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Critique de Denis3


Remerciements à Cannetille, qui m'a mis sur la piste des classiques !

L'horreur... quelle horreur ! Les dernières paroles de Kurtz, ancien de la CIA, ancien mercenaire, devenu fou. Un ultime moment de lucidité - il revit ce qu'il a vu, ce qu'il a fait, ce qu'ils on fait. Avant que la balle du tueur ne vienne solder les comptes et clarifier la situation tactique. La guerre du Viêt-Nam, façon Coppola.

La misère, c'est aussi cette horreur, glaucque, froide, noire, qui vient se coller à votre vie, s'y introduit, la vide, et vous transforme en quelque chose plutôt qu'en quelqu'un. L'horreur du vide, intérieur cette fois, ou la colère, l'envie, le honte viennent remplacer la générosité, l'amour, la vie même. le misérable, pour Hugo, c'est celui dont l'existence a, en son coeur, ce manque, cette rage, ce désespoir, ce hurlement. le pauvre n'est pas toujours misérable, ni le misérable pauvre !

Alors on essaye d'y échapper, à ce cauchemar. Javert, né dans le ruisseau, y échappe en se retournant contre ceux qui y sont restés : devenu policier, il combat la misère en éliminant les misérables, un à un, sans pitié, sans rage non plus, avec la méthode, la détermination de celui qui sait faire le bien. Spartiate, zélote, inquisiteur, il n'hésite jamais. Même pas quand c'est lui qui faute. Procureur jury et juge, il se suicide, par principe. Echec et mat.

Fantine, bonne fille, coeur aimant, est bousculée, abusée, avilie.. Elle tente de faire face, mais n'a pas les ressources pour garder la tête hors de l'eau. Elle sombre au milieu des vagues qui l'accablent.

Thénardier et sa nichée - il n'est plus question de famille à ce niveau de corruption - Thénardier n'essaye même pas. L'avons nous connu trop tard, a t-il jamais été humain? Nous ne le saurons pas. C'est l'état adulte de l'horreur. Il n'y a plus que rage, envie, colère - même plus de honte. Toute trace de dignité humaine a été expurgée. L'horreur - cette chose obscure, informe qui n'est qu'hurlement - règne en son sein.

Et puis Jean Valjean. Né pauvre, victime du sort, lui aussi a connu la déscente aux enfers. le bagne, pour vol d'une miche de pain. La voie était toute tracée. mais il a rencontré la bonté. Un homme, qui lui avait fait du bien, et qu'il avait pourtant volé, a répondu à ce vol en lui donnant une seconde chance : de quoi commencer une nouvelle vie. Et il l'a saisie ! D'apprenti misérable, Jean Valjean deviendra bienfaiteur, grâce aux rencontres, grâce aux autres, quelques autres...

Un roman de 1700 pages ! Une oeuvre politique, dont le message est clair : " de la lumière à flots . Aucune chauve-souris ne résiste à l'aube. Eclairez la société en dessous ! "(p.824). Un plaidoyer pour l'éducation nationale. La connaissance bannirait l'horreur. C'est un peu court, diron nous. Voilà bien l'optimisme exagéré d'une certaine époque. Mais le désir de perfection, restant insatisfait, ne doit pas mépriser ce qui tend vers un mieux. Comme Jean Valjean, acceuillons le bien que nous trouvons sur notre chemin, défendons le et essayons d'y ajouter un peu de nous.
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