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Critique de caro_line


Ce livre est paru le 4 mars, soit 13 jours avant le début du confinement. Il n'aura peut-être pas eu le temps d'être beaucoup lu et/ou conseillé... Mais je l'ai lu et je l'ai apprécié. Je vous explique pourquoi en quelques mots.

Ce roman commence par un nouveau départ qui se veut prometteur : Aurore, jeune niçoise, s'en va pour les Etats-Unis rejoindre son fiancé Martin, charmant G.I. ayant participé à la libération de la France. Une nouvelle vie dans le "Nouveau Monde" l'attend, un mariage grandiose avec un Américain, c'est la consécration... Pourtant, arrivée dans le Midwest, Aurore apprend par la mère de Martin qu'il ne l'a pas attendue, qu'il ne l'épousera pas.

La nouvelle vie d'Aurore commence ici : dans cette impossibilité de revenir.

" Il n'y avait pas de retour possible mais pas non plus d'arrivée envisageable. J'étais en suspension. Je ne savais plus où aller ni qui j'étais, mais je me jurais de ne pas retraverser l'océan misérable et abandonnée alors que tous me croyaient majestueusement installée dans un paradis terrestre."

Aurore est la narratrice de ce roman, qui se révèle être son "journal". Un récit intime dans lequel elle dévoile sa vie à son fils, parti à 16 ans vivre à Nice avec son oncle. Une vie, parmi tant d'autres, qui décrit aussi l'Histoire d'une société.
En effet, à travers le destin d'Aurore, on plonge dans l'Amérique des années 1950, la place de la femme dans le monde du travail et dans la société, ses combats en tant que mère célibataire. Aurore et ses amies mènent une réflexion constante sur le rôle des femmes, sur la liberté, l'émancipation.

"Nous étions considérées comme inférieures par l'autre moitié de la population et de cette définition naissait l'impossibilité radicale d'écrire notre histoire. Ou était-ce l'inverse? Peut-être était-ce le fait de n'avoir pas écrit notre histoire qui nous désignait radicalement comme inférieures. Je regardais en tout cas cette écriture de l'histoire comme la clé du pouvoir. "

À travers son histoire d'amour avec James, c'est la question de la ségrégation qui émerge : "Si James était noir, alors j'étais blanche et je ne m'étais jamais définie comme ça. En quoi cela pouvait-il le déterminer ? en quoi cela pouvait-il nous déterminer?". La lutte pour les droits civiques guide leurs vies. On parcourt ainsi la vie intellectuelle et culturelle foisonnante de l'époque.
Dans les années 1970, c'est l'art contemporain qui est au cœur de sa vie et devient le vecteur de sa liberté. L'art comme "une manière de vivre", comme outil politique : une recherche permanente au cœur du bouillonnement du Village.

Dans ce journal, elle délivre ainsi les réflexions d'une femme en quête d'identité, ses combats et ses amours, la question de la parentalité, de la solidarité féminine, mais aussi des questionnements sur sa place dans le monde, en tant que femme libre, féministe.

Emilie Housse, historienne de l'art, nous livre un roman à l'écriture délicate et puissante, poétique.
Un beau moment d'évasion en cette période de confinement !
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