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Critique de Lamifranz


« Les Rayons et les Ombres » (1840) composent le dernier tome d'une tétralogie [qui comprend également « Les Feuilles d'automne » (1831), « Les Chants du crépuscule » (1835) et « Les Voix Intérieures » (1837)], qui constituent entre « Les Orientales » (1829) et « Les Châtiments » (1853), la plus belle illustration de l'esthétique romantique, telle que voulue par l'auteur.
Le titre est explicite : « Les Rayons et les ombres », c'est-à-dire la lumière et l'obscurité. Et Victor Hugo montre du doigt celui qui est tout désigné pour faire passer l'humanité de l'ombre à la lumière : ce n'est ni plus ni moins que le poète dont la fonction est sacrée. Dans le premier poème du recueil, intitulé justement « Fonction du poète », il précise le rôle du poète dans la société, (ce qu'il avait déjà esquissé dans la Préface) :
« L'auteur pense que tout poète véritable […] doit contenir la somme des idées de son temps ».
« le poète en des jours impies
Vient préparer des jours meilleurs.
Il est l'homme des utopies,
Les pieds ici, les yeux ailleurs.
C'est lui qui sur toutes les têtes,
En tout temps, pareil aux prophètes,
Dans sa main, où tout peut tenir,
Doit, qu'on l'insulte ou qu'on le loue,
Comme une torche qu'il secoue,
Faire flamboyer l'avenir ! »
« Au-dessus des partis et de leurs luttes, le poète fait oeuvre civilisatrice ; il est la raison et la conscience ». (Pierre Albouy). Ajoutons aussi que le poète est guidé par une inspiration divine : « Peuples, écoutez le poète ! Ecoutez le rêveur sacré ! ».
Ce recueil est sans doute le plus abouti de la tétralogie précitée, il se pose en manifeste du lyrisme, annonce les grandes épopées épiques de l'exil (« Les Châtiments », « La Légende des siècles »), et même le tournant philosophique et métaphysique des dernières années (« La fin de Satan », « Dieu »).
Outre « Fonction du poète », le recueil comprend plusieurs autres poèmes emblématiques de l'auteur :
« Guitare » : « Gastibelza, l'homme à la carabine/Chantait ainsi… »
« Autre guitare » : « Comment, disaient-ils/Avec nos nacelles/Fuir les alguazils… »
« Tristesse d'Olympio » : « Les champs n'étaient point noirs, les cieux n'étaient pas mornes… »
« Oceano nox » : « O combien de marins, combien de capitaines… »
Et quantité d'autres moins connus mais tout aussi beaux.
L'intérêt de ce recueil est aussi qu'il met l'accent sur le côté humain : si la fonction du poète à une valeur civilisatrice, c'est parce que le poète a vocation d'être au plus près de ses frères humains. Et ça Victor Hugo, on le sait, le fait à merveille.
Un recueil très important, qui peut figurer sans rougir à côté des plus grands, comme « Les Châtiments » ou « Les Contemplations »

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