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Critique de ChatDuCheshire


J'avoue que je ne connaissais pas du tout cet auteur et que j'ai craint le cadeau empoisonné lorsque ce roman m'a été offert en "avant-première" par les éditions Gallimard sur l'entremise de Babelio.
Je craignais donc une lecture difficile et d'avoir à affronter le pensum de la "critique obligatoire" qui constitue la contrepartie de l'acceptation de la proposition.
Au final j'ai lu ce roman assez vite. Je n'en ai pas regretté la lecture puisque l'émotion fut souvent au rendez-vous, l'oeuvre me semblant toutefois au final d'une qualité inégale et justifiant le retrait d'une étoile signifiant que je n'aie pas été entièrement conquise.
Le héros, Tristan, dont on a du mal à saisir la personnalité (mais on comprend que cela a probablement été voulu par l'auteur, le message étant que personne ne se connaît jamais vraiment ni n'est connu des autres) vit une vie pas entièrement banale mais pas extraordinaire non plus, qui sera déterminée par trois facteurs : la culpabilité, l'aléatoire et un sentiment d'imposture (le héros utilisera lui-même les termes de folie, hasard et magie).
Culpabilité de n'être pas volé au secours de son entraîneur de boxe, qui s'était engagé dans une rixe dans le métro dont il se sortit avec des séquelles.
Aléatoire car s'il se "racheta" par la suite en volant au secours du futur amour de sa vie sur le point de se faire violenter dans un train, il demeura conscient que d'autres "possibles" auraient pû s'ouvrir (cette partie du récit, exposant les autres "possibles", fait furieusement penser à Paul Auster et notamment à son dernier opus, "4321", pas encore sorti en langue française au moment où j'écris ces lignes).
Le sentiment d'imposture du héros, en qui l'on place des espoirs ou des capacités qu'il estime non justifiés, s'exprime aussi, quoique de manière plus discrète tout au long du récit.
Tout cela se retrouve dans l'histoire d'une vie, voyant un fils d'ouvrier "s'élever", à l'époque où l'ascenseur social manifestait ses derniers soubresauts, dans les années 80, pour devenir prof dans un lycée de banlieue, sauver par l'effet du hasard celle qui allait devenir la femme de sa vie, et devenir finalement maire d'une petite ville de la banlieue parisienne "difficile", sous l'influence d'un beau-père politicien socialiste qui, dans les années 200O, finira gestionnaire d'un fonds d'investissement à Londres...
Ce roman est ambitieux, brasse les histoires personnelles sur une cinquantaine d'années, dresse une peinture assez juste de l'évolution socio-économique allant d'une certaine conception du socialo-communisme en France jusqu'à l'actuelle mondialisation néo-libérale et ses effets sur les gens, et exprime une philosophie de vie, celle de l'auteur, oscillant entre les divers pôles prédécrits. Peut-être un peu trop ambitieux mais, comme je le signalais plus haut, l'émotion surgit régulèrement au fil de ses pages et souvent de manière inattendue. Et une impression étrange d'approcher, par minuscules moments, cette idée du "destin" qui guide la plume de l'auteur...
Ma réserve porte sur la seconde partie, dite "La conquête", qui occupe tout de même une bonne soixantaine de pages d'un ouvrage qui en comporte 410 et qui se situe malheureusement à un endroit, juste après qu'on soit "entré" dans la lecture mais encore de manière fragile, qui pourrait en inciter plus d'un à l'abandonner en cours de route. Cette partie relate ce que je qualifierais comme étant l""ascension ordinaire" du héros et on se demande franchement si tout le reste sera d'un acabit aussi ennuyeux après un début pourtant assez prometteur.
Cette réserve mise à part je trouve qu'il s'agit, somme toute, d'un fort bon livre : qui émeut, interroge, apprend et/ou confirme des choses que l'on pense savoir de la vie. Je ne suis pas sûre toutefois que ce roman, quelque peu introspectif et apocalyptique sur le thème de la vie qui passe, "parlera" à un public jeune.
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