houx, Mekkins, Mandrake, Bourrache, ...
Si certains sont pleins de sagesse, de bienveillance et d'expérience, d'autres sont teigneux, irascibles, fourbes, manipulateurs, malveillants, querelleurs ou autoritaires.

Dans « le bois de Duncton », William Horwood assume pleinement l'anthropomorphisme des taupes, mais très habilement, l'auteur y mêle également leur vraie nature et leurs vrais comportements. Ainsi, nous apprenons beaucoup sur ces petits mammifères et c'est passionnant.
Aussi, si elles vivent comme les vraies, elles ont également la capacité d'aimer, d'aider, de haïr, de comploter, de se venger.

Malgré ces ressemblances, je me suis laissée prendre par le souffle épique du récit, par le charme de ces petits habitants des bois, par la beauté des paysages champêtres, par son atmosphère à la fois singulière et sombre.
J'ai craint pour leur vie, j'ai eu de la peine devant les épreuves à affronter, j'ai souffert de leurs blessures, j'ai compati à leur sort.

« …il y eut un grondement, un rugissement, et le tunnel à l'extérieur de leur terrier parut secoué de la présence d'un millier de prédateurs. C'était Mandrake. Avec à l'esprit ce que lui avait dit Rune, ou ce qu'il avait semblé lui dire, il avait ébranlé la quiétude morose des derniers instants de la nuit et s'était rué dans la galerie qui menait au terrier. Ses griffes s'apprêtaient à ôter la vie, avec violence, à quiconque, mâle ou femelle, montrerait le bout de son nez. »

*
Alors qu'en est-il de l'histoire, me direz-vous ? J'y viens.
C'est au moment où Mandrake prend le pouvoir que Brin-de-Fougère, le héros de notre histoire, voit le jour, dans les profondeurs du bois de Duncton, dans le nord du pays de Galles. C'est un petit être solitaire et sensible auquel le lecteur s'attache très vite.
Sous le règne de Mandrake, les temps de paix, de quiétude, de douceur laissent la place à un climat d'incertitude, de vulnérabilité, de peur, de soumission et d'obéissance : les traditions, le culte de la Pierre sont balayées. Ceux qui s'opposent au dictateur sont éliminés de manière systématique et sanglante.

« Mandrake se pencha pour examiner ses griffes. Les combats et les meurtres les avaient déformées. »

C'est sous la Grande Pierre que Brin-de-Fougère rencontre par hasard la fille de Mandrake, Rébecca. Contrairement à son père toujours habité par la rage et la colère, Rébecca séduit par sa simplicité, son empathie et sa joie de vivre. Juste quelques mots échangés avant que chacun retourne à sa propre vie, mais ces quelques instants, indélébiles, marqueront le début d'un changement dans la vie à Duncton.

« Je l'ai rencontrée sous une averse diluvienne près de la Grande Pierre, au sommet de la colline. Elle était aussi perdue que moi, mais d'une autre façon, et elle m'a touché de sa patte. »

Ainsi commence cette formidable épopée, où les despotes assoient leur autorité par la violence et le meurtre, où les plus sournois attendent le bon moment pour supplanter leur chef, où les plus courageux et les plus bienveillants essaient de rétablir la paix, où l'amour et le bonheur sont à portée de pattes.
Chacun ronge son frein en attendant des temps meilleurs.

« Une douce brise passait parmi les branches, agitant les feuilles des hêtres de telle façon que leur côté le plus brillant captait l'éclat des rayons de la lune. On aurait dit un frisson d'eau dans le ciel. L'astre éclairait aussi le pelage de Bois-de-Houx, qui dans cette clarté paraissait jeune et le poil lustré. Mais, là où se tapissait Rune, dans le repli tortueux d'une racine de hêtre qui courait comme un serpent s'enfoncer dans la marne du sol, l'ombre était dense et noire, et noircissait davantage quand il se mettait à bouger. Ses griffes pénétraient dans la racine du hêtre lorsqu'il regardait le vieillard, tant il brûlait d'envie de le tuer sans plus attendre. »

*
La vie dans le sous-bois semble paisible et silencieuse pour qui aiment à s'y promener. Mais cette quiétude n'est qu'apparente et la forêt est bien souvent le théâtre de petits drames. Entre les prédateurs, les mauvaises conditions climatiques, les maladies et les combats pour s'approprier un territoire ou des femelles, les dangers qui les menacent sont permanents.

Les taupes ont développé des compétences surprenantes pour survivre dans un environnement impitoyable et se protéger des dangers. Malgré tout, les jours s'écoulent avec leurs joies et leurs drames. Les saisons défilent et les plus étourdies, les plus malingres, les plus rêveuses, les plus téméraires, les plus rebelles sont assurées de trouver une mort rapide et violente qui ferait passer des frissons dans le dos de quiconque.

*
L'auteur a mis tout son talent pour nous dépeindre le bois de Duncton et son atmosphère, parfois légère, ouatée, réparatrice ; d'autres fois lourde, mélancolique, triste, sinistre, funeste, terrifiante.
Les descriptions de la forêt en constante évolution, des plantes et des animaux sont superbes.

« Une douce brise passait parmi les branches, agitant les feuilles des hêtres de telle façon que leur côté le plus brillant captait l'éclat des rayons de la lune. On aurait dit un frisson d'eau dans le ciel. »

L'écriture voyage entre ses différentes ambiances qui offrent un univers tantôt bucolique, mélodieux, coloré, parfumé, lumineux, tantôt sombre, rugueux, menaçant, angoissant, ou funeste. Ainsi, les émotions sont toujours présentes, comme un flot continu, joie, douleur, tristesse et l'on se rend compte à quel point on s'est profondément attaché à ces petits héros, Brin-de-Fougère, Rébecca, Bois-de-Houx, Mekkins, Bourrache, Boswell, Marouette, Rose.

*
Pour conclure, après quinze jours de lecture, il m'est difficile de quitter la forêt galloise, le chant des oiseaux, le bruit du vent dans les arbres et surtout, le monde caché des petites taupes de Duncton, mais il faut se faire une raison : d'autres livres, d'autres ambiances m'attendent. Je garderai tout de même une petite pensée pour ce texte touchant.

Paru aux éditions L'Atalante en 1997, ce beau roman animalier n'est plus publié et c'est bien dommage. Je le verrai bien réédité par les éditions Monsieur Toussaint Louverture, mais c'est une autre histoire.

***
Un grand merci à mes babel-ami.es, Dominique (Domm33), Onee-chan (LaBiblidOnee) , Eric (CasusBelli) pour leurs billets qui m'ont orientée vers ce beau récit, véritable méli-mélo d'émotions.
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Brin de Fougère, Rébecca, Boswell et bien d'autres, voici les héros d'une magnifique saga datant de 1979 et traduite en français seulement en 1997.
Après Watership Down, Onee a demandé quelque chose d'original, Eric (Casusbelli) a proposé le bois Duncton, livre assez difficile à trouver en papier (car plus édité), je les remercie tous les 2 car je leur dois un grand coup de coeur !
Dans la magnifique écriture poétique, dans les descriptions minutieuses de la nature du sud-ouest de l'Angleterre, on retrouve du Watership Down. A d'autres moments, lors de grandes bagarres et dans le thème de la quête, on pense au Seigneur des anneaux mais ce roman est unique.
Bon, je ne vous ai pas encore dit mais il s'agit d'une histoire de taupes cette fois !
C'est long, 747 pages bien denses, mais on est confronté à tellement de rebondissements que l'on ne s'ennuie pas. On avance à pas de taupe et en kilomètres taupes alors forcément ça prend du temps. Mais chaque page se déguste. J'ai mis du temps à le lire, seulement quelques pages par jour pour laisser agir toute la poésie et pendre le temps de passer d'une aventure à l'autre.
Ces taupes ont des sentiments très humains et comme dans Watership Down, on s'immerge complètement dans cette communauté.
Ces taupes vivent dans des galeries à l'intérieur du Bois Duncton, elles ont leurs rituels, sont influencées par les mythes et légendes attachés aux pierres qui les entourent, on est dans la région d'Avebury, Stonehenge, le roman en est imprégné de spiritualité.
Une quête et une belle histoire d'amour font de ce roman un conte philosophique où est posé, entre autre, la question de forces supérieures.
Bref, des taupes certes, mais on l'oublie tant leurs actions et leurs pensées sont humaines. Elles gardent néanmoins leur mode de vie et leur instinct taupe et ça, comme dans Watership Down, c'est excellent.
Alors bien sûr, on a à faire à des méchants comme Mandrake, un tyran qui tue pour l'exemple et fait régner la terreur jusqu'à prendre le contrôle des terriers, hummm..... on a des taupes scribes, des religieux, toute une bande de joyeux gamins, des sages, des gentils, des guérisseuses, des dangers (maladies, incendie, blizzard, famine, prédateurs), ce roman est vraiment d'une très grande richesse.
J'ai adoré cette histoire ô combien dépaysante et je remercie encore Eric pour cette découverte !
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J'ai retardé le plus possible le moment de refermer ce livre, je ne voulais pas quitter ces héros devenus des amis ! J'ai été envoûté par l'écriture sensuelle, charnelle et pleine de spiritualité de William Horwood. A travers ce conte anthropomorphique, l'auteur nous raconte en effet un beau récit d'apprentissage de l'enfance à la vieillesse de Brin-de-Fougère et de de Rébecca. Pour ce faire, l'auteur brasse plusieurs genres : lyrique, mystique, épique, sentimental ! Tout s'imbrique merveilleusement, les revirements inattendus sont toujours au rendez-vous. Ces taupes sont très humaines, pourtant l'auteur a pris soin de leur créer une mythologie et donne l'impression d'écrire en éthologue : on se prend à voir le monde à travers les yeux de l'animal, notre odorat retrouve sa puissance, notre sentiment d'amour et d'épouvante pour la grandeur de la nature est revigoré !

Un récit de 745 pages mettant en vedette des taupes, il fallait le faire ! J'ai plongé dans cette saga, d'abord un peu circonspect puis de plus en plus passionné. J'ai été inquiet, captivé, j'ai retenu mon souffle et vécu à leurs côtés beaucoup d'émotions. Par l'ampleur de son geste, par la beauté de son style, par la compréhension des sentiments, ce « Bois Duncton » de William Horwood est à mon sens un monument de la littérature qui mérite d'être mieux connu dans les pays francophone, à l'instar des « Garennes de Watership Down » de son compatriote Richard George Adams, peut-être plus épique mais délivrant une moins grande sagesse.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
D'un côté on trouvait le marais, de l'autre un talus qui s'élevait à une hauteur considérable et paraissait monter ainsi à l'infini. Brin n'en pouvait voir le bout, mais son ouïe et son odorat lui permettait de savoir ce qui se cachait derrière : des créatures qui faisaient un bruit de tonnerre, si étourdissant que le sol en tremblait sur leur passage. Quant à l'odeur, elle puait la mort, au point de rendre votre nez incapable de sentir autre chose.

« - Des hiboux hurlants, dit mystérieusement Boswell.
- Des hiboux ?
Je les ai vus. J'ai descendu ce talus, il y a deux nuits de cela. Au sommet se trouve un chemin plat, aussi large qu'un réseau de taupe. Les hiboux hurlants volent au ras de ce chemin. Attends seulement ce soir, et tu te rendras compte par toi-même. »

La troisième taupe, celle qu'avait chassée Brin-de-Fougère, était alors revenue furtivement se placer à portée de voix. Elle paraissait vouloir se joindre à la conversation et hocha la tête en guise d'approbation lorsque Boswell donna sa description des hiboux.

« Leur regard flambe au point que, la nuit, on voit leurs yeux d'en bas. C'est comme du feu, dit-il en se glissant près d'eux.
- Du feu ? interrogea Brin, pour qui ce mot était entièrement nouveau.
- Un soleil torride, mais qui tue tout ce qu'il touche. »
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SEPTEMBRE. De gros nuages gris d’orage escaladent les pentes de la colline de Duncton. La pluie tombe dru sur les prés, puis elle pénètre dans les profondeurs du bois lui-même, parmi ses chênes et ses hêtres. D’abord la bourrasque fouette les arbres qui plient et se fouaillent les uns les autres sous l’averse. Après quoi, le vent se meurt ; c’est une trombe qui s’abat ; l’eau descend en ruisselets le long des troncs et transforme le terreau des feuilles mortes en un tapis détrempé, gorgé d’une humidité glacée.
Quel tapage ! Par-ci, par-là, sans fin, la pluie tambourine, noyant tout autre bruit. On n’entend plus filer les renards, détaler les lapins, se battre les taupes. Enfin, chacun regagne son trou. Le bois sous le déluge est aussi tranquille qu’une galerie d’antan disparue des mémoires.
À l’exception d’une seule, toutes les taupes se sont profondément enfouies sous la terre. Elles se cachent de l’ondée et du vacarme. Elles sont à l’abri, bien au chaud dans l’obscurité de leurs terriers. Seul Brin-de-Fougère, le solitaire, est resté au-dehors. Il se blottit au sommet de la colline, parmi les grands hêtres qui s’agitaient dans le vent au début de l’averse et maintenant ne bougent plus. Maussades, dégouttant de pluie, grisâtres, ils se résignent.
Brin-de-Fougère a laissé les combats et les coups de griffes des galeries loin derrière, au pied du coteau, et à présent le voici dans l’ombre de la Grande Pierre, ce curieux rocher isolé qui se dresse silencieux, immense, à l’endroit le plus élevé du bois. Il est vieux de millions d’années et fait son âge : il est dur, gris, bosselé. Il y en a d’autres comme lui éparpillés sur les collines du sud de l’Angleterre, ce qui subsiste d’une couche épaisse qui recouvrait jadis toute la craie. Ces roches, autrefois au cœur de l’ancienne strate, continuent à battre de ses antiques pulsations, et cela leur donne une vie et un mystère qui n’échappent à aucun être vivant.

(Début du chapitre 1)
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"Rébecca est la fleur sauvage qui pousse au printemps, dont les feuilles sont du vert le plus tendre. Elle a la vigueur et la grâce des plus hautes tiges de l’herbe au bord du marécage. Ses rires et ses ébats ressemblent aux caprices du soleil dans le sous-bois quand les arbres s’inclinent doucement au gré du petit vent d’été. Ce qu’elle aime, c’est la vie même, et l’amour qu’elle donne est vaste et solide comme un grand chêne. Ses tendresses en sont les mille branches, et ses caresses toutes les feuilles mouvantes. Tu lui as ouvert ton cœur, c’est pourquoi il t’est revenu plus d’affection, beaucoup plus d’affection, que l’un ou l’autre n’en pouvait offrir. Si elle était là maintenant, elle viendrait à bout de tes souffrances et de ton désarroi, car elle est tout ce dont tu as besoin, et toute ton existence. Comme toi maintenant pour elle, maintenant et dans le passé. »
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Une fois dehors, il prit la direction des pentes. Dans le lointain, on entendait les corneilles, les pigeons ramiers, les merles, les rouges-gorges, peut-être une grive. Le croassement des corneilles dominait tout le reste, car au début du printemps les arbres n’ont pas de feuilles, et leurs cris portent davantage. Mais, au fait, oui, c’était le printemps !
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Brin entendit dans les hêtres au-dessus remuer les premiers souffles de la brise du soir. Quelques feuilles mortes descendirent avec lenteur, relancées dans leur chute, quelque part en haut et derrière eux, par les branchages au milieu desquels elles tombaient. Un pigeon ramier brusquement battit des ailes à la lisière du bois. Au zénith, on entendit chanter une alouette. Parfois aigus, parfois lointains, ses trilles montaient et descendaient dans les rafales. Le soleil, qu'on n'avait pas vu de toute l'après-midi, baissait au-dessous de l'amas de nuages mauves qui l'avaient caché. Il était pâle à présent, d'une couleur un peu délavée, parce qu'au loin, là où il restait en suspens dans le ciel, il avait plu. Pendant quelques instants, sous les nuées, ses rayons devinrent clairs et mordorés, puis à mesure qu'il sombrait davantage, ils commencèrent à rougir, et l'amoncellement nuageux qu'il avait laissé en arrière passa du mauve à un pourpre magnifique, festonné de rose.
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