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Critique de gerardmuller


La fin de Satan
Victor Hugo (1802-1885)
La Fin de Satan fait partie de l'épopée qu'est la Légende des Siècles, un poème épique âpre et immense allant de la Création jusqu'au repentir de Satan devant l'ange Liberté.
En vérité, ce très long poème philosophique n'a jamais été terminé.
Hugo fait de l'Homme son héros avec sa grandeur et sa portée symbolique en allant puiser dans les mythologies qui témoignent des aspirations et des croyances des hommes. Hugo fait revivre tous ces personnages avec les mystères, les miracles, le surnaturel et les mythes qui les accompagnèrent.
La Fin de Satan se déroule sur deux plans : hors de la terre avec le destin surnaturel de Satan, prince du mal, et sur la terre où l'esprit du Mal possède Nemrod qui incarne la guerre. L'esprit du Mal inspire alors aux hommes le crime affreux qui fait périr le Christ sur la croix. Mais la puissance du Mal voit l'ange Liberté faire se repentir Satan qui réapparaitra sous les traits de Lucifer, l'archange de la Lumière.
«« Alors, dans l'absolu que l'Être a pour milieu,
On entendit sortir des profondeurs du verbe
Ce mot qui, sur le front du jeune ange superbe
Encor vague et flottant dans la vaste clarté,
Fit tout à coup éclore un astre: _ Liberté. »

On trouve dans ce poème teinté d'expérience mystique un résumé de l'histoire de toutes les religions. Hugo fait montre tout au long de ces vers magnifiques d'une étonnante créativité et d'une belle érudition qui confèrent à la mise en scène de la lutte métaphysique du Bien et du Mal un réalisme et une complexité uniques.
du malheur de Nemrod, - premier héros biblique postérieur au déluge, fils de Koush lui même fils de Cham et donc petit fils de Noé, fondateur du premier royaume en Mésopotamie, - à l'ange déchu, ce poème porte à son apogée le combat de la lumière et des ténèbres. Les figures les plus noires de la Bible sont présentes notamment Caïn, création de Satan.
« Ces temps noirs adoraient le spectre Isis-Lilith,
La fille du démon, que l'Homme eut dans son lit
Avant qu'Eve apparût sous les astres sans nombre,
Monstre et femme que fit Satan avec de l'ombre
Afin qu'Adam reçût le fiel avant le miel,
Et l'amour de l'enfer avant l'amour du ciel. »

La chute de Satan et la naissance de l'Ange de la Liberté font de ce poème une fresque totalement hallucinée d'une beauté à couper le souffle, puissante et presque sauvage, alternant la lumière avec Jésus :
« Tous les mots qui tombaient de sa bouche
Etaient comme une main céleste qui vous touche. »

« … et le crépuscule avec Hérode Antipas :
Cet idiot mêlait le meurtre à ses repas,
Et regardait danser Hérodiade nue.
Il avait redoré l'aigle que dans la nue
Son père avait sculptée au fronton du saint lieu,
Car, pour flatter César, ces rois insultaient Dieu; »

Tous les héros de l'Histoire sont là : Alexandre, Annibal, César, Napoléon :

« Et les aigles montaient. Leurs ailes éperdues
Faisaient, troublant au loin les calmes étendues,
Un vaste tremblement dans l'immobilité;
Autour du char vibrait l'éther illimité,
Mer que Dieu jusque-là seul avait remuée.
Comme ils allaient franchir la dernière nuée,
Les monts noirs qui gisaient sur terre, soucieux,
Virent le premier aigle escaladant les cieux
Comme s'il ne devait jamais en redescendre,
Se tourner vers l'aurore et crier: Alexandre!
Le deuxième cria du côté du midi:
Annibal! le troisième, à l'oeil fixe et hardi,
Sur le rouge occident jeta ce cri sonore:
César! le dernier, vaste et plus terrible encore,
Fit dans le sombre azur signe au septentrion
Ouvrit son bec de flamme et dit: Napoléon! »

Sublime !





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