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Critique de Jacocorico


Récit de l'expédition à l'Everest de 1953 par son chef John Hunt.
Je remarque, en comparaison des divers récits alpins que j'ai pu lire, que ceux-ci sont plutôt moins intéressants lorsqu'ils sont rapportés par les chefs, une impression peut-être. Il me semble que ces derniers sont trop accaparés par leurs tâches de supervision pour transmettre pleinement au lecteur le caractère fantastique de l'aventure dont ils ont pris la tête, et que peut-être les responsabilités qu'ils portent ne leurs permettent pas de l'apprécier ou de l'exprimer aussi bien que d'autres membres de l'expédition. Ce livre est à mes yeux moins exaltant donc que Col Sud de W. Noyce ou Au Sommet de l'Everest de E. Hillary, qui retracent tout deux l'exploit qu'a été la première ascension de l'Everest.

À quoi bon lire des récits d'expéditions himalayennes alors ? C'est toujours un peu pareil. Un groupe d'hommes se réunit, bavarde, prépare des dizaines de caisses et les expédie à l'autre bout de la planète. Des indigènes s'en saississent et les hissent à travers un territoire inhospitalier, jusqu'au pied d'une immense masse de roche et de glace. de là démarre d'incessantes navettes entre camp de base et camps d'altitude pour permettre à un petit groupe d'hommes, souvent une cordée dans sa plus simple expression, parfois moins encore, de pouvoir seulement prétendre oser tenter le sommet. Tout ces préparatifs sont presque aussi fastidieux à lire qu'à faire, alors à quoi bon?

Et bien parce qu'il m'apparait qu'il n'y a pas de ressort dramatique plus efficace que l'échec qui talonne des hommes près de toucher leur rêve. Lorsque ceux-ci parviennent à la limite de l'espace vivable, que leur entreprise ne tient qu'à un fil à l'épreuve du temps, du froid, du vent, de les imaginer peiner au moindre pas, respirer dix fois avant de pouvoir en enchaîner un deuxième, tout endurer pour quoi? J'en suis tout à fait fasciné.

C'est par ailleurs un moyen de visiter un monde hors du temps, presque un autre monde, ces lectures m'offrant une perspective surréaliste, une fenêtre sur l'ultra-terrestre à travers laquelle je ne me lasse pas d'observer.
Les dernières réflexions de John Hunt m'accompagneront toute ma vie, et à toi lecteur de passage j'adresse celle-ci : le véritable alpiniste n'est pas celui qui parvient à hisser son corps au sommet de la montagne, mais celui qui sait y projeter son esprit.
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