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Critique de Laureneb


Je suis effrayée par la Légende des Siècles, je n'ose pas encore lire ce recueil fleuve de Victor Hugo, ayant peur d'être perdue dans les références érudites, l'accumulation des noms propres, d'être écrasée à ma lecture par le talent même de Victor Hugo.
J'ai donc décidé de lire la Fin de Satan, vaste poème épique et mystique, un long récit de 130 pages, qui en a été écarté. Et quel choc de lecture ! Tout le génie de Hugo semble s'exalter de ces pages, toutes les thématiques qui lui sont chères, toutes ses théories.
Pourtant, le sujet aurait pu me rebuter, moi qui ne suis pas croyante : Satan, l'ange déchu, ainsi qu'une réécriture de la prédication et de la Passion du Christ. Certes, il y a de nombreuses références bibliques, beaucoup de noms propres, mais ne pas toutes les maîtriser n'est pas nécessaire à la compréhension. Si j'ai pourtant été éblouie par ces passages, c'est qu'ils se présentent comme un récit, qu'on pourrait qualifier de récit à suspens, avec une construction autour des interventions de Satan au fond de son abîme, faisant venir sur terre parmi les hommes la violence et le meurtre, la condamnation judiciaire injuste, et la privation de liberté : "la guerre, le gibet, la prison".
Dans le récit de la Crucifixion, on retrouve le combat pour l'abolition de la peine de mort que Hugo a mené toute sa vie. Dans sa description des juges qui condamnent le Christ, sa dénonciation de l'Inquisition et des crimes de l'Eglise. Oui, Hugo est tout entier dans ce texte, qui déclarera avant de mourir croire en Dieu mais refusera les prêtres.
Oui, seul Hugo peut écrire une oeuvre mêlant ainsi par une série d'antithèses Satan et le Christ, la haine et l'amour, la violence et la volupté, un lépreux et une vierge, des vermines répugnantes et des oiseaux chanteurs. Je reconnais cependant avoir moins apprécié les sections sur le choeur des Vierges, même si, fait rare chez Hugo, l'amour sensuel, le désir physique est évoqué de façon claire, pas seulement par allusion. S'il y peu d'innovations formelles ou d'inventions stylistiques - beaucoup d'alexandrins - on retrouve son goût pour l'opposition et le rapprochement entre le grotesque et le sublime. Oui, seul Hugo peut ainsi faire de la Liberté un ange, de la France le peuple-prophète, et annoncer la prise de la Bastille comme un miracle divin.
C'est foisonnant, intense, complétement fou et complètement sublime.
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