On ne dira jamais assez combien les auteurs français en général et
Flaubert en particulier ont pu influencer nombre d'écrivains américains contemporains. Et
Zorrie de
Laird Hunt – traduit par
Anne-Laure Tissut – en apporte une nouvelle preuve.
En écho à la Félicité d'
Un coeur simple, Hunt transpose la Normandie flaubertienne dans l'Indiana pour y placer sa
Zorrie Underwood et son rude apprentissage de la vie de campagne, dans une approche de roman réaliste au charme fou.
Doublement orpheline de parents puis de tante adoptive,
Zorrie va prendre sa vie en main en quittant sa terre natale pour découvrir le monde et gagner sa vie à Ottawa, avant que la nostalgie et la force des racines ne la ramènent en Indiana.
Femme courage et dure à la tâche,
Zorrie va construire sa vie autour du développement de son exploitation, d'un mariage heureux et d'une attention permanente aux autres. Une vie simple, une femme simple, un livre simple. Avant que son environnement ne bascule.
Zorrie est un court roman dans lequel il est bon de se glisser et de se laisser emporter par le fil d'une vie certes banale, mais pleine d'humanité envers Janie, Harold, Gus, Noah, Opal, Ruby, Virgil et les autres.
Zorrie est à la fois un questionnement perpétuel sur la vie qu'elle veut mener et un pivot qui s'ignore pour toute une communauté rurale dont elle devient peu à peu un élément central et réparateur.
Femme qui cherche et qui doute,
Zorrie est une femme au coeur ouvert à l'autre, suivant l'adage de
Pétrarque : « Celui qui peut dire de quel feu il brûle ne brûle que d'un petit feu. »
Derrière une apparente simplicité, le style de Hunt et sa traduction séduisent par leur fluidité et les clins d'oeil nature et poésie qui affleurent au détour d'une page, témoignant de ce fort attachement à la terre. À ne pas manquer.