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Critique de sultanne


Moi, ma Jeannine à moi, elle s'écrit Janine. C'est vous dire qu'à sa naissance, déjà, elle était pas qu'un peu contrariante !

Difficile à croire que ses doigts noueux ont un jour touché d'autres corps avec autant de volupté qu'on le dit, et d'imaginer, sous son éternelle blouse à fleurs, les dessous affriolants qu'on lui a toujours prêtés…

Ma Janine à moi, c'était "une drôle", et inutile de vous préciser que c'était pas un compliment ! Jusqu'au bout, elle a pincé les fesses des messieurs et tenté de les embrasser sur la bouche, l'air de rien, en leur murmurant les paroles suaves de vieilles chansons qui la faisaient rêver.

Ma Janine à moi, elle est partie avec ses secrets qu'elle voulait pas laisser "comme si on tirait pas sa chasse d'eau" qu'elle disait. "T'as pas besoin d'savoir, ma fille" qu'elle me soufflait. "Tes beaux yeux, ils sont pas faits pour tout ça".

Madame Huon, votre roman de vieux, il a eu une résonnance bien plus vive que vous ne pouvez le penser : cette semaine, au moment-même où ses pages se tournaient entre mes mains, un dernier coup de clé a été donné dans la porte de sa maison, à la Janine, après deux années d'une lutte acharnée que se faisaient quelques rapaces autour de ses biens… moi j'aurais donné ma vie pour aller y fouiner, juste un peu ; qui sait ? peut-être j'aurais trouvé, dans un placard, de vieux cahiers usés sur lesquels elle m'aurait tout raconté ?

Elle a gardé sa tête jusqu'au bout, mais elle est partie, ma Janine, en emportant avec elle tous ses secrets, dont celui de ma naissance, et du mystère de sa réputation de coquine. La vieille bique qui disait ses quatre vérités à qui voulait l'entendre, c'en était une sacrée méchante qu'y paraît… et je suis persuadée, au fond de moi, que cette méchante, qui m'a légué sa soif de vivre et son incomparable auto-dérision, si elle était méchante, parfois, c'est qu'elle rêvait furieusement de cet amour qu'elle ne pouvait plus ni recevoir ni même donner…

Alors j'aurais voulu faire plus de chemin avec Jeannine, avec Lucienne, avec Pierrot, Gaston et Gisèle. Je les aurais voulus plus fouillés, en savoir plus, ne pas les quitter et porter moi aussi mon petit bonnet de laine, mais je crois, que j'ai mis trop de mes p'tits vieux dans ce roman qui ne peut pas me rendre ce qui est parti…

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