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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Cycle de violence (épisodes 10 à 15, 0). Il comprend les épisodes 16 à 21, ainsi que le numéro annuel 1, initialement parus en 2013, tous écrits par Gerg Hurwitz. Les épisodes 16 à 18 et 21 sont dessinés par Ethan van Sciver. Les épisodes 19, 20 et annuel 1 sont dessinés par Szymon Kudranski. Il est possible de lire ce tome sans avoir lu les précédents, le niveau de continuité étant assez faible.

Épisodes 16 à 21 - Gotham essuie à nouveau une vague de disparition et de meurtres. Ils semblent être le fait d'un étrange personnage à la petite stature, à la tête de plusieurs entreprises. Jervis Tetch recrute de force des individus pour jouer dans une mise en scène des aventures d'Alice au pays des merveilles (1865) ; il abat froidement ceux qui ne trouvent pas grâce à ses yeux. Il a également développé un dispositif de contrôle des esprits qu'il diffuse à travers des jouets. Batman mène l'enquête, palliant la police qui ne sait pas comment contrer ce genre d'individus. Côté civil, Bruce Wayne fait le constat amer que sa relation avec Natalya Trusevich n'a pas d'avenir (constat partagé par la dame).

Annuel 1 - Scarecrow (Jonathan Crane), Penguin (Oswald Cobblepot) et Mad Hatter (Jervis Tetch) se retrouvent dans l'asile psychiatrique pour jeunes gens (désaffecté) où quelqu'un les a convoqués. Ils passent une très mauvaise nuit.

Comme l'explique bien Tornado, le lecteur doit adopter la bonne perspective pour apprécier cette histoire. Greg Hurwitz conçoit une histoire qui doit respecter un certain nombre de contraintes éditoriales : se situer dans les débuts de la carrière de Batman (version New 52), présenter une nouvelle version d'un ennemi bien établi (ici le chapelier fou), sans toutefois toucher au statu quo du personnage.

À condition de ne pas être rétif à ces caractéristiques, le lecteur peut se plonger dans cette histoire assez indépendante. Hurwitz écrit cette histoire comme un thriller urbain bien violent. Effectivement, Batman est violent et ne prend pas de gants, c'est un justicier qui oeuvre dans la justice expéditive, avec une forme de goût pour la violence sadique. D'un côté Hurwitz prend soin de montrer que l'ampleur des assassinats commis par Mad Hatter justifie de recourir à des méthodes expéditives (pour mettre un terme le plus vite possible à ces meurtres). À ce titre, la dernière page de l'épisode 19 montre un port dont la mer charrie une grande quantité de cadavres, établissant l'énormité de la démence de Tetch.

D'un autre côté, le lecteur peut s'agacer du fait que le héros prenne une forme de plaisir à dispenser une violence qui fait souffrir (Batman fracturant à dessein la mâchoire d'un des frères Tweedle, en sachant qu'il n'y aura pas de possibilité de la réassembler une deuxième fois).

Greg Hurwitz raconte les origines de Mad Hatter, en les insérant dans ce qui est son premier affrontement contre Batman (puisque la continuité a été effacée en 2011). À condition d'oublier ce que vous savez de la précédente incarnation de ce personnage (ce qui ne doit pas être si difficile que ça), l'histoire d'Hurwitz tient plutôt bien la route. Il associe différentes circonstances qui finissent par convaincre le lecteur que (dans une Gotham où il existe un Batman), l'existence d'un Chapelier Fou n'est pas si impossible que ça. de la même manière, le récit présente une cohérence narrative satisfaisante, les actions et les choix de Batman étant logique pour un jeune homme pressé par le temps, et malgré tout faillible.

En fonction des séquences, Hurwitz réussit son passage et le lecteur assiste aux interventions d'un Batman hyper-viril (au point d'être parfois qualifié d'über-Batman), fonçant dans le tas, ou alors il se repose trop sur un cliché mal assaisonné. Il réussit dépeindre l'évolution de Jervis Tetch en évitant les stéréotypes. Il est déjà moins à l'aise avec la mise en scène de la technologie d'anticipation utilisée par Batman et Alfred Pennyworth (trop générique et trop puissante). Il tire trop sur la ficelle quand un passant anonyme est capable d'observer Batman en train de déposer Natalya Trusevitch à la salle de concert. Hurwitz a bien du mal à sortir la relation entre elle et Bruce des clichés. Par contre, il surprend le lecteur lorsque Catwoman s'attaque aux enjoliveurs de la Batmobile, gag très réussi.

Ethan van Sciver est un dessinateur réputé pour sa minutie maniaque et son réalisme, ce qui aboutit à des dessins très descriptifs et très consistants. Il avait déjà redonné toute sa crédibilité à Hal Jordan dans Green Lantern : Renaissance, puis à Barry Allen dans Flash rebirth (en VO). Grâce à lui, tous les personnages s'incarnent et tous les lieux disposent de détails qui les font exister. La limite de cette approche graphique réside dans le fait que Batman perd un peu de son aura à être ainsi exposé sous toutes les coutures, et que la dentition abîmée de Tetch n'est pas très crédible.

À l'opposé, Szymon Kudranski (qui a relancé Spawn avec Todd McFarlane, voir Liens de sang) opte pour des images très ténébreuses, où le noir mange les visages, les décors. L'action reste lisible dans cette ambiance épurée, et Batman redevient un personnage mythique. La contrepartie est que certaines scènes se déroulent dans un environnement plus esquissé qu'établi.

Ce tome s'achève avec le numéro annuel qui constitue essentiellement un exercice de style, dans lequel Hurwitz souhaite montrer les limites de 3 criminels (dont 2 qu'il a épousseté dans la présente série). À nouveau les images de Kudranski font des merveilles pour ménager la part d'ombre nécessaire à la crédibilité de cette histoire ; mais la chute est trop grosse pour que le lecteur prenne le récit au sérieux.

Au final ce tome constitue une bonne surprise. Greg Hurwitz réussit le tour de force de rendre Jervis Tetch intéressant, et chacun des 2 dessinateurs développent une vision soignée de Batman et consort. Il subsiste quelques facilités de scénario qui gâchent 2 ou 3 séquences. Dans le tome suivant, Hurwitz réhabilite Clayface.
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