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Critique de Bougnadour


Dans la Chine des années dix-neuf cent vingt Lin Xiangfu est un jeune paysan plutôt aisé mais solitaire. Un couple frappe à sa porte, Aqiang et Xiaomei se disant frère et soeurs sont en route vers le nord du pays à la recherche d'un parent. le lendemain Aqiang repart seul demandant à Xiaomei de l'attendre. Les mois passant et le frère ne réapparaissant pas, un inévitable rapprochement s'opère entre Xiangfu et Xiaomei qui deviennent amants. Mais un matin Xiaomei disparait sans un mot d'explication. Après avoir mis plusieurs mois à digérer sa déception Xiangfu a la joie de voir revenir la belle, enceinte de leur enfant. Il s'empresse de l'épouser mais après l'accouchement d'une petite fille, suivi de tous les rites d'usage Xiaomei s'envole à nouveau. Xiangfu qui l'avait prévenue qu'en cas de nouvelle fuite il la rechercherait jusqu'au fin fond de la Chine tient parole, avec enfant et balluchon sur le dos il part vers le sud à sa recherche.

Voilà comme débute ce Jules et Jim à la chinoise, dans lequel les deux hommes ne se côtoieront qu'une journée. Pour le reste ils sont également amoureux, chacun à sa façon, de cette mystérieuse et troublante Xiaomi.

Le roman est construit en deux parties : la vie de Lin Xiangfu, dont l'avenir était confortablement tracé et qui est bouleversé par un amour qui le transforme en vagabond sur des routes dangereuses puis la vie de Xiaomei jeune fille pauvre condamnée à un destin de labeur mais que l'amour des deux hommes va éclairer tour à tour.
Ceux qui avaient aimé « Brothers » trouveront un Yu Hua plus assagi plus romantique mais avec la même volonté de dépeindre la Chine. La période choisie est celle de l'effondrement de la dynastie Qing, qui est une époque de chaos où troupes armées en déshérence et des brigands vivent sur le dos des paysans qu'ils n'hésitent pas à enlever contre rançon. Yu Hua y trouve l'occasion de faire rejouer un remake des sept mercenaires aux habitants de la ville de Xizhen avec de bien sanglantes scènes (on ne se refait pas).

Mais l'essentiel est dans la peinture des traditions confucéennes qui pesaient encore durant cette époque, le respect dû aux parents, même morts, contraint la vie des enfants. Ne pas respecter les traditions c'était se couper de sa famille que l'on avait salie et se condamner à une vie errante. Aqiang et Xiaomei ainsi que Xiangfu ont dérogé aux rites ancestraux et leur vie en a été changée.

Si La ville introuvable n'a pas la puissance de Brothers c'est un roman passionnant et émouvant, on ne peut que s'attacher à des personnages qui ont des raisons de faire ce qu'ils font même si leurs choix nous troublent voire nous indignent.
Dans une récente émission de radio consacrée à Yu Hua, les traducteurs du roman, expliquaient que celui-ci avait en règle générale plusieurs romans en cours, on pourrait parier que le personnage de Lin Baijia la fille de Lin Xiangfu et Ji Xiaomei, quelque peu abandonnée en cours de récit reviendra dans un autre livre, on l'attend avec impatience.
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