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Critique de MarieLywood


Deuxième pièce de Victor Hugo après Manon Delorme interdite juste avant, c'est la première que je lis de l'auteur. Il l'écrit alors qu'il n'a que 27 ans. Pourtant les thèmes abordés sont nombreux et témoignent de ses réflexions et points de vue tant sur le fond que sur la forme. En effet la pièce est restée célèbre pour la “bataille” qu'elle a déclenché entre les tenants du classicisme et ceux du libéralisme. Cela est principalement dû à la forme qu'elle adopte. Victor Hugo cherche à se détacher de certains carcans tels les trois unités (de temps, de lieu et d'action) et il adopte une écriture volontairement provocatrice pour l'époque. Mais il introduit également du grotesque et certains codes de la comédie dans un drame. Cette bataille peut nous paraître un peu dépassée de nos jours car le lecteur ne voit pas forcément au premier abord où se trouve le scandale de la pièce.
Victor Hugo garde néanmoins de nombreux aspects relevant du classicisme comme l'alexandrin, même s'il prend des libertés avec son utilisation. J'ai apprécié le lyrisme de la langue utilisée qui accentue le côté dramatique de la pièce.

Mais là où Victor Hugo réussit le mieux réside selon moi dans les différents personnages qui composent cette tragédie. Ils sont d'une complexité, d'une profondeur et d'une variété très travaillées apportant ainsi une grande richesse à la pièce.
On a tout d'abord Hernani lui-même, chef des brigands. Il est l'exemple du héros romantique jeune et beau. La malédiction qui entoure la mort de son père le condamne dès le début et le poursuit tout au long de la pièce. Une sorte de fatalité l'entoure et l'on sent bien qu'il a déjà accepté de mourir.
Doña Sol, seule femme de l'histoire incarne la femme idéale à la beauté parfaite. Mais son amour pour Hernani est plus fort que tout, que le titre d'impératrice proposé par Don Carlos et que la vie elle-même. Loin d'être fade et secondaire, elle joue un rôle très important de par ses choix qu'elle assume et entend respecter au prix de sa propre vie.
Don Carlos apparaît au début comme un roi qui profite de la vie jusqu'à ce que le titre d'empereur lui apporte une certaine grandeur d'âme et de comportement. Cette transformation est un point très intéressant développé par l'auteur.
Enfin, Ruy Gomez de Silva peut avoir tendance à être sacrifié comme figure apportant le malheur mais cela serait négliger la fidélité qu'il garde aux valeurs du passé (l'honneur et le sens du devoir) ainsi que la passion qui le dépasse éprouvée pour Doña Sol. N'oublions pas qu'il n'hésite pas à protéger Hernani aux dépens de sa vie.

Il s'agit donc d'une pièce riche et intéressante qui mérite qu'on s'y intéresse en profondeur au delà des débats suscités à l'époque même si, les garder à l'esprit, permet de la resituer dans son époque.
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