Citations sur Johannes Cabal, tome 1 : Le Nécromancien (15)
Le surmoi de Barrow se tenait sur les épaules de son moi et hurlait au travers de la herse: « si tu ne fais rien, on va avoir de sacrées emmerdes, espèce de balourd velu! Bats-toi ou tire-toi ! Marche ou crève ! » Le ça n’écoutait pas, bien évidemment. Il était assis dans le fauteuil du capitaine, sous une tente grossière, vêtue d’un caleçon, et contemplait d’un air idiot les yeux de Layla, des sables mouvants parfaitement enchanteurs dont peu réchappaient
Barrow reposa sa tasse.
— Pourquoi haïssez-vous à ce point la mort?
Cabal parut se reprendre.
— Je ne hais pas la mort. Ce n'est pas une personne. Oubliez ces histoires de squelette armé d'une faux. J'essaye de ne pas détester les concepts abstraits, c'est une perte de temps et d'énergie.
Quand il comprit enfin qu'il s'était fait chasser manu militari, il poussa un vilain juron dans une langue morte depuis huit mille ans, et fit ainsi preuve d'une étonnante érudition et d'une détestable grossièreté en même temps.
La foule grandissait. Une jeune femme leva nerveusement la main.
— Je... j'ai... j'ai des taches de rousseur.
Cabal fit un geste brusque du pouce par-dessus son épaule.
— Nous avons l'Enfant Dalmatien. Suivant?
Un homme se manifesta.
— J'ai les dents du haut qui cachent celles du bas.
— Dans ce cas, venez profiter de la vue du Requin Humain. Suivant!
— J'ai un petit nez, dit une blonde frisant le stéréotype accrochée au bras d'un homme riche.
— Il ne peut pas l'être autant que celui de Simone Sans-Nez. Suivant!
— Je suis roux, fit un ado.
— En effet.
Madame, derrière moi se trouve une véritable foire aux monstres. Un étalage de malheureux, de rejetés et de parias. Les voici réunis pour vous donner à vous, qui êtes normale, l'occasion de railler et de conspuer ceux qui ne sont pas nés sous une bonne étoile. Imaginez ! Vous êtes mécontente du profil de votre nez, des contours de votre mâchoire ou de vos yeux globuleux. Mais tout ceci n'est rien comparé à un homme dont la colonne vertébrale lui sort par le sommet du crâne. Des poils faciaux disgracieux ? Nous avons une femme à barbe ! Des problèmes de poids ? Nous avons l'éventail au grand complet : un squelette vivant et quelqu'un de si gras et adipeux que nous ne sommes toujours pas en mesure de certifier son sexe. Si vous avez le moindre complexe, c'est un endroit à ne rater sous aucun prétexte, dont vous ressortirez en vous disant : "Mince ! Ça aurait pu être moi !"
Les gens parlent souvent de la purée de pois de Londres, mais bien que ce brouillard légendaire soit parfois jaune, insalubre ou assez épais pour être mis en bouteille, il n'a absolument aucune élégance. La brume de Grimpen, elle, avait un certain panache. Elle dérivait lentement, de manière fort mystérieuse, en s'accrochant à tout. Comme en attente de quelque chose. Les gens détestaient assister à des enterrements là-bas. La brume, l'infâme brume, semblait surveiller les vivants. Et attendre qu'ils meurent.
Rufus ne l’écoutait pas et marmonnait dans la langue morte d’une civilisation pré-humaine qui avait accompli de réels prodiges magiques sans pour autant avoir inventé l’eau chaude.
[...]quand on vit dans des cavernes envahies de nuages de soufre, on est tout naturellement capable de voir au travers de verres fumés.
Maléfique. Le mot, dont on surabusait, avait perdu de sa force. Il était désormais incompréhensible pour le profane.
Johannes, en y mettant la meilleure volonté du monde, tu serais aussi drôle qu'un lépreux dans une orgie.