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Les Misérables tome 0 sur 3
EAN : 9782072730672
1344 pages
Gallimard (29/06/2017)
  Existe en édition audio
4.34/5   2529 notes
Résumé :
Faut-il, peut-on résumer Les Misérables? Ce qu’en dit Hugo a de quoi intimider : «La destinée et en particulier la vie, le temps et en particulier ce siècle, l’homme et en particulier le peuple, Dieu et en particulier le monde, voilà ce que j’ai tâché de mettre dans ce livre, espèce d’essai sur l’infini.» Un essai? et sur l’infini? Infini et roman ne font pas toujours bon ménage. Mais ce roman-là, Baudelaire l’a bien vu, est «construit en manière de poème». Même idé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (173) Voir plus Ajouter une critique
4,34

sur 2529 notes
Ca y est ! J'ai réussi : 1344 pages très exactement. J'avais déjà lu Les misérables quand j'étais adolescente mais une édition « édulcorée ». Un jour dans une librairie, je me suis dit que c'était dommage alors sur un coup de tête j'ai acheté la version intégrale, laquelle ressemble plus à un parpaing qu'à un livre il faut bien le dire.

Pendant quatre mois ce fut ma lecture fil rouge. Pas question de me gaver, ou d'expédier. Et quelle lecture ! le mot description prend ici tout son sens. HUGO décortique, détaille, investigue, analyse, digresse avec gourmandise et générosité. Je n'ai pas lu Les Misérables, j'ai vécu avec eux. C'est un peu long parfois mais le rendu est spectaculaire. Ici pas d'ellipse pas de trous à combler tout, absolument tout est prévu, dit, raconté, expliqué. Signe d'une autre époque ou le temps s'écoulait différemment et où on ne pressait pas les écrivains d'écourter. Un temps ou les notifications ne nous harcelaient pas, où on vivait dans la vraie vie et pas dans le virtuel, où les écrans ne nous accaparaient pas.

HUGO ne décrit jamais ses personnages en une seule fois et pour cause les descriptions mises bout à bout font pour chacun d'entre eux une dizaine de pages. Ils sont d'abord ébauchés, puis on appréhende leur gestuelle, leur façon de se mouvoir, de se vêtir, leurs attitudes, leurs caractères, ils ont pris vie, on s'est apprivoisés, côtoyés, aimés, détestés, reconnus de loin, devinés ! Ils ont fait partie de mon monde. Et la magie a opéré de même pour les lieux j'ai frissonné dans l'auberge des Thénardier, me suis sentie à la maison chez monsieur Madeleine, ai respiré à plein poumons l'air frais en cheminant la campagne française aux côtés de Jean Valjean et de Cosette, j'ai hurlé sur les barricades, retenu mon souffle craignant de croiser Javert au détour d'une rue. Quelle aventure ! Avec en prime l'Histoire de France décortiquée.

Victor HUGO en bon narrateur, m'a tout expliqué, penché au-dessus de mon épaule de temps en temps il me rappelait que oui il pouvait bien revenir en arrière, remonter le temps car c'est le privilège du narrateur. D'accord Victor je te suis. Parfois il m'aidait à me souvenir : on se rappellera que … oui Victor, je me rappelle. D'autres fois il partait dans une direction qui me désarçonnait comme quand je me suis retrouvée sur le champ de bataille de Waterloo, mais il me prévenait toujours : c'est nécessaire à la compréhension de l'histoire. Patience… Alors je l'écoutais lui et son style suranné, ses tournures de phrases désuètes au charme incontestable, ses mots, maintenant disparus, ramenés à la vie pour quelques instants (merci mon dico d'étymologie) et ses jeux de mots attendrissants quand ils se voulaient sans doute spirituels et percutants à l'époque (filousophe) et puis l'argot qui donne du piquant au récit. Je ne me lassais pas de le lire et d'apprendre. le contexte historique et politique de l'époque, le mode de vie, les petits détails du quotidien, les habitudes, les moeurs, … passionnant ! Alors oui il est parfois un peu candide notre Victor, un peu trop confiant en la nature humaine, ses personnages sont parfois manichéens, mais il est aussi pertinent et visionnaire. Combien de ses idées, de ses prises de position, sont toujours d'actualité de nos jours ? « On dit que l'esclavage a disparu de la civilisation européenne. C'est une erreur. Il existe toujours, mais il ne pèse plus que sur la femme, il s'appelle prostitution ». Encore maintenant on pourrait débattre des heures sur ces mots.
C'est ça aussi Les Misérables : le témoignage d'une époque, d‘un combat, d'un engagement pour sortir de l'ombre ceux de l'ombre qu'aujourd'hui on appellerait « les sans » : sans dents, sans domicile fixe, sans-papiers, sans travail, sans revenus… les années ont passé mais il y a des Cosette plein les rues, des Thénardier, des Jean Valjean, des Gavroche…, et son combat contre le système pénitentiaire de l'époque et le droit à une seconde chance ? Pas certain que nous ayons beaucoup progressé là encore.

Et l'histoire? L'histoire vous la connaissez. C'est beau, c'est cruel, vous savez que c'est un crève-coeur. Tout le monde la connaît … dans les grandes lignes. Mais pour la vivre, la comprendre, la ressentir, et vous promener en tête à tête avec Victor, il vous faudra lire ces 1344 pages, arrêter le temps, savourer les mots.
Une fois la balade terminée et arrivé au mot fin il se peut que vous cherchiez cette voix au-dessus de votre épaule et que vous vous sentiez un peu orphelin. Parce que certaines lectures sont plus vivantes que d'autres. Parce qu'on n'abandonne pas des compagnons de route avec qui on a passé tant de temps sans un petit regard en arrière et un peu de vague à l'âme.
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C'est un thriller du XIXè siècle !
A Digne, Jean Valjean, galérien libéré aux idées embrouillées par le bagne avec son passeport de forçat qui l'exclut de la société, tuera t-il l'évêque Bienvenu pour lui voler ses chandeliers ?
A Montreuil-sur-Mer, Monsieur Madeleine, riche homme d'affaires altruiste, ira t-il se dénoncer à la place de Champmathieu, alors que Fantine a besoin qu'il extirpe sa fille Cosette des mains du cupide Thénardier, et que la ville de Montreuil, qu'il a fait prospérer, a besoin de lui ?
A Paris, l'implacable inspecteur Javert reprendra t-il le forçat reconnu Jean Valjean, alors que celui-ci a promis à Fantine mourante qu'il s'occupera de sa petite Cosette ?
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Victor Hugo fait de son oeuvre un immense procès à la Justice, qui ne sait pas s'adapter aux circonstances.
Mérite t-on 5 ans pour le vol d'un pain qui empêcherait une famille de mourir de faim par un rude hiver ?
Doit-on infliger 19 ans de galères abrutissantes à un forçat qui s'échappe, mais ne fait rien de mal ?
La "Justice" ne doit-elle pas tenir compte des bienfaits que Jean Valjean ( Monsieur Madeleine ) a apporté à la ville de Montreuil, et faire grâce de sa peine pour le "vol" de 40 sous à Petit-Gervais ?
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Au contraire du sens des lois de l'époque, Victor Hugo montre qu'un misérable, si on ne le rend pas à toute extrémité comme lui donner, une fois libéré, un passeport de forçat avec lequel il ne trouve aucun travail, ce misérable peut rester la bonne personne qu'il était.
En 1848, alors député, Victor Hugo a fait un discours en ce sens, mais les mentalités évoluent lentement.
Avec l'évêque Bienvenu et Monsieur Madeleine, Victor Hugo montre le chemin de l'altruisme et du partage que devraient prendre les gens qui "réussissent".
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Ce roman est toujours d'actualité : )
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Après quelques lectures décevantes, rien ne vaut un bon gros bouquin du patrimoine et hop! Cela faisait longtemps que j'avais envie de retrouver les misérables et voilà qui m'a bien rincé des vains opuscules que j'avais ouverts auparavant.
Alors oui, d'accord, y'a des trucs, c'est plus possible. Dans « Marius », j'ai souvent baillé et le roman total a vécu. Totor historien, Totor philosophe, Totor qui pense et explique la vie à ses lecteurs du haut de son génie, c'est quand même too much. Mais même dans cette logorrhée digressive, la pépite n'est jamais loin (oui, bon, faut la chercher, d'accord, elle se mérite). Et quand c'est le romanesque qui l'emporte, alors là, pardon, mais c'est inouï. Les personnages sont d'une humanité à pleurer et les grandes scènes nous cueillent: le grand-père et son petit-fils incapables d'exprimer leur amour, le maire devenu trop important pour se dénoncer, les grisettes applaudissant à leur propre humiliation, l'évêque qui renâcle devant le communard, Thenardier plein de haine rentrée faisant face au bourgeois plein d'onction charitable, Javert le pur sanglé par la loi... à part Cosette, tous sont nos proches. A moins que Cosette ne soit le délire de Valjean, poupée parfaite qu'il réussira à ne pas mettre dans son lit (Encore que j'ai des doutes: je trouve qu'elle n'est guère émue au matin de la nuit de noces, pas plus étonnée que ça de ce qui vient de lui arriver...) Car si certaines productions ont réduit ce roman à la gnangnantisation, malgré la mièvrerie des comédies musicales, il serait dommage d'oublier que la cruauté du monde, dans la version originale, n'est jamais édulcorée. La famille de Valjean dont on peut croire qu'elle n'a pas survécu à l'arrestation, les frère et soeur de Gavroche abandonnés à la rue, les sacrifiés des barricades aux morts inutiles... Pour une Cosette épargnée, combien de personnages fauchés par l'injustice et le malheur ? Pour un Gavroche entièrement altruiste, combien de fanatiques -fanatiques de la loi, fanatiques du sacrifice- ou d'égoïstes refusant de ne plus jouir? Ben oui, Hugo est subtil, c'est ce qui fait qu'il reste moderne et je parie qu'à ma prochaine lecture (dans 20 ans...) je ne changerai pas d'avis.
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Remerciements à Cannetille, qui m'a mis sur la piste des classiques !

L'horreur... quelle horreur ! Les dernières paroles de Kurtz, ancien de la CIA, ancien mercenaire, devenu fou. Un ultime moment de lucidité - il revit ce qu'il a vu, ce qu'il a fait, ce qu'ils on fait. Avant que la balle du tueur ne vienne solder les comptes et clarifier la situation tactique. La guerre du Viêt-Nam, façon Coppola.

La misère, c'est aussi cette horreur, glaucque, froide, noire, qui vient se coller à votre vie, s'y introduit, la vide, et vous transforme en quelque chose plutôt qu'en quelqu'un. L'horreur du vide, intérieur cette fois, ou la colère, l'envie, le honte viennent remplacer la générosité, l'amour, la vie même. le misérable, pour Hugo, c'est celui dont l'existence a, en son coeur, ce manque, cette rage, ce désespoir, ce hurlement. le pauvre n'est pas toujours misérable, ni le misérable pauvre !

Alors on essaye d'y échapper, à ce cauchemar. Javert, né dans le ruisseau, y échappe en se retournant contre ceux qui y sont restés : devenu policier, il combat la misère en éliminant les misérables, un à un, sans pitié, sans rage non plus, avec la méthode, la détermination de celui qui sait faire le bien. Spartiate, zélote, inquisiteur, il n'hésite jamais. Même pas quand c'est lui qui faute. Procureur jury et juge, il se suicide, par principe. Echec et mat.

Fantine, bonne fille, coeur aimant, est bousculée, abusée, avilie.. Elle tente de faire face, mais n'a pas les ressources pour garder la tête hors de l'eau. Elle sombre au milieu des vagues qui l'accablent.

Thénardier et sa nichée - il n'est plus question de famille à ce niveau de corruption - Thénardier n'essaye même pas. L'avons nous connu trop tard, a t-il jamais été humain? Nous ne le saurons pas. C'est l'état adulte de l'horreur. Il n'y a plus que rage, envie, colère - même plus de honte. Toute trace de dignité humaine a été expurgée. L'horreur - cette chose obscure, informe qui n'est qu'hurlement - règne en son sein.

Et puis Jean Valjean. Né pauvre, victime du sort, lui aussi a connu la déscente aux enfers. le bagne, pour vol d'une miche de pain. La voie était toute tracée. mais il a rencontré la bonté. Un homme, qui lui avait fait du bien, et qu'il avait pourtant volé, a répondu à ce vol en lui donnant une seconde chance : de quoi commencer une nouvelle vie. Et il l'a saisie ! D'apprenti misérable, Jean Valjean deviendra bienfaiteur, grâce aux rencontres, grâce aux autres, quelques autres...

Un roman de 1700 pages ! Une oeuvre politique, dont le message est clair : " de la lumière à flots . Aucune chauve-souris ne résiste à l'aube. Eclairez la société en dessous ! "(p.824). Un plaidoyer pour l'éducation nationale. La connaissance bannirait l'horreur. C'est un peu court, diron nous. Voilà bien l'optimisme exagéré d'une certaine époque. Mais le désir de perfection, restant insatisfait, ne doit pas mépriser ce qui tend vers un mieux. Comme Jean Valjean, acceuillons le bien que nous trouvons sur notre chemin, défendons le et essayons d'y ajouter un peu de nous.
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3500 pages, un monument, des digressions qui m'ont lassé mais ont éveillé ma curiosité sur une période de l'histoire dont je n'avais qu'une idée confuse.

C'est aussi l'histoire de Marius et Cosette, une manière un peu dégoulinante de jouer avec les sentiments qui ne me plait pas trop mais permet d'étayer la thèse assez légitime d'un républicain convaincu, qui tente d'analyser avec seulement un demi siècle de recul les bienfaits de la révolution.

Mais qu'écrirait-il si il revenait maintenant? Écrirait-il encore : 'La France n'a besoin d'aucune Corse pour être grande. La France est grande parce qu'elle est la France.'



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Citations et extraits (419) Voir plus Ajouter une citation
Cosette avait été belle assez longtemps avant de s'en apercevoir. Mais, du premier jour, cette lumière inattendue qui se levait lentement et enveloppait par degrés toute la personne de la jeune fille blessa la paupière sombre de Jean Valjean. Il sentit que c’était un changement dans une vie heureuse, si heureuse qu'il n'osait y remuer dans la crainte d'y déranger quelque chose. Cet homme qui avait passé par toutes les détresses, qui était encore tout saignant des meurtrissures de sa destinée, qui avait été presque méchant et qui était devenu presque saint, qui, après avoir traîné la chaîne du bagne, traînait maintenant la chaîne invisible, mais pesante, de l'infamie indéfinie, cet homme que la loi n'avait pas lâché et qui pouvait être à chaque instant ressaisi et ramené de l'obscurité de sa vertu au grand jour de l'opprobre public, cet homme acceptait tout, excusait tout, pardonnait tout, bénissait tout, voulait bien tout, et ne demandait à la providence, aux hommes, aux lois, à la société, à la nature, au monde, qu'une chose, que Cosette l'aimât !
Que Cosette continuât de l'aimer ! Que Dieu n'empêchât pas le cœur de cette enfant de venir à lui, et de rester à lui ! Aimé de Cosette, il se trouvait guéri, reposé, apaisé, comblé, récompensé, couronné. Aimé de Cosette, il était bien ! Il n'en demandait pas davantage. On lui eût dit : Veux-tu être mieux ? Il eût répondu : Non. Dieu lui eût dit : Veux-tu le ciel ? Il eût répondu : J'y perdrais.
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Tout à coup, le rôdeur nocturne s'arrêta. A quelques pas devant lui, dans le chemin creux, au point ou finissait le monceau des morts,de dessous cet amas d'hommes et de chevaux, sortait une main ouverte, éclairée par la lune. Cette main avait au doigt quelque chose qui brillait, et qui était un anneau d'or.

L'homme se courba, demeura un moment accroupi, et quand il se releva, il n'y avait plus d'anneau à cette main. L'homme ne se releva pas précisément, il resta dans une attitude fausse et éffarouchée ...Puis, prenant son parti, il se dressa. En ce moment, il eut un soubresaut. Il sentit que par derrière on le tenait. Il se retourna; c'était la main ouvertse qui s'était refermée et qui avait saisi le pan de sa capote.

Un honnête homme eût eu peur. Celui-ci se mit à rire. Tiens, dit-il, ce n'est que le mort. J'aime mieux un revenant qu'un gendarme. Il se pencha de nouveau, fouilla le tas, écarta ce qui faisait obstacle, saisit la main, empoigna le bras, dégagea la tête. tira le corps, et quelques instants après il traînait dans l'ombre du chemin creux un homme inanimé. C'était un cuirassier, un officier, même d'un certain rang. Il avait sur sa cuirasse la croix d'argent de la Légion d'Honneur .Le rôdeur arracha cette croix qui disparut dans un des gouffres qu'il avait sous sa capote.Après quoi il tâta le gousset de l'officier, y sentit une montre et la prit. Puis il fouilla le gilet, y trouva une bourse et l'empocha.

( pp.409-410, le charmant Thénardier commence sa belle carrière à Waterloo, après la bataille).
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Javert était né dans une prison d'une tireuse de cartes dont le mari était aux galères. En grandissant, il pensa qu'il était en dehors de la société et désespéra d'y rentrer. Il remarqua que la société maintient irrémissiblement en dehors d'elle deux classes d'hommes : ceux qui l'attaquent et ceux qui la gardent; il n'avait le choix qu'entre ces deux classes; en même temps il se sentait je ne sais quel fond de rigidité, de régularité et de probité, compliqué d'une inexprimable haine pour cette race de bohèmes dont il était. Il entra dans la police.


Il enveloppait dans une sorte de foi aveugle et profonde tout ce qui a une fonction dans l'État, depuis le premier Ministre jusqu'au garde champêtre. Il couvrait de mépris, d'aversion et de dégoût tout ce qui avait franchi une fois le seuil légal du mal. Il était absolu et n'admettait pas d'exceptions.

Il partageait pleinement l'opinion de ces esprits extrêmes qui attribuent à la loi humaine je ne sais quel pouvoir de constater des démons, et qui mettent un Styx au bas de la société.
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Il voulait que la société travaillât sans relâche à l’élévation du niveau intellectuel et moral, au monnayage de la science, à la mise en circulation des idées, à la croissance de l’esprit dans la jeunesse, et il craignait que la pauvreté actuelle des méthodes, la misère du point de vue littéraire borné à deux ou trois siècles classiques, le dogmatisme tyrannique des pédants officiels, les préjugés scolastiques et les routines ne finissent par faire de nos collèges des huîtrières artificielles.
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Il y a un spectacle plus grand que la mer, c'est le ciel ; il y a un spectacle plus grand que le ciel, c'est l'intérieur de l'âme.
Faire le poème de la conscience humaine, ne fût-ce qu'à propos d'un seul homme, ne fût-ce qu'à propos du plus infime des hommes, ce serait fondre toutes les épopées dans une épopée supérieure et définitive. La conscience, c'est le chaos des chimères, des convoitises et des tentatives, la fournaise des rêves, l'antre des idées dont on a honte ; c'est le pandémonium des sophismes, c'est le champ de bataille des passions. A de certaines heures, pénétrez à travers la face livide d'un être humain qui réfléchit, et regardez derrière, regardez dans cette âme, regardez dans cette obscurité. Il y a là, sous le silence extérieur, des combats de géants comme dans Homère, des mêlées de dragons et d'hydres et des nuées de fantômes comme dans Milton, des spirales visionnaires comme chez Dante. Chose sombre que cet infini que tout homme porte en soi et auquel il mesure avec désespoir les volontés de son cerveau et les actions de sa vie !
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Robert Badinter été particulièrement marqué chez Victor Hugo par ce qui fut le premier, le plus long et le plus constant de tous les combats de l'écrivain – celui qu'il mena contre la peine de mort. Ce combat d'Hugo contre la peine de mort est d'abord mené au moyen de son oeuvre littéraire. Dans deux romans, "Le Dernier jour d'un condamné" (1829) et "Claude Gueux" (1834), il dépeint la cruauté des exécutions capitales auxquelles il a assisté dans son enfance. Dès l'enfance, il est fortement impressionné par la vision d'un condamné conduit à l'échafaud puis par les préparatifs du bourreau dressant la guillotine en place de Grève.
Hanté par ces « meurtres judiciaires », il va tenter toute sa vie d'infléchir l'opinion en décrivant l'horreur de l'exécution, sa barbarie, en démontrant l'injustice et l'inefficacité du châtiment. Utilisant son génie d'écrivain et son statut d'homme politique, il met son talent au service de cette cause, à travers romans, poèmes, plaidoiries devant les tribunaux, discours et votes à la Chambre des pairs, à l'Assemblée puis au Sénat, articles dans la presse européenne et lettres d'intervention en faveur de condamnés en France comme à l'étranger.
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