AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de PhilippeCastellain


Une nouvelle fois notre amie Nathalie m'a gâté pour mon anniversaire avec ce petit livre tchèque, une petite pépite improbable comme je les aime.

Plongée dans la Prague des années 60 et du temps du communisme, longtemps avant que la mondialisation l'ait transformée en ville spécialisée dans les enterrements de vie de garçon avec beuverie et stripteaseuses. Loin, très loin du monde gorgé de bruit et d'agitation que nous connaissons, un vieil ouvrier manie la presse hydraulique dans laquelle, sans trêve, coulent ferrailles, vieux papiers… Et livres. Livres qu'il attrape au vol, qu'il collecte, qu'il garde, dont il se nourrit, une phrase par si, une phrase par là. Chacun de ses paquets de rebuts, il les construits comme des oeuvres d'art, les orne, cache en leur coeur un livre différent.

J'en ai connu quelques-uns, sans doute parmi les ultimes et derniers, de ces ouvriers qui accomplissaient leur labeur comme un art. Ce qui pour la plupart d'entre nous passerait pour une tâche épuisante, répétitive et aliénante, était pour eux une sorte de symphonie dans laquelle ils mettaient leur force et leur intelligence, dans laquelle ils voyaient de multiples nuances et ils mettaient tout leur coeur. Ils tiraient orgueil de leur force, de leur ouvrage, et surtout de leur rigueur. On appelait ça, je crois ‘'le goût du travail bien fait''. Dire d'un homme qu'il ‘'n'avait pas le gout du travail bien fait'' signifiait : c'est un jean-foutre.

Merci pour ton cadeau Nathalie. Si tu me le permets, je profiterais de cette critique pour rendre un hommage à mon ami Fernando Garcia, décédé il y a une quinzaine d'années, et qui a toujours été gentil avec moi et tous les autres gamins du village de montagne où je passais mes vacances. Il avait fui l'Espagne franquiste pour sauver sa vie, il est arrivé en Haute-Savoie, où il a fait tous les métiers que les autres ne voulaient pas faire, et creusé des kilomètres et des kilomètres de tranchés à travers la montagne seul avec sa pelle et sa pioche. C'était un homme simple, et il avait le goût du travail bien fait. Mais contrairement au héros de l'histoire, il fut reconnu et aimé, et la fin de sa vie fut très heureuse.
Commenter  J’apprécie          270



Ont apprécié cette critique (27)voir plus




{* *}