Envie d'air pur ? Besoin d'évasion ?
Tenté par un récit historique ?
Avide d'assister à un exploit sportif de haut niveau ? de voir une incroyable équipe en action ?
Désireux de suivre une aventure humaine hors-norme ?
J'ai une très bonne nouvelle pour vous : j'ai trouvé le livre parfait. Un ouvrage, un seul, qui répondra à toutes vos attentes ! Cerise sur le gâteau ou plutôt "cherry on the cake" , vous y lirez un court avant-propos rédigé par S.A.R. le duc d'Edimbourg, et à la fin vous pourrez même trinquer au couronnement d'Élisabeth II !
Victoire sur l'Everest vous fait voyager dans l'espace et dans le temps.
Il vous plonge dans une autre époque, celle des grandes épopées de l'alpinisme.
Il vous emmène au coeur de l'action, entouré d'une équipe fantastique dans laquelle chacun a donné toutes ses forces, toute sa volonté et toutes ses capacités, pour la réussite de tous.
"Ce livre se propose de raconter comment, le 29 mai 1953, deux alpinistes d'une résistance physique et d'une classe exceptionnelle, inspirés l'un et l'autre d'une résolution inébranlable, parvinrent
au sommet de l'Everest, puis revinrent sains et saufs parmi leurs compagnons."
Ainsi commence
Victoire sur l'Everest, sous la plume de
John Hunt, chef d'expédition.
Celui-ci se révèle être un très bon écrivain. Son récit est vivant et très bien construit.
En homme honnête, il ne cherche pas à s'attribuer tous les mérites, et sa modestie transparaît tout au long du texte. Que c'est agréable !
Non seulement il reconnaît la contribution de chacun (membres de l'expédition et sherpas), mais également il remercie les onze grandes expéditions qui se sont succédé depuis 1921 et qui ont toutes apporté leur pierre à l'édifice.
Chacune a exploré une nouvelle partie, a révélé des pièges, a donné des conseils avisés, et le tout a permis a celle de
John Hunt d'aller jusqu'au sommet.
Maurice Herzog écrit fort justement dans la préface : "Le général
Sir John Hunt a senti que l'Expédition dont il était le chef était l'aboutissement d'une longue chaîne. Avec une touchante gratitude, il a rendu hommage à ses prédécesseurs qui ont parfois tout donné pour cette victoire ; à ceux qui ont découvert la voie du succès [...], ou qui l'ont reconnue [...]. L'homme retourne plus facilement là où son semblable est allé."
Dans les deux premières parties (I La toile de fond, II le plan)
John Hunt détaille la préparation et l'organisation. Certains aspects semblent simples, on se dit que l'on y aurait pensé. D'autres sont surprenants. Je ne vous dit rien de plus : je vous laisse le plaisir de la découverte.
John Hunt a organisé, prévu, calculé, anticipé, jusque dans les moindres détails.
Tout est fait pour minimiser le hasard. En bon officier, c'est un véritable plan de bataille qu'il a établi, et suivre tout ce travail préparatoire est passionnant, d'autant plus que l'on a rarement l'occasion de le faire : dans la plupart des récits, cette étape est très peu détaillée voire complètement passée sous silence.
Si ce n'était déjà fait, le lecteur prend conscience de l'énorme tâche que représente l'organisation d'une expédition de grande envergure, et se rend compte que les alpinistes préparent tout afin de limiter les risques et d'augmenter leurs chances de victoire.
Dans le cas de l'expédition de
John Hunt, le travail a été effectué d'une façon incroyablement minutieuse, avec une efficacité et une rigueur toutes militaires.
Ensuite, place à l'expédition ! Deux parties (III L'approche, IV le dispositif) sont consacrées à l'installation du camp de base et des différents camps d'altitude, ainsi qu'aux reconnaissances effectuées en de multiples endroits.
Un travail harassant et souvent ingrat.
Les hommes se relaient, selon leurs compétences et leur état de forme, et le chef prend largement sa part.
Il reconnaît les mérites de chacun, qu'il s'agisse des alpinistes ("George avait accompli durant ces onze jours une performance qui restera inscrite dans les annales de l'alpinisme comme un prodige de ténacité et de science.") ou des sherpas ("Aucun éloge n'est trop grand pour eux.").
John Hunt et tous les membres de l'expédition font preuve d'un grand respect envers les sherpas, et sont conscients du mérite qui leur revient ; ils ne les considèrent pas du tout comme étant inférieurs à eux mais comme des alpinistes à part entière.
Dans le livre d'
Edmund Hillary,
Au sommet de l'Everest, l'amitié qu'il avait nouée avec Tenzing m'avait beaucoup touchée ainsi que le fait qu'il ne faisait aucune différence de valeur entre lui et ce sherpa fantastique qui l'avait accompagné au sommet. J'ai retrouvé cet aspect avec bonheur sous la plume de
John Hunt.
La cinquième partie (V L'assaut) est palpitante. On connaît la fin bien sûr, ce "happy end" de la victoire, mais on ne connaît pas tout le chemin parcouru pour l'atteindre.
John Hunt raconte d'une façon tellement prenante et vivante que l'on suit avec un immense plaisir toute l'histoire.
La dernière sous-partie, sobrement intitulée "Le sommet", est sous-titrée "par sir
Edmund Hillary" : plutôt que de relater des propos rapportés, le chef a laissé la parole à celui qui avait vécu cette ultime étape. L'émotion est naturellement à son comble dans ces lignes.
Dans une dernière partie (VI Après la victoire),
John Hunt relate le retour puis partage ses réflexions. Elles sont celles de celui qui a pris du recul et a intelligemment tout analysé.
Ce livre est une merveille !
Passionnée depuis toujours par l'histoire de l'alpinisme, j'ai lu nombre d'ouvrages sur le sujet et celui-ci fait partie des tout meilleurs.
Une grande aventure sportive et humaine, une aventure d'équipe.
Un chef pour qui j'ai une profonde admiration.
Compétences, intelligence, sens de l'organisation, sens de l'humain, modestie :
John Hunt avait toutes les qualités pour être un grand leader, et il l'a été. Tout au long de l'aventure il s'est préoccupé du moral de ses troupes ainsi que du bien-être matériel et psychologique de tous ses hommes.
On aimerait tous avoir un tel chef !
Lorsqu'il reçut, le 11 septembre 1952, un télégramme l'invitant à prendre la direction de l'Expédition britannique prévue au printemps suivant,
John Hunt fut partagé, conscient de l'immense responsabilité que cela impliquait : "Les sentiments que j'éprouvai furent d'enthousiasme et d'effroi en proportions à peu près égales." Qu'il soit rassuré, il a été plus qu'à la hauteur de la tâche qui lui avait été confiée !
Un an avant les Britanniques, des Suisses s'étaient attaqués à l'Everest. Ils avaient presque réussi, atteignant l'altitude de 8 600 mètres.
John Hunt s'était longuement entretenu avec eux afin de recueillir le plus d'informations utiles possibles.
Savez-vous ce qu'il fit le lendemain de la victoire de son équipe ? Et dont il ne parle pas dans son livre, mais que l'on apprend dans la courte postface de Bernard Pierre ?
Il adressa ce câble (!) aux Suisses : "À vous une bonne moitié de la gloire !"
Comment ne pas être admirative de cet homme ?