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Citations sur Le Gardien sans sommeil (17)

Tout au fond, on frappait. Des assauts si indistincts qu’ils ne venaient pas seulement de loin mais de longtemps.
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Je te coucherai dans le lit où tu es né, près d'elle. Tu t'impatienteras sûrement, mais je ne pourrai pas te reprendre à ses bras, elle te gardera pour épuiser le manque, la crainte, et même tes larmes lui seront précieuses. Anna les éteindra bien mieux que moi.
Mais pleure, Bo, si tu veux - tu as tout bu, mon bébé, c'est fini -, je te bercerai, je marcherai de long en large autant que ce sera nécessaire. Je n'ai plus de fatigue. J'ai tout le temps de te parler. Tout le premier hiver du monde.
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L’hiver lui fit l’effet de ces monstres d‘histoires, qui rôdaient et guettaient la moindre brèche. Sören ne pensait plus que de telles créatures soient réservées aux contes. Il devinait qu’elles savaient se déguiser en hommes. Et sous d’épaisses couvertures, enfermé du mieux qu’il avait pu, il se demandait si une faille lui avait échappé.
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Tout au fond, on frappait. Des assauts si indistincts qu'ils ne venaient pas seulement de loin, mais de longtemps. Les coups s'avançaient à sa recherche, ils avaient une bouche et répétaient la même chose, un mot qui était une alerte, une exigence - mais il ne parvenait pas à l'identifier. C'était un langage inconnu, ou bien on lui avait ôté la capacité de comprendre. Il avait un corps lui aussi désormais, il était dans la même réalité que ce bruit, ce cri de plus en plus élevé tandis que son corps devenait lourd. Le martèlement battait tout autour. Il crut d'abord qu'il était un cercle, mais une autre pensée se solidifia. Il était le centre. La cible. Le son le désignait, lui.
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Il y avait des ronces comme cela, qui croissaient à l'ombre des talus, si vite qu'on aurait pu les voir ramper d'un jour à l'autre ; si l'on n'y prenait pas garde, leurs branches entremêlées, impénétrables, devenaient des bosquets noirs où seuls les lièvres plongeaient. L'idée avait dû pousser de cette façon en lui. Ou se creuser un terrier, si profond qu'il n'y avait plus rien à faire. C'était ce que faisait le temps. Des galeries patientes, qui se révélaient trop tard.
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Derrière lui le village s'éteignait : une impression qu'il était bien incapable de s'expliquer. Elle dépassait l'absence de bruits, de mouvements ; la lumière même s'estompait autour des bâtiments, et le paysage prenait la couleur de la solitude, dévoilant son effrayante sécheresse.
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Depuis quelque temps il avait remarqué ce changement : cet accroissement de sa perception. Comme si le monde était devenu plus vaste et l'accablait de ses détails. Sören voyait davantage. Ce petit paquet de laine blanche, prisonnier dans les ronces. Les grappes nues du fenouil sauvage près de la clôture. Il se surprenait à regarder les feuilles mortes et leurs dentelures remarquables. Sous ses semelles, le sol était parsemé de milliers de petits monticules d'une terre noire qui s'entortillait, signes de l'activité invisible d'autant de milliers de vers. Peut-être que cet enfant à venir avait étendu sa vigilance. Ou peut-être que tout était devenu plus beau.
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Ils rentrèrent à la ferme, les doigts entremêlés, préparèrent l'intérieur pour les mois à venir. Une fatigue plus grande les avait saisis tout à coup, occupant la place laissée vide en eux. Anna ne pouvait se défaire de l'image de son fils, ses yeux écarquillés quand elle l'avait remis à la nourrice. Elle eut envie de respirer, plusieurs fois, rien que ça : sentir le parfum de sa peau. Sören s'fforça lui aussi de se souvenir de cette odeur, suave, qui montait du cou de leur bébé quand il embrassait ses joues rondes comme des pommes. Un parfum chaud, lacté, légèrement acide. De la myrtille ? Il avait adoré ce petit, à la seconde où il était né. Il l'avait adoré parce qu'il était comme lui. Le même enfant vaguement inquiet, sentant que son calme n'était pas fait pour ce monde et l'exposerait à la douleur. Il l'avait porté chaque jour depuis des mois et il venait déjà d'oublier la sensation de son poids.
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La paix est un équilibre entre ce qui nous manque et ce qui nous reste. Entre le savoir et l ignorance.
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Il n'avait plus rien dit ensuite , il était resté là à faire des nœuds avec ses doigts froissés, jusqu'à ce qu'on le raccompagne.
( p 100 )
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