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Critique de vilvirt


Je n'aurais jamais imaginé que ma première rencontre avec Elizabeth Hoyt se passerait aussi bien ! Je suis passée par toutes les émotions avec ce livre et depuis ma récente expérience avec Lisa Kleypas, je ne m'attendais pas à retrouver aussi vite un tel plaisir de lecture avec un autre auteur de romance !

L'histoire est pourtant banale et exploite une fois encore les différences sociales qui mettent à mal certaines relations. Mais l'auteur apporte un complément solide à son récit grâce à des caractères précis et sympathiques et un scénario relativement original où les situations inconfortables et les personnages secondaires sont vraiment passionnants à suivre.

Le personnage d'Anna Wren, jeune veuve éloignée des clichés de la romance, nous montre une femme mûre qui a connu pas mal de désillusions et se bat toujours contre la pauvreté au moment où le livre démarre. Elle partage un cottage avec sa belle-mère (Mère Wren) et leur jeune bonne Fanny. Autant dire que la vie n'est pas simple pour ces trois femmes qui maintiennent coûte que coûte une apparence de respectabilité malgré leur revers de fortune. Elles ne se souviennent pas de leur dernier achat vestimentaire, mangent de la viande deux fois par semaine, font toutes les économies possibles et imaginables et survivent vaille que vaille grâce au potager. En effet, l'époux d'Anna est mort très jeune sans leur laisser de quoi vivre dignement. Lorsque Anna voit enfin la possibilité de gagner un peu d'argent en occupant un poste respectable auprès du comte de Swartingham, elle ne fait ni une ni deux et saute sur l'occasion ! Malheureusement pour elle, c'est le début des problèmes...

J'ai a-do-ré Anna ! Tout simplement ! Une femme fragile mais déterminée, pas forcément jolie, intelligente et fine, sans cesse tiraillée entre son souci des convenances et sa sensualité (d'où le titre, me direz-vous) et qui a enfoui l'amertume et les regrets de son précédent mariage sous les apparences bien lisses d'une veuve respectable. Anna possède pourtant beaucoup d'humour malgré sa situation et ses fréquentes joutes oratoires avec le comte sont extra !

Et notre fameux comte dans tout ça ? Et bien c'est un homme que j'ai trouvé vraiment fascinant : terriblement viril malgré ses cicatrices, marqué lui aussi par un précédent mariage et déterminé à épouser une fille à la généalogie on ne peut plus honorable afin qu'elle lui donne une ribambelle d'héritiers. Bien sûr, sa rencontre avec Anna va bouleverser ses plans. Comment ne pas s'attacher à cet ours mal léché, bourru, grincheux, et blessé dans sa chair et dans son âme depuis la disparition de toute sa famille à cause d'une terrible maladie qui l'a épargné mais également enlaidi ? Edward est une espèce de Rochester aux réparties cinglantes qui est absolument fasciné par sa petite secrétaire trop convenable. Les deux forment un couple atypique et attachant qui me rappelle - et oui !! - un certain roman d'une certaine Miss Brontë. Leur première rencontre est d'ailleurs particulièrement explicite : un cheval, un chien, une jeune fille qui passe par là à l'improviste, bref... je vous laisse imaginer le reste...

Mais le comte de Swartingham n'est pas un aristocrate ordinaire : il est passionné par l'agriculture et passe son temps avec ses fermiers, à arpenter des champs inondés, à sauver des brebis égarées dans les ruisseaux (ahhh... la scène de la brebis... le corps ruisselant, les cheveux dégoulinants... oulàlà.. je m'égare...) et à éviter autant que faire se peut les réunions mondaines des environs. Ses seuls écarts de conduite se résument à de fréquentes visites à Londres dans un certain établissement, qui lui permettent de conserver un célibat relativement paisible...

Quoique leur relation soit au départ exclusivement professionnelle, les choses évoluent très vite entre Edward et Anna qui se sentent irrésistiblement attirés l'un vers l'autre mais ne peuvent pas se laisser aller à leur passion naissante. C'est ici qu'Elizabeth Hoyt insère le scénario le plus excentrique que j'ai jamais lu dans ce type de roman et nous montre la vraie personnalité d'Anna qui est avant tout une femme déterminée à obtenir ce qu'elle veut et va prendre tous les risques pour ça. J'ai trouvé cet aspect de l'histoire joliment original. Il permet d'apporter du piment au couple d'Anna et Edward qui sans cela, seraient probablement restés éloignés l'un de l'autre pendant trop longtemps ! On retrouve un parfum de la Belle et la Bête dans ce récit, entre un homme marqué par les évènements tragiques de son passé, replié dans son domaine envahit par la solitude, et une jeune femme simple et dégourdie qui ne se laisse pas facilement rebutée par le caractère autoritaire et discourtois du comte.

Pour résumé, ce premier tome est une vraie bonne surprise qui allie passion, volupté et humour. Il a l'avantage de présenter des personnages sensibles et cohérents, malgré certaines situations un brin burlesques sur la fin, et fait même référence à une partie de la mythologie grecque - le mythe d'Eros et Psyché - à travers un conte de fée que l'on découvre à chaque début de chapitre et qui s'inscrit en parallèle du scénario principal. C'est aussi l'occasion pour le lecteur de faire la connaissance des deux "mâles" qui seront au centre des prochains livres et qui me sont déjà très sympathiques !

J'ai très envie de renouveler "l'expérience Hoyt" avec la suite de cette série : Liaison Inconvenante qui met en scène l'un des amis du comte.
Lien : http://tranchesdelivres.blog..
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