AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pascalmasi


Dans le mythe de Sisyphe, Albert Camus ouvre son texte par cette phrase quelque peu affirmative : “Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue [...].”

Surprenant, mais admettons.

Pourtant, avec Les Misérables, Victor Hugo soulève un autre “problème philosophique vraiment sérieux” que Camus semble oublier un peu rapidement : “L'homme peut-il devenir meilleur ?” Une problématique à laquelle tentent de répondre peu ou prou tous les écrivains et tous les philosophes depuis l'Odyssée d'un certain Ulysse. C'est dire...

Sous le couvert d'un roman épique et d'une fresque sociale en quatre volumes que l'on ne présente plus, Hugo prend le lecteur par la main et aborde frontalement cet autre “problème philosophique” dès le début de sa narration. Et tisse une réponse qui a fait le tour du monde. Mille huit cent pages plus tard, dans la dernière scène – celle où Jean Valjean montre à Cosette deux chandeliers qui ont changé sa vie -, Hugo fait dire à l'ancien forçat : “"C'est à [Cosette] que je lègue les deux chandeliers qui sont sur la cheminée. Ils sont en argent ; mais pour moi ils sont en or, ils sont en diamant ; ils changent les chandelles qu'on y met, en cierges. Je ne sais pas si celui qui me les a donnés est content de moi là-haut. J'ai fait ce que j'ai pu."

“J'ai fait ce que j'ai pu.”

Cette phrase claque. Elle sature l'air de la modeste pièce ou Jean Valjean va mourir. Elle livre un ultime appel à ce que chacun soit jugé sur ses actes. Sur tous ses actes. le morceau de pain volé, bien-sûr mais aussi sur la générosité gratuite et débonnaire d'un Monsieur Madeleine et d'un Monsieur Fauchelevent. Javert sera le premier à le comprendre.

Le lecteur, patiemment parvenu au terme de cet incroyable récit doit donc s'interroger et juger, lui-aussi : le bagnard en fuite, révolté et rongé par la haine de la société auquel l'évêque de Digne avait donné ces chandeliers, finalement, a-t-il fait ce que la vie d'un homme permet de faire ?

Lorsque on referme la dernière page de cette fiction hugolienne, nul doute que chaque lecteur tient sa réponse.

Merveilleuse. Tout simplement merveilleuse.

A lire, bien-sûr, à relire aussi et à emporter avec soi, pour toujours.
Commenter  J’apprécie          62



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}