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Citations sur La fin de Satan (26)

Satan dans la nuit - II

L'enfer, c'est l'absence éternelle.
C'est d'aimer. C'est de dire : Hélas ! où donc est-elle
Ma lumière ? Où donc est ma vie et ma clarté ?
Elle livre aux regards éperdus sa beauté ;
Elle sourit là-haut à d'autres ; d'autres baisent
Ses yeux, et dans son sein s'enivrent et s'apaisent ;
D'autres l'ont. Désespoir !

Oh ! quand je fus jeté
Du haut de la splendeur dans cette cécité,
Après l'écroulement de l'ombre sur ma tête,
Après la chute, nu, précipité du faîte
A jamais, à la tombe inexorable uni,
Quand je me trouvai seul au bas de l'infini,
J'eus un moment si noir que je me mis à rire ;
La vaste obscurité m'emplit de son délire ;
Je sentis dans mon coeur, où mourait Dieu détruit,
La plénitude étrange et fauve de la nuit,
Et je criai, joyeux, triomphant, implacable :

" Guerre à ces firmaments dont la lumière accable !
Guerre à ce ciel où Dieu met tant de faux attraits !
Il a cru m'en chasser, c'est moi qui m'y soustrais.
Il me croit prisonnier, je suis libre. Je plane.
Et le démon, c'est l'aigle, et le monde, c'est l'âne.
Et je ris. Je suis fier et content. J'ai quitté
Les anges vains, abjects, vils, et toi, la clarté
Qui les corromps, et toi, l'amour, qui les subornes !
Quel bonheur que la haine alors qu'elle est sans bornes !
Ce Dieu, ce coeur de Tout, ce père lumineux
Que l'ange, l'astre, l'homme, et la bête, ont en eux,
Ce centre autour duquel le troupeau se resserre,
Cet être, seul vivant, seul vrai, seul nécessaire,
Je vais m'en passer, moi le colosse puni !
C'est bien. Comme je vais maudire ce béni,
Et faire contre lui, tandis qu'Adam l'encense,
De la révolte avec mon ancienne puissance
Et de la flamme avec les rayons que j'avais !
Comme je vais rugir sur lui ! Comme je vais,
Moi, l'affreux, face à face avec lui le suprême,
Le haïr, l'exécrer et l'abhorrer ! "

Je l'aime ! -

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L'infini ne se peut prendre dans un filet.
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Alors, dans l'absolu que l'Être a pour milieu,
On entendit sortir des profondeurs du verbe
Ce mot qui, sur le front du jeune ange superbe
Encor vague et flottant dans la vaste clarté,
Fit tout à coup éclore un astre: _ Liberté.

(hors la terre II- La plume de Satan)
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Cette plume avait-elle une âme ? qui le sait ?
Elle avait un aspect étrange ; elle gisait
Et rayonnait ; c’était de la clarté tombée.

La plume de Satan
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O triste genre humain ! Sur tous les échafauds
Tant de sang fut versé dans les deux hémisphères
Que du fer qu’on en eût tiré l’on eût pu faire
Hélas ! tous les barreaux de toutes les prisons !
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Les trois femmes en deuil dans la tombe entreront,
Marchant l'une après l'autre, humbles, courbant le front
A cause du lieu bas et de l'entrée étroite,
Et verront un jeune homme assis dans l'angle à droite
Qui leur dira, serein comme un soleil levant:
"Pourquoi donc chez les morts cherchez-vous le vivant?"
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Les morts laissent ainsi quelquefois derrière eux
Quelque chose d'eux-mêmes au seuil de la nuit triste,
Sorte de lueur vague et sombre, qui persiste.
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Le Gibet I

L'enfer est tout entier dans ce mot : Solitude !
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Morne, il sentait monter dans son coeur solitaire
L'immense ennui d'avoir conquis toute la terre
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Le soleil était là qui mourait dans l'abîme.

L'astre, au fond du brouillard, sans air qui le ranime,
Se refroidissait, morne et lentement détruit.
On voyait sa rondeur sinistre dans la nuit ;
Et l'on voyait décroître, en ce silence sombre,
Ses ulcères de feu sous une lèpre d'ombre.
Charbon d'un monde éteint ! flambeau soufflé par Dieu !
Ses crevasses montraient encore un peu de feu.
Comme si par les trous du crâne on eût vu l'âme.
Au centre palpitait et rampait une flamme
Qui par instants léchait les bords extérieurs,
Et de chaque cratère il sortait des lueurs
Qui frissonnaient ainsi que de flamboyants glaives,
Et s'évanouissaient sans bruit comme des rêves.
L'astre était presque noir. L'archange était si las
Qu'il n'avait plus de voix et plus de souffle, hélas !
Et l'astre agonisait sous ses regards farouches.
Il mourait, il luttait. Avec ses sombres bouches
Dans l'obscurité froide il lançait par moments
Des flots ardents, des blocs rougis, des monts fumants,
Des rocs tout écumants de sa clarté première ;
Comme si ce géant de vie et de lumière,
Englouti par la brume où tout s'évanouit,
N'eût pas voulu mourir sans insulter la nuit
Et sans cracher sa lave à la face de l'ombre.
Autour de lui le temps et l'espace et le nombre
Et la forme et le bruit expiraient, en créant
L'unité formidable et noire du néant.
Le spectre Rien levait sa tête hors du gouffre.

Soudain, du cœur de l'astre, un âpre jet de soufre,
Pareil à la clameur du mourant éperdu,
Sortit, brusque, éclatant, splendide, inattendu,
Et, découpant au loin mille formes funèbres,
Énorme, illumina, jusqu'au fond des ténèbres,
Les porches monstrueux de l'infini profond.
Les angles que la nuit et l'immensité font
Apparurent. Satan, égaré, sans haleine,
La prunelle éblouie et de cet éclat pleine,
Battit de l'aile, ouvrit les mains, puis tressaillit
Et cria : - Désespoir ! le voilà qui pâlit ! -

Et l'archange comprit, pareil au mât qui sombre,
Qu'il était le noyé du déluge de l'ombre ;
Il reploya son aile aux ongles de granit
Et se tordit les bras. - Et l'astre s'éteignit.
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