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Critique de Jean-Daniel


Avec son roman « Soumission » Michel Houellebecq se retrouve à nouveau au centre de nombreuses polémiques. L'intrigue de cette politique fiction est à la fois simple et étonnante. L'élection présidentielle de 2022 voit triompher le leader de Fraternité musulmane, un parti « au positionnement modéré » créé quelques années plus tôt, au dépend de Marine le Pen grâce au soutien de l'UMP et du parti socialiste. Le nouveau président, Mohammed Ben Abbes, s'affichant comme modéré « qui défend des valeurs » et soucieux de « présenter l'islam comme la forme achevée d'un humanisme nouveau, réunificateur », est en effet parvenu à rallier le soutien des partis traditionnels, droite classique, centre et Parti socialiste.

Les premières mesures sont singulières et peuvent émouvoir les féministes mais également tous les lecteurs. Du jour au lendemain, les femmes s'habillent différemment et quittent le marché du travail, faisant ainsi reculer le chômage. Les universités deviennent islamiques et les enseignants non musulmans sont mis à la retraite d'office, sauf s'ils se convertissent. La polygamie est devenue légale pour les hommes. Le nouveau président est en fait faussement modéré et sait utiliser le désenchantement des électeurs ainsi que les moyens de communication et son pouvoir de conviction pour s'imposer subtilement.

François, le narrateur, solitaire et perdu dans un désert affectif, ressent lassitude et abattement. Professeur d'université qui est mis en retraite anticipée suite aux élections, il est le personnage principal de « Soumission », qui à l'origine devait s'intituler « La Conversion » car le narrateur devait initialement se convertir au catholicisme. Il se tournera finalement vers l'islam par pragmatisme et opportunisme.

Source de nombreuses polémiques plus ou moins vives, ce roman est une fiction avec son lot d'événements plus ou moins vraisemblables. Comme le souligne Alain Finkielkraut, Houellebecq, le « Droopy littéraire », « a les yeux ouverts et ne se laisse pas intimider par le politiquement correct ». Il avance comme un témoin et décrit "un avenir qui n'est pas certain mais qui est plausible". Houellebecq est un provocateur qui pratique la dérision et l'autodérision et qu'il convient de lire au second degré. Tout à la fois outrancier et subtil, invraisemblable et cohérent, ce roman présente une tristesse sous-jacente assez forte en raison de la constante ambiance de résignation due au désenchantement du monde occidental.
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