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Critique de Rodin_Marcel


Humbert Fabrice – "Comment vivre en héros ?" – Gallimard/NRF, 2017 (ISBN 978-2-07-274119-7) 416 pages

Fabrice Humbert poursuit l'exploration d'un monde qu'il connaît bien (cf recension de son précédent livre intitulé "Éden utopie"), celui de la gauche bobo-caviar-socialo
- qui détruisit le Parti Communiste dès avant la chute du mur de Berlin – remarquable portrait du père du héros, Marcel, ouvrier communiste, mais par ailleurs fruit du déclassement des descendants des agriculteurs –,
- cette "gauche" amalgamée et sciemment cocufiée par le Parti Socialiste de Mitterrand (qui instaure le scrutin à la proportionnelle en 1986 pour tirer des limbes le Front National),
- qui détourne et capte à son profit la nébuleuse cultureuse et tout particulièrement les "petits profs" engendrés par ces parents communistes, milieu par lequel le PS d'un Strauss-Kahn/Dodo-la-Saumure parvient à prendre le dessus dans l'ancienne "banlieue-rouge" (on voit même passer le Braouezec – certes orthographié avec une faute d'orthographe dans le patronyme -, pitoyable gauchiste égaré qui appela à voter pour le jupitérien freluquet Macron).
Tout ceci magistralement rendu à travers le parcours public du personnage central, dénommé Tristan.

Mieux encore, Fabrice Humbert parvient également, sans voyeurisme, à restituer une bonne part de la vie privée de ce couple improbable formé par Tristan (issu d'une famille ouvrière communiste) et son épouse Marie (issue d'une de ces familles de la gauche caviar qui se proclamait rocardienne, pôvre Rocard littéralement pulvérisé, humilié par son vicieux Tonton, avant de découvrir le monde du fric), doublant ces parents de leur progéniture, un Alexandre au destin (un peu trop) tragique, une Julie à l'image (un peu trop appuyée) de ces myriades de jeunes femmes "émancipées, libérées, battantes" (et tout et tout, la liste des adjectifs est quasi inépuisable) abondamment proposées en modèle absolu dans les colonnes de "Elle" et autres feuilles de choux de même acabit.

Seule ombre au tableau : ce récit –certes fort bien mené – ressemble plus à un compte-rendu, une chronique, un état de l'existant qu'à une oeuvre littéraire. Pour ma part, je n'y retrouve pas la qualité du style qui faisait l'originalité de "l'Origine de la violence", de la "Fortune de Sila" et même d' "Eden utopie".
Peut-être tout simplement parce que - finalement - l'auteur ne traite pas vraiment la question qui sert de titre à l'ouvrage : il ne parvient pas à dépasser la dimension anecdotique, à conférer une profondeur significative à son "héros"...
Dommage.
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