Or donc, j'avais découvert avec le premier volume de l'intégrale que je ne connaissais pas Conan. Ou plutôt que je le réduisais à l'image d'Épinal d'un barbare violent avec le QI d'une moule, un archétype très largement répandu dont Kalidor est un exemple frappant (aaah, Kalidor. Il est à Conan ce que le Canada Dry est à la bière.) Mais Bragelonne s'est investi d'une mission : republier les nouvelles originales, sans additifs et sans pastiches. Et cette édition déconstruit peu à peu le cliché du barbare en slip léopard pour remettre sur son piédestal le mythe de Conan le Cimmérien.
Je m'étais promis de ne pas lire la suite des aventures d'une traite pour éviter de me lasser. Et bien, c'est raté puisque ce second volume n'est constitué que de 3 aventures. Deux nouvelles plutôt classiques dans le format et un roman. du coup, pas d'effet de répétition pour ce volume, ça se lit comme du petit lait. Bon, toujours ces jeunes héroïnes courtes vêtues, ces monstres indicibles (dont une sorte de crapaud géant un peu risible) et ces sorciers plus démoniaques qu'un animateur de talk-show sur Fox News. Mais Conan en roi déchu d'Aquilonie qui tente de reprendre son trône, c'est tragique et héroïque juste comme il faut.
Mais le plus étrange, c'est que le travail de remise en contexte de
Patrice Louinet me passionne tout autant que les nouvelles. Il raconte superbement bien la vie de
Robert E. Howard, ses petites misères d'écrivain, ses joies à la publication d'une série de nouvelles, ses échecs à répétition... C'est presque aussi tragique que les aventures de son héros barbare. À un tel point que si
Patrice Louinet sortait une biographie de l'auteur, je me jetterais dessus volontiers. La vie d'un romancier pulp dans les années 30 semble tellement en dents de scie.
Bref, c'est encore un vrai plaisir de lire de la vieille littérature fantasy, de voir des jalons être posés par ces défricheurs d'imaginaire que sont les pères fondateurs de la fantasy que j'aime. Il reste encore un volume à cette intégrale : Les Clous rouges. Tout semble indiquer que cette troisième partie est le déclin d'Howard, la fin de l'âge d'or. Ce n'est pas grave : j'ai eu tellement de plaisir avec les deux premiers volumes que je vais boire la coupe jusqu'à la lie.
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